La diffusion croissante des resultats scientifiques et techniques rend-elle l'homme plus rationnel ? (ou Les progrès de la technique sont-ils nécessairement des progrès de la raison ?)
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet renvoie implicitement à l'idée de progrès.
La question pose sur la réalité du progrès : le fait qu'il y ait un progrès scientifique et technique
implique-t-il qu'il y ait un progrès humain ?
La réponse à cette question n'est pas évidente, car, faute d'instruments de mesure, il est impossible de
savoir si nous sommes plus heureux aujourd'hui que nos ancêtres l'étaient.
Cette diffusion des résultats scientifiques et techniques implique par exemple le changement de l'ordre
des choses.
En ce sens, elle est un effet de la culture et elle s'oppose donc à la nature, pour peu que l'on
considère la nature comme ce qui est donné une fois pour toute.
Nous avons coutume de penser que rompre l'ordre des choses est un mal, alors que s'y insérer est un
bien.
Mais peut-être n'y a-t-il pas un ordre fixe et prédéfini de la nature et que celle-ci contient en elle l'idée
du changement.
Si, d'ailleurs, la nature était fixe, comment pourrions-nous expliquer que l'on sorte de l'ordre de la
nature ?
Problématisation :
La question ne pourra jamais connaître de réponse exacte, car il n'est pas possible de mesurer le « mieux vivre » et,
a fortiori, il est encore plus difficile de le mesurer chez nos ancêtres disparus.
Il nous reste donc à nous interroger
sur l'idée que l'on se fait d'une vie bonne, et se demander si cette diffusion des sciences et techniques y concoure.
Tout progrès n'implique pas en effet le progrès du « mieux vivre » : on parle du progrès d'une maladie qui, en
progressant, détruit la vie.
La question pourrait donc se formuler en ces termes : la diffusion croissante des
résultats scientifiques et techniques est-elle un bien ou un mal ?
Proposition de plan :
1.
Le progrès permet de ne plus être esclave de la nature.
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Que cette diffusion des sciences et des techniques permette de mieux vivre, c'est bien ce
qu'espérait Descartes qui écrivait que la connaissance devait être subordonnée à « tout ce qui est
utile à la vie » (Discours de la méthode, première partie) et devait permettre de « voir clair en ses
actions, et marcher avec assurance en cette vie.
» (Discours de la méthode, première partie)
D'après ce philosophe, « connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des
astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, nous les pourrions employer à
tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la
nature.
» (Discours de la méthode, sixième partie)
Ainsi l'être humain ne serait plus esclave d'un monde qui le broierait, mais il deviendrait
capable de se libérer des fatalités que lui impose la nature.
Les sciences engendreraient de
nouvelles techniques qui permettraient aux hommes de mieux vivre : elles conduiraient à
l'adoucissement du travail, accroîtraient les richesses, rendraient les échanges plus rapides et plus
sûrs...
Plus que le reste, les sciences et les techniques viseraient la « conservation et la santé »,
objectif qui a été pour Descartes « de tout temps le principal but de mes études » (Lettre au
marquis de Newcastle) ainsi qu'il l'a écrit.
C'est donc la médecine qui viendrait couronner cette
diffusion des sciences et des techniques.
D'ailleurs, qui pourrait nier sans honte que nous devons
beaucoup à la médecine, elle grâce à qui nous sommes dispensés de mourir dans d'atroces
souffrances d'une crise d'appendicite ?
Au regard des aspirations formulées par Descartes, nous pourrions considérer que la diffusion
des sciences et des techniques permet aux êtres humains de mieux vivre.
En effet, l'espérance de
vie augmente et le confort de cette vie également.
2.
La rupture avec l'état de nature compromet l'harmonie de l'homme et de la nature.
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En souhaitant rendre les hommes « comme maîtres et possesseurs de la nature », Descartes
rompt avec une longue tradition philosophique, notamment la philosophie stoïcienne, selon laquelle
l'être humain ne doit pas espérer changer le monde, mais doit apprendre à vivre en harmonie avec
la nature.
Rousseau, dans cette perspective, se fera l'un des principaux adversaires du mythe du
progrès.
Selon lui, en développant les sciences et les techniques, l'être humain est sorti de la
place que la nature lui avait attribuée et il a rompu l'ordre naturel.
Plutôt que de progrès, il
faudrait alors parler d'après lui de décadence..
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