La croyance religieuse témoigne-t-elle d'une faiblesse de la raison?
Extrait du document
«
Introduction
La croyance religieuse est communément appelée la « foi ».
C'est l'engagement d'un individu au service d'un
idéal auquel il croit.
De fait, il apparaît souvent que le sujet soit déçu des résultats que lui procure cette faculté
qu'est la raison.
La raison peut beaucoup de choses, mais elle n'est pas forcément apte à éclairer les mystères de la
Révélation, ou tout l'enseignement des religions.
Recourir à la croyance en un Dieu peut désigner un besoin
fondamental que la raison ne peut assouvir.
Par ailleurs, certains affirmeront que la raison est en l'homme une part
de l'intelligence divine, et qu'ainsi il est possible par elle de remonter au principe unique.
La raison serait alors une foi
construite et comprise, une intelligence du divin en l'homme.
Mais il y a toujours de l'incommunicable, de
l'inexplicable (révélation, intuition, extase etc.) qui pousse la raison à s'abaisser face à ce qui est infiniment grand.
Comment alors comprendre la croyance religieuse de manière intelligible en faisant abstraction de la raison,
puissance critique en l'homme par excellence, tribunal des idées ?
I.
L'importance de la raison
a.
Saint Anselme est vu comme le théologien le plus important du XIe siècle.
Selon lui, la foi pousse à une
compréhension rationnelle.
Cette foi est première et son contenu ne peut être renversé par aucun argument
rationnel.
Cependant la raison vraie conduit nécessairement aux vérités de la foi.
Ainsi la raison vraie permet avec
ses fondements inébranlables d'exprimer le contenu de l'enseignement chrétien.
Ainsi dans le Proslogion, il veut
prouver rationnellement l'existence de Dieu.
Dieu est déterminé comme « ce qui est tel que rien de plus grand ne
peut être pensé ».
b.
Avec St Thomas d'Aquin, foi et raison ne peuvent se contredire dans la mesure où elles émanent toutes les
deux de Dieu.
Ainsi théologie et philosophie ne peuvent aboutir à des vérités divergentes.
Seule leur méthode
diffère : la philosophie part des choses créées pour atteindre Dieu, alors que la théologie prend Dieu comme point de
départ.
Dès lors la philosophie rend d'importants services à la théologie, en fondant rationnellement la foi et en la
défendant, car les principes de la foi, même s'ils sont transcendants (au-delà) par rapport à la raison finie des
hommes, ne sont pas pour autant irrationnels (cf.
Somme théologique).
c.
La finitude de l'homme l'empêche d'avoir accès à l'infinité de Dieu.
L'homme utilise l'entendement (raison finie)
comme faculté lui permettant de mesurer, de différencier les choses entre elles.
C'est ce que dira Nicolas de Cues
dans La Docte ignorance.
Il montrera ainsi que seul l'intelligence rationnelle, à la différence de l'entendement (raison
finie) qui laisse les choses dans leur diversité, peut unifier les contraires et donner un accès à l'infini divin.
Les
mathématiques sont un exemple privilégié : plus la circonférence d'un cercle est grande, plus l'arc de cercle se
rapproche d'une droite, et à l'infini tous deux coïncident, de sorte que les oppositions sont supprimées.
Ainsi seule
une raison intellectuelle (et non d'entendement) peut saisir Dieu.
II.
la foi est au-delà de la raison
a.
Pascal dira que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ».
Cela signifie que seul le cœur peut
prétendre à une connaissance du divin.
En effet la raison finie est limitée.
L'homme se situe entre l'infiniment grand et l'infiniment petit, et seul le cœur
peut comprendre l'infini qui traverse l'homme.
Les premiers principes aussi ne
sont connaissables que par le cœur.
La raison doit savoir s'abaisser face aux
vérités de la foi.
Il ne s'agit pas d'une soumission totale, mais d'une
compréhension que la raison n'est pas à la hauteur du divin.
«Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point [...] C'est le coeur qui
sent Dieu et non la raison.
Voilà ce que c'est que la foi.» Pascal, Pensées
(1670).
• Pascal distingue deux modes de connaissance.
La raison «connaît» sur le
mode conceptuel et argumentatif, comme dans les mathématiques.
Mais Dieu
échappe à ce mode de connaissance.
Il serait vain, pour Pascal, de prétendre
en démontrer l'existence.
C'est le coeur qui «sent» Dieu.
La foi est donc une
connaissance immédiate et trop subtile pour pouvoir être argumentée.
• La raison peut néanmoins être mise au service de la foi, de façon indirecte:
c'est la célèbre théorie du «pari» pascalien, visant à convertir les incroyants.
II montre que l'homme a beaucoup à gagner en croyant, et, réciproquement
qu'il n'a rien à gagner en en croyant pas.
Il est donc, en pratique, raisonnable
de croire en Dieu, même si ce n'est pas rationnel, et n'a pas besoin de l'être.
b.
La raison ainsi n'a pas le pouvoir de s'élever jusqu'au divin.
Dieu n'est pour elle qu'un idéal qu'elle ne pourra
jamais atteindre.
Kant montrera donc que limiter les prétentions de la raison, c'est affirmer qu'on peut penser Dieu,
mais pas le connaître.
Il faut ainsi limiter le savoir pour faire une place à la foi (Critique de la raison pure).
La raison
fait bien sentir en l'homme ce besoin de se dépasser elle-même en pensant un être (Dieu) qui n'est pas représenté
dans le monde phénoménal.
Kant critiquera ainsi la raison des Dogmatiques, car ces derniers disent connaître ce que
l'esprit humain est incapable de toucher par le sens.
La croyance en Dieu ne peut se baser sur une raison.
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