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La culture et l'interdit ?

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« VOCABULAIRE: Culture: Du latin cultura, culture du sol » (de colere, « cultiver »). Mise en valeur des terres (agriculture), des corps (culture physique) ou des esprits (culture intellectuelle), travail visant à les rendre féconds.

Par opposition à nature, tout ce qui est l'oeuvre de l'homme.

En sociologie, ensemble des connaissances et des pratiques transmises par l'éducation et propres à un groupe social donné (exemple : la culture orientale). Des coutumes à la loi • Les cultures humaines apparaissent comme des ensembles de coutumes étranges : les uns déposent des fleurs sur une tombe, les autres un bol de riz.

« V érité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » disait Pascal. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà.

(Pensées) Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine.

Les lois varient d'un État à l'autre.

La justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la justice divine. • On peut chercher, derrière la surface, le pourquoi des moeurs et des habitudes.

A insi, Platon, dans Les Lois, fait parler l'Athénien qui remet en question l'institution des repas en commun ou les exercices du gymnase.

Les citoyens s'entraînent en fait à maîtriser leur crainte et leurs passions, à dépasser leur égoïsme.

Au-delà des moeurs, c'est la vertu qui est visée. • Si elles ne sont pas ramenées à leurs raisons d'être, les coutumes peuvent devenir des pratiques arbitraires que l'on suit par conformisme.

Elles paraissent exiger, comme fondement, une loi qui serait l'expression d'une volonté rationnelle. L'interdit de l'inceste comme fondement de la culture Où finit la nature ? Où commence la culture ? Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette double question. La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait à l'isoler un enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.

Mais une telle approche s'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.

Une partie du biologique à la naissance est déjà fortement socialisé.

En particulier les conditions de vie de la mère pendant la période précédant l'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement de l'enfant.

On ne peut donc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel. La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.

Observons les insectes.

Que constatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmises héréditairement.

Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.

Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler « le modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, morales ou religieuses). Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.

Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, des outils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.

Même les grands singes, dit Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articuler les sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totale incapacité d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .

» Les recherches poursuivies ces dernières décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outils élémentaires et éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et de subordination peuvent apparaître et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire à reconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou de contemplation ».

Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore –et dans un tout autre sens, par leur pauvreté ».

De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ». A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture.

» Mais les règles institutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.

On peut donc affirmer que l'universel, ce qui est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.

C'est donc ce double critère de la norme (règle) et de l'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme : « Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier.

» Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste.

C elle-ci, en tant qu'institution relève de la règle et donc de la culture.

Mais, en même temps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature.

Une contradiction donc, un mystère redoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois et des institutions.

» Loi et liberté • Un commandement particulier apparaîtra toujours arbitraire et subjectif face aux exigences rationnelles : si la limitation de vitesse est une limitation mutuelle qui prend la forme de la raison, pourquoi la fixer dans son contenu à 130 km/h plutôt qu'à 120 ? Cela ne va-t-il pas s'imposer arbitrairement à mon désir d'aller à 150 ? La casuistique peut ainsi justifier mon désir de voir les lois épouser mon intérêt propre.

Je lui soumettrai alors celui des autres.

De ce raisonnement découle la nécessité d'une limite formelle mais absolue : la loi doit permettre la coexistence des libertés. • La culture apparaît alors comme la synthèse entre des contenus historiques (fruits d'une expérience toujours changeante ou contestable) et des exigences rationnelles formelles.

L'homme n'étant pas pure raison, les exigences de la raison prennent pour lui la forme d'interdits qui s'imposent à sa sensibilité.. »

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