La démocratie est-elle une utopie ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
UTOPIE (n.
f., étym.
: néologisme formé par Th.
MORE à l'aide du grec ou [non] et topos [lieu] pour désigner la
cité imaginaire qu'il décrit ; d'où, par ext.) Description d'une société ou d'un avenir meilleur considéré comme
irréalisable, chimérique ; par ext., l'adj.
utopique a souvent le sens d'irréalisable.
DÉMOCRATIE: Régime politique dans lequel la souveraineté est exercée par le peuple.
A cette question on ne peut répondre affirmativement que si l'on confond utopie et idéal.
C'est un contresens, car,
dans son sens propre, utopie signifie ce qui est irréalisable, ainsi le mouvement perpétuel.
A ce compte, il faudrait
dire que la vérité scientifique est une utopie, puisqu'elle n'atteint pas et n'atteindra jamais l'absolu.
De même, il n'y
aura jamais sur le plan politique et moral de démocratie parfaite.
D'abord, parce qu'il faudrait que tous les hommes,
gouvernements et gouvernés, fussent parfaits, et ceux que nous considérons comme les plus grands saints ou les
plus grands sages n'ont jamais prétendu l'être.
Mais l'essentiel en cette question est d'abord de savoir sur quels
principes doit être fondé un régime politique dans lequel les exigences de liberté, d'égalité et de justice seraient les
mieux satisfaites.
Il semble que, pour l'essentiel, ces principes soient établis et c'est ce qu'a essayé de montrer
l'étude précédente.
Il est de fait que les régimes politiques qui en sont aujourd'hui les plus éloignés rendent
hommage à ce qu'il est convenu d'appeler démocratie et s'en réclament.
Mais cet accord, dans les déclarations
solennelles, ne masque évidemment pas les difficultés extrêmes, qui sont à surmonter et les tâches immenses qui
incombent aux États comme aux individus pour que les sociétés humaines méritent un jour ce beau nom.
a démocratie apparaît comme une garantie de liberté et de stabilité, car elle fait des gouvernés également les
acteurs du processus politique.
Il semble logique qu'elle suscite l'approbation.
Ne représente-t-elle pas la fin - la
finalité - de la politique, le but de toute organisation collective? Mais la démocratie voit aussi les gouvernés devenir
indifférents à la politique, comme si la démocratie signifiait aussi la fin, la disparition de l'esprit public.
1.
Les experts contre la démocratie
• La démocratie, ou gouvernement du peuple, figure dans la typologie classique des régimes politiques, qui distingue
différentes formes selon le nombre de ceux qui gouvernent (monarchie : un seul; oligarchie : plusieurs; démocratie :
le plus grand nombre).
Si le domaine politique est la prise en compte des affaires communes, la démocratie, où le
plus grand nombre participe aux décisions pour résoudre les problèmes de la collectivité, apparaît comme la forme
politique par excellence.
• Mais le plus grand nombre ne sait pas toujours ce qu'il veut ni où est le bien et, le sachant, ne sait pas comment
l'atteindre.
Max Weber pense qu'une notion comme celle de volonté du peuple est une fiction: «C'est comme si l'on
voulait parler d'une volonté des consommateurs de chaussures qui serait compétente pour la manière dont le
cordonnier doit déterminer sa technique.
Les consommateurs de chaussures savent bien où le soulier leur fait mal,
mais jamais comment on pourrait le faire mieux » (4 août 1908).
Ceux qui gouvernent doivent posséder le savoir
pour éclairer le peuple.
Le nombre par lui seul n'indiquerait rien quant à la valeur de la décision prise.
La démocratie
prend cependant le risque de ne pas tirer sa légitimité d'une compétence particulière, mais d'un principe égalitaire :
un homme, une voix.
11.
Un mode d'existence problématique
• Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique (1835), voit la démocratie comme le développement d'un
processus social, la passion de l'égalité.
Toute forme d'inégalité naturelle, de hiérarchie, d'autorité d'un homme sur
un autre qui ne ferait pas l'objet d'une négociation (celle d'un maître sur ses élèves, par exemple) est rejetée.
Plutôt
que d'y voir une valeur, il faudrait y voir un fait - aussi inéluctable qu'un processus naturel.
• La passion de l'égalité comme différence universelle (tout le monde est différent de tout le monde!) devient
indifférence à la vie collective.
La démocratie comme égalitarisme devient un problème à résoudre : chacun prenant
conscience qu'il n'y a aucune raison pour qu'il soit privé de quoi que ce soit par rapport aux autres, cela risque de
déboucher sur une envie permanente, un processus de revendication sans fin.
La démocratie est alors la «fin » (au
sens de disparition) du politique, car elle valorise l'indépendance des individus : « Chaque homme étant présumé
avoir reçu de la nature les lumières nécessaires pour se conduire, apporte en naissant un droit égal et
imprescriptible à vivre indépendant de ses semblables en tout ce qui n'a rapport qu'à lui-même, et à régler comme il
l'entend sa propre destinée » (Tocqueville : L'État social et politique de la France).
Comment construire sur ces
bases une destinée commune?
111.
L'acceptation de l'indétermination
• Claude Lefort repense la démocratie comme indétermination : il faut apprendre à vivre ensemble quand nous ne
disposons plus d'une seule conception du bien commun, quand la collectivité ne constitue plus un corps unifié (elle
n'est plus pensée à l'image d'un organisme où les éléments sont au service de l'ensemble) et quand le pouvoir
n'appartient à personne a priori, pas même aux experts.
Tout peut être soumis à la discussion sauf le principe de la.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Pour qu’elle raison la démocratie birmane n’est-elle qu’une utopie de nos jours ?
- Une véritable démocratie est-elle nécessairement une utopie?
- La contestation populaire est-elle une menace pour notre démocratie ?
- Le Portugal De la dictature à la démocratie
- Démocratie et violence en côte d'ivoire: contribution à l'émergence d'une société nouvelle