La fin de la réflexion philosophique est-elle la recherche du bonheur ?
Extrait du document
«
Donner pour fin à la philosophie la recherche du bonheur c'est affirmer que la philosophie a pour but de nous
rendre heureux.
Or, une telle affirmation semble bien aller à l'encontre du tout premier sentiment que nous
éprouvons face à la philosophie.
Celle-ci se présente comme un parcours semé d'embûches, de difficultés,
d'efforts ; On saisit mal en quoi le philosophe serait plus heureux que les autres.
Bien au contraire, nos
représentations tendent plutôt à nous faire penser que c'est celui qui ne réfléchit pas qui est plus heureux.
Ne
parle-t-on pas ainsi de l'imbécile heureux ? Si le but de la philosophie est la lucidité comment peut-il être
également le bonheur ? Pourtant, le bonheur semble bien être le but que des philosophes comme Epicure
assigne à la philosophie.
Dès l'ouverture de la Lettre à Ménécée il définit ainsi la philosophie comme une
médecine de l'âme qui doit nous rendre heureux.
La philosophie stoïcienne nous montre également que si le but
de la philosophie est la sagesse elle est également le bonheur.
Qu'est-ce qui permet d'assigner une telle fin à la
philosophie ? Sur ces deux points nous vous conseillons une lecture attentive de nos dossiers d'introduction au
stoïcisme et à l'épicurisme indiqués plus bas.
Dans les deux cas, la philosophie est définie comme sagesse et
comme moyen d'atteindre le bonheur.
Nous allons bien alors à l'encontre de cette première idée selon laquelle
le bonheur n'est pas compatible avec la lucidité et la connaissance.
Il vous faut donc alors confronter ces deux
approches.
D'un côté une philosophie qui se présente comme la voie d'accès au bonheur et d'un autre l'idée
selon laquelle le bonheur est contraire à toute forme de lucidité.
Vous pouvez alors penser aux analyses de
kant lorsqu'il nous montre que la fin de la philosophie est de vivre selon la raison.
Dans ces conditions, il
distingue alors le bonheur de la dignité au bonheur.
[La philosophie, définie comme amour de la sagesse, se propose de nous indiquer les chemins du
bonheur.
La fin de la réflexion philosophique est la recherche du bonheur.]
La quête du plaisir est une fin en soi
« Nous disons que le plaisir est la fin de la vie, nous ne parlons pas des
plaisirs des hommes débauchés ni de ceux qui consistent dans la
jouissance, comme l'imaginent certaines gens, mais nous entendons le
plaisir comme l'absence de douleur pour le corps, l'absence de trouble
pour l'âme.
Car ce ne sont ni des beuveries et des festins à n'en plus
finir, ni la jouissance de jeunes garçons ou de femmes, ni la dégustation
de poissons et de bonne chère que comporte une table somptueuse,
qui engendrent la vie heureuse, mais c'est un entendement sobre et
sage, qui sache rechercher les causes de tout choix et de toute
aversion et chasser les opinions fausses, d'où provient pour la plus
grande part le trouble qui saisit les âmes.
Or le principe de tout cela, et
par conséquent le plus grand bien, c'est la prudence.
Et voilà pourquoi
la prudence est une chose plus précieuse que la philosophie elle-même
; car c'est elle qui donne naissance à toutes les autres vertus, en nous
enseignant qu'il est impossible de vivre heureusement sans vivre avec
prudence, honnêteté et justice, comme il est impossible de vivre avec
prudence, honnêteté et justice sans vivre par là même heureusement.
» Épicure.
Remarques préliminaires.
Comme il est d'usage en son temps, la doctrine d'Épicure concerne tous les aspects du savoir : à la fois, une
théorie de la connaissance (atomisme et sensualisme), une physique (mécaniste) et une morale (hédoniste).
C'est cette dernière qui est encore évoquée aujourd'hui sous le nom d'épicurisme, mais avec un contresens
habituel, puisque la notion d'épicurisme, malgré la vulgarisation qui en est faite par Lucrèce, est généralement
associée à l'idée d'une recherche effrénée des plaisirs.
Le texte présenté est extrait de la « Lettre à Ménécée ».
L'expression « vie heureuse » apparaît trois fois dans ce texte.
L'objectif d'Épicure est donc de définir les
conditions d'une vie heureuse.
Le lecteur remarquera aussi que le plaisir est ici défini de manière négative
comme absence (« absence de trouble pour l'âme », « absence de douleur pour le corps »).
C'est à
l'entendement de discerner les vaines opinions (les désirs vains) des vrais.
La vertu la plus haute est donc lz
prudence permettant l'usage correct de l'entendement.
Modèle.
1) La thèse soutenue par Epicure est que « le plaisir est la fin [au sens de finalité] de la vie.
».
»
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