La diversité des opinions nous empêche-t-elle d'atteindre la vérité ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet : La vérité est ce qui se présente d'emblée comme universelle ; elle est donc unique, identique
en tout temps et en tout lieu.
La vérité est valable pour tous et échappe donc au relativisme.
Or, le relativisme
caractérise les jugements personnels et individuels que sont les opinions.
Ainsi, l'opinion apparaît comme
contradictoire avec l'idée de vérité et la remet même en question : s'il y a autant d'opinions qui se valent que
d'individus, c'est tout critère du vrai qui s'évanouit.
Et c'est même tout jugement moral qui est interdit si les
opinions sont équivalentes.
Mais le problème est de savoir comment atteindre la vérité.
Le débat d'opinions n'est-il finalement pas une démarche
afin de découvrir le vrai ? Refuser l'opinion des autres revient à supposer que l'on dispose soi-même de l'unique
vérité : est-ce réellement toujours le cas ? De plus, peut-on faire taire les voix divergentes au nom de la Vérité ? Le
problème moral et politique est sous-jacent.
Proposition de plan :
1) Partons de cette tradition philosophique qui fait que la vérité est une et donc universelle.
Aristote relevait déjà le
principe de non-contradiction ; alors la diversité d'opinions ne peut être que le signe d'une errance ou tout du moins
cela implique qu'une seule idée est dans le vrai et le reste se trompe.
En creusant l'idée, on peut aboutir à la thèse
extrême, celle d'un Protagoras qui prône un relativisme absolu.
En effet, la vérité universelle n'existe pas et
« l'homme est la mesure de toute chose », telle qu'elle lui apparaît à ses sens.
L'être, la vérité est multiple et
est ce qui se donne aux sens selon les individus et les circonstances.
Aussi ne peut-on pas parler de LA vérité mais
de vérités subjectives.
Chacun établit sa norme.
Ce qui montre, par la négative, que la diversité des opinions tourne
le dos à la vérité.
Seulement, s'il existe autant de vérités que d'avis, alors le dialogue n'est plus possible et tout est
permis au nom de sa vérité ; ceci est vrai ou légitime parce que je le pense.
C'est une thèse assez dangereuse qui
autoriserait n'importe quel acte aussi intolérable soit-il.
Ainsi, il s'agit de combattre cette diversité des opinions.
Car après tout, comme le souligne Platon en réponse à
Protagoras, s'il y a bien du relativisme (ce plat peut me paraître, à moi, tout juste salé alors qu'il l'est énormément
pour un autre), la vérité universelle doit exister car 4 et 3 feront toujours 7 ; cela échappe au relativisme des
phénomènes.
Il s'agit donc de trouver des critères de vérité, une méthode pour parvenir au vrai.
La philosophie
classique est riche de références et on peut citer en autres Descartes avec ses fameuses règles dans Le discours
de la méthode.
La vérité est une notion si claire et si évidente qu'il est impossible de
l'ignorer.
Elle est même une idée innée, car il est impossible d'apprendre ce
qu'elle est.
On ne peut en effet être en accord ou en désaccord avec celui
qui nous en propose une définition, si au préalable on ne sait s'il dit vrai ou
faux.
Il faut donc savoir, antérieurement à toute définition, ce qu'est la vérité
pour acquiescer ou non à la définition qu'on lui suppose.
Traditionnellement,
on peut donc admettre la définition scolastique de la vérité comme
adéquation de l'esprit et de la chose (adaequatio rei et intellectus), mais il
est impossible de fournir des règles logiques qui nous en montrent la nature
propre.
La vérité est par conséquent un accord, une correspondance, un
juste rapport, une adéquation, qui se donnent dans l'évidence, la clarté, et la
simplicité.
La seule règle de nos vérités est la "lumière naturelle" que nous
avons tous en partage : "Le bon sens est la chose du monde la mieux
partagée [...] la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux,
qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens, ou la raison est
naturellement égale en tous les hommes." Mais si nul ne se plaint de son
jugement, rares sont ceux qui se servent correctement de cette lumière
naturelle.
Ceci explique que beaucoup s'enferrent dans les mêmes erreurs, et
souvent pour les mêmes raisons : la première règle de la méthode nous
rappelle qu'il ne faut s'en tenir qu'à la seule et simple évidence, et qu'il faut
éviter avec soin la prévention et la précipitation.
Nombreux sont ceux qui
préjugent, par impatience ou légèreté d'esprit, au lieu de prendre le temps de considérer avec clarté, distinction et
évidence, les données du problème qu'il faut juger.
La découverte de la vérité est
à la portée de tous, puisque nous disposons tous du même instrument universel qu'est la raison, mais il convient de
s'y employer avec patience et persévérance.
Nous devrions nous fier à la seule lumière naturelle ou intuitus mentis,
et nous méfier plus souvent de nos instincts ou impulsions naturelles qui, si elles visent naturellement notre propre
conservation, nous mènent souvent bien loin du droit chemin.
Les règles de la méthode
Le problème de la vérité semble donc se réduire à une question de méthode.
Si la faculté ne fait défaut chez
personne, la lumière naturelle ou la raison étant identique en chacun, son application doit être réglée.
La logique, la
géométrie et l'algèbre, trois sciences vraies, peuvent servir de modèle pour établir une méthode universelle
permettant de s'acheminer sans peine sur la voie de la vérité, à la condition de les débarrasser de leur superflu et.
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