LA JUSTICE ET LE DROIT
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LA JUSTICE ET LE DROIT
"La justice est, de la part d e chaque individu, une disposition constante qui lui fait attribuer à
chacun son dû, d'après le droit positif." Spinoza, Traité theoloqico- politique, 1670.
La justice se définit d'abord par la loi.
Seule la raison reconnue par le plus grand nombre
d'hommes est un principe légitime assurant le fondement du droit.
La conception spinoziste de la
justice s'oppose à l'idée d'une justice distributive.
En effet, être juste c'est considérer chaque
individu comme égal devant la loi alors que la justice distributive se fonde sur la prise en compte
des mérites de chacun.
C'est dans La Politique d'Aristote que l'on trouve développée, l'idée selon
laquelle la justice doit reposer sur la proportionnalité et non sur l'égalité, étant entendu qu'il y a
des différences de nature entre les individus.
La justice selon Aristote.
S'il y a lieu de distinguer les vertus morales et les vertus
intellectuelles (ou dianoétiques, d e discernement), la justice
s'apparente aux premières (la vertu éthique et la justice supposent
même disposition) et aux secondes (un acte d e l'intelligence
intervient, qui évalue, rectifie, met en relation).
Elle a trait à notre
conduite envers les autres hommes.
On ne saurait être « juste » ou
« injuste » envers soi-même (Éthique à Nicomaque, V, 15, 1138 a
26).
Comme l'a vu Platon, c'est la vertu toute entière.
Mais en un
sens plus spécial, c'est elle qui préside aux partages (justice «
distributive ») ; c'est elle aussi qui redresse (justice « réparatrice »)
ce qui a été faussé lorsqu'un tort a été causé ; enfin elle intervient
pour régler les échanges et les transactions commerciales.
La justice distributive préside à la répartition des charges, des biens
et des honneurs dans la cité.
Elle ne procède pas selon l'égalité
arithmétique, car elle tient compte des inégalités effectives de
mérite.
Le juste, alors, est proportionnel aux services rendus et aux
qualités manifestées par les membres de la communauté politique,
à leur degré de participation à la réalisation du bien commun
(Éthique à Nicomaque, V, 5, 1130 b 30).
En revanche la justice réparatrice ou corrective repose sur la stricte
égalité.
On ne demandera pas si l'homme qui a subi un préjudice
est un misérable et s'il a été lésé par un homme de bien.
Ici, la
justice doit procéder au rétablissement d'une égalité que le délit
(vol, coup, meurtre) a rompue ; le jugement ne fait pas acception
des personnes.
Il ne s'agit pas de considérer la qualité des parties,
mais le délit.
Or le code ne s'applique pas tout seul ; il faut, pour
appliquer l'universalité d e l a loi à la singularité du cas, l'acte de
juger, de rectifier (selon l'image implicite du droit) en tenant compte
des circonstances, en appréciant.
Aussi, venir devant le juge, est-ce
venir devant la justice vivante.
La peine prononcée a quelque chose
d'une indemnité réparant autant que faire se peut l'échange injuste
imposé à la victime.
La justice dans les échanges économiques a quelque chose de la
justesse.
On échange des choses utiles, des services.
L'échange
peut-il tendre à la justice, quand les circonstances sont hétérogènes
? Comment rendre égaux des biens échangés qui diffèrent
qualitativement ? Le cordonnier devra-t-il fournir au maçon une
quantité de chaussures dont celui-ci n'aura pas l'usage en toute une
vie ? La monnaie est instituée ; son nom le dit bien, nomisma
signifie la « chose légale », mais aussi « ce qui assure le partage »
(de némô, partager).
Elle a pour fonction d'assurer l'échange
économique ; unité de mesure conventionnelle, elle n'est pas
arbitraire : il faut que toutes choses soient évaluées pour que
chacun, alors qu'il est encore en possession de ses produits, puisse
échanger.
La monnaie permet de passer du troc (échange d'une
marchandise contre une autre) à l'échange proprement économique.
Cette région ne constitue pas le plus haut de la vie humaine, mais
sans échanges, il n'y a pas de vie sociale (ibid., V, 8)..
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