La culture empêche-t-elle la barbarie ?
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Analyse :
• La culture peut s'entendre en plusieurs sens :
- c'est, dans le sens courant, les connaissances, notamment littéraires et artistiques, d'un individu ;
- c'est aussi, dans un sens plus large, les production intellectuelles d'une civilisation qui lui donne sa marque
particulière.
- Mais la culture, en tant que ce qui procède de l'homme, désigne tout ce qui est acquis et produit par l'homme
(techniques, art, institutions, coutumes) : c'est ce qui s'oppose à la nature, qui existe théoriquement avant la
société, ce qui est acquis et propre à l'homme.
• La barbarie est ce qui va à l'encontre des valeurs morales, et elle est souvent synonyme de cruauté et de
férocité : un état de cruauté tel qu'il semble inhumain.
Mais au sens propre, la barbarie désigne l'état de ce qui est barbare, de ce qui n'est pas civilisé.
Il faut donc
analyser également le terme « barbare » : c'est au départ l'étranger, celui qui appartient à une autre civilisation.
Ce
terme, inventé par les Grecs, signifiait : celui qui ne parle pas grec, et qui donc n'appartient pas à la culture grec.
Il y a donc une double signification : ce qui appartient à une autre civilisation, avec une nuance d'infériorité ; ce qui
est cruel.
Problématisation :
On voit généralement la culture comme ce qui vient adoucir et policer les moeurs humaines et l'éloigner d'une nature
frustre, rude et violente.
Et pourtant, il suffit d'une simple constatation historique pour mettre à mal cette idée : le
XXè siècle, raffiné par sa culture – à la fois d'un point de vue artistique et technique, voire même politique – est
également un siècle de grande barbarie.
Si on analyse le lien entre culture et barbarie, il est bien sûr souhaitable de
montrer comment la première peut mettre un frein à la seconde, mais également impossible de ne pas s'étonner :
pourquoi la culture n'empêche-t-elle pas la barbarie ? Dès lors, quel lien unit ces deux notions, est-ce bien un lien
d'opposition ?
I – Culture et barbarie : deux notions qui se veulent antithétiques
1) Un rapport de négation logique
• La barbarie, perçue comme comble de l'horreur et de la cruauté, franchissant les bornes de l'humain, et compris
comme ce qui est opposée à la culture.
barbarie : cruauté, horreur, inhumanité /
culture : normes, humanité
• L'un doit donc exclure l'autre, dans une relation logique : ce qui relève de la barbarie ne peut relever de la culture
et vice versa.
2) Un rapport chronologique
• Cette opposition est également chronologique : la culture est, dans l'histoire, ce qui vient mettre un terme à la
barbarie, qui est l'ordre dans lequel l'homme vivait avait le développement de la culture.
Inversement, la régression
de la culture s'accompagnerait d'une progression de la barbarie.
• La culture, outre sa dimension d'agrément de l'âme, est ce qui vient encadrer et empêcher la barbarie.
Ainsi, on
peut voir dans l'histoire européenne une culture de la guerre, mais qui passe par le politique : affrontement entre
États ou partis, de manière organisée et codifiée, et non lutte barbare entre individus.
Transition : Cependant, cette conception qui fait de la culture ce qui vient mettre un terme ou du moins un cadre à
la barbarie repose sur une vision de l'homme particulière : avant la culture, il y a la barbarie.
Or on peut s'opposer à
cette conception.
II – Quelle culture, quelle nature ?
1) Deux conceptions de l'état de nature, deux réponses différentes
• Dire que la culture empêche la barbarie, c'est dire que l'homme est naturellement barbare : on comprend alors
« culture » également dans son opposition avec « nature »..
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