La duplicité de la conscience rend-elle inutile l'hypothèse de l' inconscient ?
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«
La duplicité de la conscience rend-elle inutile l'hypothèse de l'inconscient ?
La remise en question de l'existence de l'inconscient remonte quasiment à l'invention de ce concept.
En effet, Le
substantif "conscience" vient du latin "conscientia", de "scire" : savoir.
Le problème qu'on appelle "le problème de
l'inconscient" est devenu un problème classique.
Cette complication théorique naît lors du passage de l'adjectif au
substantif.
Le substantif postule, justement, l'existence d'une substance nommée "inconscient", c'est-à-dire l'existence
d'une zone psychique spécifique.
Celle-ci a été admise comme réellement existante par une majorité de philosophes.
Le
problème se pose en ces termes : si le psychisme a pour critère la conscience, alors la notion d'une "conscience
inconsciente" semble paradoxale, voire même absurde.
Sigmund Freud n'ignorait pas cette difficulté théorique, mais il
renouvèle entièrement la notion d'inconscient à la reliant à celle de conflit psychique et de refoulement.
De plus, la théorie
de l'inconscient pose problème philosophiquement, surtout aux existentialistes -comme Jean Paul Sartre- qui la rejettent,
puisqu'il remet en question l'existence de la liberté et de la responsabilité humaine.
Alain, par exemple, reproche la
conception de l'inconscient comme un second moi, car cela déchargerait le moi de ses responsabilités morales (Eléments de
philosophie, Livre Il, ch.
XVI) : « Le freudisme, si fameux, est un art d'inventer en chaque homme un animal redoutable, d'après
des signes tout à fait ordinaires; les rêves sont de tels signes; les hommes ont toujours interprété leurs rêves, d'où un
symbolisme facile.
Freud se plaisait à montrer que ce symbolisme facile nous trompe et que nos symboles sont tout ce qu'il y a
d'indirect.
Les choses du sexe échappent évidemment à la volonté et à la prévision; ce sont des crimes de soi, auxquels on
assiste.
On devine par là que ce genre d'instinct offrait une riche interprétation.
L'homme est obscur à lui-même ; cela est à
savoir.
Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient.
La plus grave de ces erreurs est de croire
que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique
conseiller.
Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je ; cette remarque est
d'ordre moral.
[...]
L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps.
On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute
capitale.
Un autre Moi me conduit qui me connaît et que je connais mal.
L'hérédité est un fantôme du même genre.
« Voilà mon
père qui se réveille; voilà celui qui me conduit.
Je suis par lui possédé.
» [...]
« Rien ne m'engage.
» « Rien ne me force.
» « Je pense donc je suis.
» Cette démarche est un recommencement.
Je veux ce
que je pense, et rien de plus.
La plus ancienne forme d'idolâtrie, nous la tenons ici; c'est le culte de l'ancêtre, mais non purifié
par l'amour.
« Ce qu'il méritait d'être, moi je le serai.» Telle est la piété filiale.
En somme, il n'y a pas d'inconvénient à employer couramment le terme d'inconscient; c'est un abrégé du mécanisme.
Mais, si
on le grossit, alors commence l'erreur; et, bien pis, c'est une faute.
» Qu'est-ce que l'inconscient ? Le terme "inconscient",
en tant que substantif, est un néologisme datant du milieu du XIXe siècle fait par le fondateur de la psychanalyse :
Sigmund Freud.
"Inconscient" est à la fois adjectif et substantif.
Le fondement de
l'hypothèse de l'inconscient est qu'il existe des actes manqués indépendants de la
volonté et de la conscience du sujet.
Ils ne sont donc pas explicables à partir de
l'étude de la conscience.
Cette théorie remet en cause le conception d'un psychisme
humain identique à la conscience, le psychisme humain n'est plus réductible à la
conscience, puisqu'il contient un inconscient.
Alors on peut dire que ce qui rend
possible l'hypothèse de l'inconscient c'est l'expérience d'actes incompréhensibles par
le sujet lui même qui les pose.
Qu'est-ce que la conscience ? La conscience
psychologique, "bewusstein" en allemand, qualifie la totalité, dans leurs multiples
manifestations, de toute "expérience interne".
C'est en ce sens qu'Henri Ey (La
conscience) écrit qu'"Être conscient c'est disposer d'un modèle personnel de son
monde" Le foyer de la conscience est le lieu psychique de l'attention spontanée,
immédiatement ou bien de l'attention volontaire.
On distingue conscience réflexive
et conscience spontanée, la conscience réflexive qualifiant la conscience qui se
connaît par retour sur elle-même.
Pourquoi la double nature de la conscience faitelle problème lorsqu'on essaie de penser l'inconscient ?
I.
Le vécu individuel n'existe que dans la présence consciente et surtout, la
conscience réflexive seule, dans son aspect volontaire, nous permet d'agir sur notre
vie en tant que nous la vivons, par conséquent, il n'est d'aucune utilité, et il n'est pas
désirable de se concentrer sur un inconscient.
Freud évoque en ces termes de la "conscience volontaire" : "La fonction de
la conscience apparaît comme l'organe même de la subordination du principe de plaisir au principe de réalité, c'est à dire
de la seule voie possible du progrès et de la construction"
II.
Ce qui est qualifié d'"inconscient" est en fait une zone de la conscience à laquelle on peut accéder grâce à un effort
de la conscience réflexive.
Il n'existe donc pas à proprement parler de zone psychique inconsciente à part entière.
Il n'y a
pas de "substantif" inconscient.
III.
Il n'existe que des tendances inconscientes, seul l'adjectif "inconscient" est susceptible d'exister, si l'on prend en
compte l'existence d'une conscience réflexive..
»
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