La justice est étymologiquement la conformité au droit: mais à quel droit?
Extrait du document
«
Spontanément la justice se présente à nous dans sa forme négative, c'est-à-dire que nous sommes tous capables
de nous insurger face à des actes qui nous paraissent injustes.
L'injustice se traduit par le fait que quelqu'un n'a pas
bénéficié de ce qui lui revenait de droit.
Par conséquent la justice est ce critère grâce auquel nous jugeons ce qui
relève du droit ou pas.
Or dans une société le droit c'est-à-dire l'ensemble de règles qui ordonne les conduites
humaines, détermine ce qui est juste : étymologiquement la justice vient de justicia et le juste vient de justus, de
même que le droit était associé au jus autrement dit à ce qui est juste.
La justice est donc conforme au droit : mais
à quel droit ? Le droit en effet revêt plusieurs acceptions : le droit qui règle les conduites humaines relève du droit
positif, il est aussi désigner par droit objectif.
En revanche il existe un droit qui appartient naturellement à l'homme
en tant qu'être raisonnable c'est le droit naturel.
Par conséquent si c'est le droit qui institue le juste ou la justice,
de quel droit parle-t-on : est-ce le droit naturel ou le droit positif ? La justice diffère-t-elle si elle s'accorde avec le
droit naturelle ou avec le droit positif ?
I Le droit et la justice
A : Le droit vient de directum qui signifie directive, le droit est un ensemble de règles qui représente une norme de
conduite.
Le droit s'institue dans une société, il est un phénomène social.
Le droit dont il s'agit ici s'appelle le droit
positif et il est fixé par l'Etat qui édicte les lois.
Dans une société tout comportement qui fait une entrave à la loi est
immédiatement sanctionné : un comportement qui va à l'encontre des lois est punissable car il est injuste.
Ainsi pour
Hobbes par exemple il n'existe aucune justice ou injustice en-dehors de toute société, la justice et l'injustice sont
fixées par la loi qui émane directement du souverain.
C'est le positivisme juridique.
Le seul droit c'est celui qui est
posé par l'autorité publique : c'est l'autorité et non la vérité qui fait loi.
C'est donc pour Hobbes le droit positif qui
par l'intermédiaire des lois, détermine ce qui est juste.
Or peut-on affirmer que la loi est juste sous prétexte qu'elle
est la loi ? La justice s'identifie-t-elle avec la légalité ?
B : Il est impossible de considérer que c'est la loi qui détermine la justice.
En effet, cela reviendrait à affirmer que
les lois anti-juifs pendant le régime de Vichy étaient justes sous prétexte qu'elle étaient des lois et de plus parce
qu'elles provenaient du pouvoir.
S'il nous est possible de critiquer la légitimité des lois c'est parce que nous
possédons tous une idée de la justice qui est inscrite dans notre droite raison.
Pour Cicéron, le droit ne relève pas
d'une institution car il est déjà présent en nous dans notre nature d'être raisonnable : « il existe une loi vraie, c'est
la droite raison conforme à la nature, répandue dans tous les êtres ».
Cette loi vraie c'est celle du droit naturel.
Or
cette loi prescrit à l'homme en tant qu'être vivant de conserver sa vie mais elle lui enjoint aussi en tant qu'homme à
rechercher tout ce qui est utile à la société.
Dans cette perspective les lois seront justes à partir du moment où
elles seront en accord avec le droit naturel.
Mais peut-on connaître ce droit naturel ? La justice comme idée
transcendante n'est-elle pas illusoire ?
II La justice impossible
A : Pour Pascal la justice est irréalisable sur Terre en raison de notre nature
peccamineuse.
Pour Pascal l'homme est incapable d'accéder à la
transcendance puisque sa nature est déchue en raison du péché commis par
Adam.
Seul les lois dicte ce qui est juste parce qu'elles sont énoncées par le
pouvoir : « ne pouvant faire qu'il soit force d'obéir à la justice, on a fait qu'il
soit juste d'obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la
force.
»
La force et la justice
• La force et la justice sont les deux piliers de l'ordre politique.
La force est la
puissance physique de contrainte ; la justice est ce qui doit être fait,
conformément au bien.
La justice sans force est impuissante ; la force sans
justice est tyrannique.
Il faudrait donc faire que la justice soit forte, en
mettant la contrainte au service du bien public.
• Mais alors qu'il est facile de reconnaître ce qui est fort, on se dispute
toujours sur ce qui est juste.
Et il est plus facile de faire passer pour juste le
fort que de rendre fort le juste.
Aussi, « ne pouvant faire que ce qui est juste
fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste ».
Autrement dit : le droit du
plus fort s'est revêtu du déguisement de la justice.
• Pour assurer sa domination dans la paix, la force tient à faire croire qu'elle est juste.
Les hommes obéissent ainsi à
une force nue, tout en se figurant qu'elle n'est que l'auxiliaire de la justice.
C'est la mystification originaire de la
politique.
La force n'a plus besoin de s'appliquer constamment, elle finit par être respectée pour ce qu'elle n'est pas.
On en vient à croire que ce qui est politiquement fort est juste, puisqu'il n'y a - dit-on - de force politique qu'au
service de la justice.
La coutume et l'imagination
• C'est l'autorité, non la vérité ou la justice, qui fait la loi.
Or, c'est la tradition qui fait l'autorité.
Ce qui a autorité,.
»
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