La culture musicale, première étape vers le beau et le bien - PLATON.
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La culture musicale, première étape vers le beau et le bien - PLATON.
N'est-ce pas ce qui fait la souveraineté de la culture musicale : rien ne pénètre davantage
au fond de l'âme que le rythme et l'harmonie, rien ne s'attache plus fortement à elle en
apportant la beauté ? Elle la rend belle, si du moins elle a été correctement pratiquée ;
car, dans le cas contraire, c'est l'inverse.
D'un autre côté, celui qui l'a pratiquée comme il
faut est tout particulièrement sensible à l'imperfection des oeuvres mal travaillées ou mal
venues ; c'est à bon droit qu'il s'en détourne avec irritation pour accorder son approbation
à celles qui sont belles ; y prenant plaisir et les accueillant en son âme, il s'en nourrit et
devient un homme accompli ; c'est à bon droit qu'il dénonce la laideur et la prend en haine,
tout jeune encore et avant même d'être capable de raisonner ; et lorsque la raison lui
vient, celui qui a reçu une telle culture est tout disposé à lui accorder l'accueil empressé
qu'on réserve à un parent proche.
PLATON
QUESTIONS
1.
Dégagez l'idée directrice et les étapes de l'argumentation de ce texte.
2.
Expliquez :
a.
« Rien ne pénètre davantage au fond de l'âme que le rythme et l'harmonie ».
b.
« celui qui l'a pratiquée comme il faut est tout particulièrement sensible à l'imperfection des oeuvres mal travaillées
».
3.
L'art rend-il l'homme meilleur ?
QUESTION 1
Platon a voué sa vie à éduquer les hommes.
Dans ce court extrait, il montre comment, à partir de l'art musical, l'enfant
s'initie à la beauté pour ensuite savoir raisonner avec mesure et harmonie, dans la justesse de la pensée.
Les étapes de l'argumentation (voir ci-dessus « Structure du texte ») sont les suivantes :
– Platon part de l'apprentissage de la musique, qu'il conseille de commencer dès le plus jeune âge — en tout cas avant
sept ans, l'âge de raison —, pour démontrer le rôle formateur de cet art.
– Cet art est formateur car il enseigne le rythme et l'harmonie, c'est-à-dire la mesure et l'ordre, et permet à l'enfant de
grandir en développant ces deux vertus, qualités qui font la valeur de l'homme moral et physique.
– Ainsi, arrivé à l'âge de raison, le jeune homme reconnaît un lien de parenté entre musique et raison : il développera
sa raison comme il a appris l'art musical, avec mesure et ordre.
Il rejettera la démesure et le désordre, comme il a
appris à s'éloigner de la dysharmonie musicale et de la mollesse.
QUESTION 2
a.
Le rythme représente la cadence, la mesure.
Une musique rythmée, qui donne la cadence, éveille le goût
esthétique, d'autant plus que l'harmonie ordonne le tout.
C'est une façon d'appréhender la beauté, de s'en imprégner
pour se détourner de l'imperfection, de la laideur.
C'est en quelque sorte à partir de cette expérience sensible bien
pratiquée que l'on peut atteindre une beauté supérieure, celle du monde intelligible.
Ayant appris à distinguer le beau du laid, on comprend alors qu'il existe des beautés théoriques, de l'ordre de la
contemplation intellectuelle (theôria en grec signifie « contemplation », « connaissance désintéressée »).
Mais
attention : si l'on apprend mal la musique, elle pénètrera aussi dans l'âme et la rendra laide.
Platon dénonce ainsi les dangers d'une éducation qui ne viserait pas la connaissance théorique.
N'oublions pas le rôle
fondamental des mathématiques dans la philosophie platonicienne.
« Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre », pouvaiton lire au fronton de l'Académie.
Toutes les sciences qui se rapportent à l'ordre et à la mesure y sont enseignées et
cultivées comme méthode d'éducation des esprits : musique, gymnastique, géométrie, arithmétique et astronomie,
médecine, rhétorique et dialectique.
Au linteau de la porte d'entrée de l'Académie était cet avertissement : «Nul n'entre ici s'il n'est géomètre».
C'est
dire l'importance qu'attachait Platon aux mathématiques en tant que discipline préparatoire (propédeutique), nous
apprenant à nous dégager des choses immédiatement sensibles pour considérer des rapports intelligibles, nous
éloigner du «concret» pour appréhender «l'abstrait».
C'est par cette discipline des mathématiques que nous
devenons aptes à élaborer une construction, qu'on appelle hypothético-déductive, c'est-à-dire une théorie qui
reconstruit déductivement (selon des règles logiques) un donné à partir d'hypothèses.
Par exemple : à partir du théorème que la somme des angles d'un triangle vaut deux droits, on déduit que la
somme des angles d'un polygone vaut autant de fois deux droits qu'il a de côtés moins deux.
Comme plus généralement : à partir d'une hypothèse (axiome, postulat, définition) indémontrée, on déduit
logiquement une théorie, un système, une construction.
C'est grâce à cette méthode qu'il est possible de mesurer, compter, peser, et de rendre le réel intelligible et donc
objectif..
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