La faiblesse de l'homme est-elle la cause ou la conséquence de l'organisation sociale ?
Extrait du document
«
La société est un groupe d'individu entre lesquels il existe des rapports organisés et des services réciproques,
consolidés en institutions et le plus souvent garantis par l'existence de règles, de lois et de sanctions.
La société
crée alors des comportements individuels et collectifs et des manières de vivre différentes.
Nous vivons en société,
mais pour nous, la société est présente comme un état de fait : elle est là à notre naissance, avec ses règles et
ses lois.
La société semble naturelle.
Pour arriver à réfléchir sur les apports ou désavantages de la société, il faut
parler d'un état de nature de l'homme.
Pour Rousseau, cet état est théorique.
Il ne sert qu'à réfléchir.
Or, il semble
que dans l'état de nature, l'homme est un être défavorisé.
L'homme ne s'est-il pas regroupé en société pour se
défendre et survivre ? Pourtant, l'organisation sociale n'induit-elle pas en retour d'autres faiblesses chez l'homme ?
L'homme se regroupe pour survivre
- L'homme est l'être le plus démuni de la nature.
Dans le Protagoras de Platon, l'homme est qualifié de "nu, sans
chaussures, ni couvertures, ni armes".
Il n'a en effet ni les instincts animaux, ni les griffes pour se protéger.
La
nature ne peut satisfaire tous ses besoins.
- Pour Aristote, l'homme est un "animal social", c'est-à-dire qu'il est poussé
naturellement et de manière innée à être sociable.
Mais la thèse du
philosophe antique est d'abord économique.
Le lien social entre les hommes
est d'abord celui que tissent les besoins.
La première des sociétés est bien
sûr la famille et elle répond à une nécessité d'ordre vital : se reproduire et
subsister( « la communauté constituée par la nature pour la satisfaction des
besoins de chaque jour »).
Le village vient ensuite pour satisfaire les besoins
que chacun ne peut satisfaire seul.
« Ce n'est que par la société que l'homme
est capable de suppléer à ses déficiences.
»( Hume)
- beaucoup de philosophes reconnaissent que les hommes vivent ensemble
pour leur sécurité et leur survie.
C'est ce que Kant appelle l'insociable
sociabilité de l'homme.
Les hommes ne veulent pas vivre ensemble mais se
rassemblent parce qu'ils savent que cela est nécessaire pour leur survie.
Il
est plus sécurisant de vivre à plusieurs, la réciprocité des services permet à
chacun de vivre mieux et de ne pas être à la merci des conditions et des
phénomènes naturels.
La réunion des hommes permet à chacun de se
compléter et de se perfectionner.
Je peux vendre mes compétences en
échange j'obtiens le produit des compétences de quelqu'un d'autre.
- Pour Hobbes, les hommes se sont formés en société parce que l'état de
nature, où chacun faisait ce qu'il veut, était un état de guerre perpétuel, une
inquiétude permanente pour sa propre sécurité.
En rentrant en société, ils
lèguent ainsi à l'état leur liberté pour que celui-ci les protège.
Pour Alain, d'ailleurs l'origine de l'organisation n'est
pas la faim mais bien la faiblesse de l'homme pendant son sommeil et c'est pour pouvoir dormir en sécurité que les
hommes sont entrés en société.
La société désapprend à l'homme certains comportements et le modèle pour être productif
- Pourtant la société si elle remédie au dénuement naturel de l'homme induit des comportements nouveaux chez
l'homme.
- D'une part, la complexification des besoins rend la division des tâches nécessaires.
Or, comme l'indique Foucault
ou Marx, cela entraîne des automatismes et réduit la possibilité de l'homme à s'humaniser, s'épanouir.
Comme
l'affirme Foucault, le corps même est investi de forces et le corps perd peu à peu sa gestuelle naturelle pour en
acquérir une autre, qui est dictée par la discipline industrielle.
Il perd alors sa plasticité naturelle pour ne devenir que
gestes automatiques destinés à être productif.
Marx affirme que "plus l'ouvrier se dépense dans son travail, plus le monde [...] qu'il crée en face de lui devient
puissant, et plus il s'appauvrit en lui-même, plus son monde intérieur devient pauvre." (Manuscrit de 1844)
Quand son travail, en effet, ne développe qu'une dextérité de détail, quand son rôle se réduit à remplir le rôle de
bouche-trou des automatismes, alors il devient un "infirme" au lieu de s'affirmer comme un homme et de développer
toutes les facultés qui sont en lui.
- D'autre part, comme l'indique Tocqueville, l'un des travers de la démocratie et de l'état est que les individus
laissent tous leurs pouvoirs entre les mains des dirigeants et ne se soucient plus de la politique.
L'organisation
sociale incite les individus à ne plus seulement se soucier que de leurs intérêts.
Adam Smith affirme que
l'organisation sociale ne crée pas une solidarité mais plutôt un individualisme.
De même, l'expérience de Milgram a démontré que l'organisation sociale avait pour conséquence l'obéissance aveugle
des citoyens envers les personnes représentantes de l'autorité.
La structure même de l'organisation sociale rendrait
les citoyens incapables de rébellion et de réflexion morale.
Une soumission aveugle peut conduire au crime
Le psychologue Stanley Milgram, au cours d'expériences en laboratoire effectuées entre 1950 et 1963, a montré
que ce qui s'est passé dans les camps de concentration nazis pouvait à tout moment se reproduire.
Son livre,
Soumission à l'autorité, prouve que l'on peut aisément, sous couvert d'autorité, pousser un être à torturer une
victime innocente et sans défense.
LA SOUMISSION LIBREMENT CONSENTIE.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « Ces formidables bastions que l'organisation sociale a élevés pour se protéger contre les vieux instincts de liberté [...] ont réussi à faire se retourner tous les instincts de l'homme sauvage, libre et vagabond - contre l'homme lui-même. » Nietzsche, L
- en quoi la question de l'anarchie comme organisation sociale est elle encore actuelle ?
- Le désir est-il l'expression de la faiblesse de l'homme ou de sa puissance ?
- A l'aide d'exemples tirés de votre expérience de lecteur, de spectateur, d'auditeur, commentez cette opinion d'Alexandre Soljenitsyne : « Les artistes peuvent surmonter la faiblesse caractéristique de l'homme qui n'apprend que de sa propre expérience tan
- Les philosophes classiques pensaient que la connaissance de soi-même conduirait à la libération de la personne ; or, les progrès de la psychologie ont souvent pour conséquence pratique le conditionnement de l'homme par l'homme. Une telle évolution est-el