La démocratie est-elle le meilleur des régimes ?
Extrait du document
«
Il s'agit ici d'un sujet de philosophie politique portant sur le thème de la démocratie.
On vous demande
d'évaluer la démocratie de façon à mettre en évidence son intérêt, sa finalité et ses défauts.
En politique
(essentiellement depuis la révolution française), la démocratie apparaît généralement comme le système le plus
juste, le plus égalitaire.
C'est le régime qui donne le pouvoir au peuple souverain.
A l'inverse, les autres
systèmes apparaissent comme partiaux ou illégitimes (tyrannie, monarchie, aristocratie, oligarchie...).
Mais les
choses ne sont pas si simples.
En effet, la démocratie ne peut-elle pas parfois se pervertir dans la démagogie ?
Est-ce que " le plus grand nombre " forme vraiment un critère permettant de fonder le meilleur système ? Au
fond, la démocratie est peut-être plutôt " le moins mauvais " des systèmes...
En tout cas, vous devez
déterminer les conditions à travers lesquelles la démocratie atteint ses objectifs.
Demandez-vous comment on
peut protéger la démocratie de certaines errances dramatiques ?
[La souveraineté du peuple légitime la démocratie comme le meilleur régime politique possible.
Démocratie entendue étymologiquement comme le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.]
L'État, dans son essence, est l'expression d'une volonté collective
Si l'homme est un animal politique comme le dit Aristote, il ne peut réaliser sa nature qu'en s'intégrant à une
collectivité (le peuple).
La constitution d'un État découle de cette impératif.
L'État résulte donc toujours de la
volonté des individus de se fixer des lois régissant leur cohabitation, et ce, en vue de la vie bonne.
Démocratie et souveraineté du peuple
Le rôle de l'État est de régir une société pour assurer le bien commun.
Rousseau montre que pour y parvenir, il
faut résoudre les conflits qui existent naturellement entre les individus; ces derniers passent alors un contrat
social par lequel ils se définissent comme corps politique constitué, unique, souverain et exprimant les
aspirations de tous, à travers la "volonté générale".
On trouve cette formule énigmatique ( On le forcera d'être libre )
au septième chapitre du premier livre du « Contrat social ».
Rousseau
affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le
corps social, mais il ajoute que cette contrainte sert en fait la liberté
de celui qui y est soumis.
Ce paradoxe met en évidence la tension qui
existe entre notre existence d'individu et notre existence de citoyen, et
interroge sur la conciliation de l'obéissance civique avec la liberté.
Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est
naturellement libre et autonome, chacun d'entre nous a naturellement le droit de décider de
ses propres actions, dans son propre intérêt.
Or, l'intégration à un Etat nécessite une
organisation sociale, des lois, un pouvoir commun.
Le problème central qu'examine le
« Contrat social » est de savoir ce qu'est une loi légitime, ou encore de déterminer à quoi
chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoir commun.
Qu'est-ce que je donne de
mon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? en l'échange de quoi ? Ou encore, dans quel
but véritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner des lois communes ?
Alors que Hobbes pense que le souci d'être en sécurité est le principal
moteur de la vie sociale, Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté,
c'est renoncer à sa qualité d'homme ».
Non seulement la liberté est
inaliénable, et nul ne peut vouloir être soumis à un autre, mais surtout
les hommes s'associent pour conserver leur liberté et se préserver des
rapports de dépendance personnelle.
Le problème de la création de l'État légitime peut donc s'énoncer ainsi : « Trouver une forme d'association qui
défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle
chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant.
»
Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse de Rousseau est apparemment simple : « Le
peuple soumis aux lois doit en être l'auteur.
»
Chaque individu promet d'obéir à la « volonté générale ».
La « volonté générale » est ce qu'il y a de commun
dans toutes les volontés.
Par exemple, au moment où un groupe d'individus veut s'associer, il existe en
chacun de ses futurs membres une volonté commune : créer cette association, quelles que soient par ailleurs
leurs volontés particulières et différentes, singulières.
En promettant d'obéir à la « volonté générale », je ne
promets en fait que d'obéir à moi-même, qu'à une partie de ma volonté, qui se trouve coïncider avec celle des
autres.
Sans doute, en obéissant à la « volonté générale », ne réaliserai-je pas toutes mes volontés, je ne.
»
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