La justice est-elle compatible avec l'efficacité ?
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VOCABULAIRE:
Justice:
a) Juste reconnaissance du mérite et des droits de chacun.
b) Caractère de ce qui est conforme au droit positif (légal) ou au droit naturel (légitime).
Chez Platon et Aristote, la justice est la vertu essentielle qui permet l'harmonie de l'homme avec lui-même et avec
ses concitoyens.
De façon plus moderne, la justice se confond tantôt avec l'idéal du droit naturel, tantôt, comme institution d'un
État, avec le droit positif.
[Introduction]
On distingue traditionnellement : la justice commutative, celle qui réclame l'égalité des termes de l'échange (dans un
contrat par exemple) ; la justice distributive, qui rétribue équitablement ; la justice répressive, qui proportionne les
sanctions à la gravité de la faute.
La notion de justice est équivoque car elle désigne à la fois une institution avec
ses règles — dont le garde des Sceaux, en France, est garant — et l'idée morale d'égalité pour tous devant la loi.
Une loi juste peut-elle aller de pair avec la notion d'efficacité ? La justice, symbolisée par la balance, peut-elle
restreindre sa définition à l'efficacité de son action ?
[I.
Justice et efficacité]
Le mot justice vient du latin jus qui veut dire le « droit », et renvoie ainsi au respect du droit : judiciairement parlant
et moralement parlant.
Pour être efficace, la justice devrait pouvoir s'accomplir sans frein, allant jusqu'à faire abstraction de ses
conséquences.
Cela suppose que la justice en soi existe, qu'on la connaît, et que la justice judiciaire corresponde à
la justice du for intérieur, de la conscience.
Sinon, cette efficacité de la justice devient inefficace et injuste !
Être efficace, c'est produire, c'est être opérationnel, c'est réussir.
L'efficacité, aujourd'hui, est souvent synonyme
d'oubli des personnes.
Au nom de l'efficacité économique, on n'hésite pas à licencier, à délocaliser, à faire travailler
— dans certains pays — les enfants.
Comment, alors, la justice et l'efficacité peuvent-elles coexister, se
coordonner ?
Le droit est ce qui est idéalement possible.
Certes, un étudiant en droit apprend le droit qui a été et celui qui est.
Il
n'apprend pas le droit du devoir-être.
Mais la vraie justice ne consiste pas à respecter aveuglément l'institution qui
peut légitimer l'inégalité et développer des injustices.
L'histoire fourmille de ces injustices légitimées par le droit
institutionnalisé.
Il est clair, aussi, que l'institution se doit d'être efficace, c'est-à-dire garantir le respect des lois,
l'obéissance, afin que la paix civile règne.
Mais qu'est-ce qui doit être prioritaire dans une société ? Le souci de justice ou l'efficacité, qu'elle soit sociale,
économique ou historique ?
Si le souci essentiel est l'efficacité, l'injustice régnera.
Les plus faibles, ceux qui réussissent moins, seront écartés.
Si le souci essentiel est la justice, la société risque d'être inefficace, non compétitive : Quelle serait cette justice
où, par exemple, tout le monde serait au chômage ?
Ne peut-on pas vivre dans une société à la fois juste et efficace ?
[II.
La justice est l'horizon de l'homme]
Si nous observons notre monde, il est clair que c'est l'efficacité qui mène le jeu.
Sans parler du mythe et du culte du
self-made-man milliardaire – Bill Gates, par exemple –, on admet que beaucoup de moyens sont bons pour arriver à
une fin, au prix d'injustices.
Mais cette position n'est pas celle de celui qui a vraiment réfléchi à la possible
compatibilité de la justice et de l'efficacité.
En effet, même si efficacité et justice ne sont pas compatibles, il ne faut pas renoncer à la justice.
L'homme doit
tendre vers cet horizon.
D'ailleurs, si seule la notion d'efficacité régnait, la vie deviendrait vite insupportable.
Seuls
les puissants survivraient, puissants n'étant pas synonymes de meilleurs.
Il n'y aurait plus aucun respect de la
personne humaine.
Et la société se disloquerait rapidement.
C'est pourquoi, même s'il faut passer par l'efficacité, il
est impossible d'en faire le but : Marx pense que la dictature du prolétariat, efficace pour abolir les classes sociales,
a pour finalité le bonheur..
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