La croyance est-elle une affaire personnelle ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Il convient dans ce sujet de bien définir ce qu'est la croyance et de ne pas la réduire à la croyance religieuse.
Pour cela, il est utile de distinguer la croyance et le savoir, distinction classique en philosophie de la
connaissance.
Tout d'abord, il semble que le savoir soit supérieur à la croyance au sens où il manque à la croyance la preuve
qui la rende indubitable.
Cette preuve, donnée par une démonstration ou une expérience, entraîne la certitude
et la communicabilité de la croyance.
Si Pierre croit par exemple que la terre est plate, se fiant à une
expérience quotidienne et qu'Henri lui prouve qu'elle est ronde à l'aide d'observation du ciel et de calculs ou en
allant dans l'espace alors Pierre devra se rendre à l'évidence, il se s'était trompé.
D'un autre point de vue, la croyance semble être supérieure car elle a une force qui peut empêcher celui qui
croit de se rendre à la raison ou à la science.
Mais en réalité, il faut être très prudent car, si le croyant ne se
remet pas à elle, ce n'est que parce qu'elle est souvent insatisfaisante, la science n'explique pas tout, à
commencer par l'être.
Par ailleurs, la science ne s'est jamais autant imposée dans les esprits que quand elle
était l'objet d'une croyance.
Au XIX ème siècle, on appelle « positivisme logique » ce courant qui pensait que la
science peut tout expliquer et que ce qu'elle découvre est indubitable, ce qui est remis en cause dans la
science d'aujourd'hui.
Le champ de la croyance est beaucoup plus vaste que celui du savoir, je peux croire ou
non en Dieu, mais je ne peux ni savoir qu'il existe ni savoir qu'il n'existe pas.
Il faut en suite se demander qu'est-ce que l'on entend quand on dit que la croyance est une affaire
personnelle.
Est-ce dire que le sujet a lui même décidé quoi croire, qu'il est donc libre de choisir ses croyances
ou qu'il ne faut pas discuter des croyances parce qu'elles sont subjectives, et que comme pour les goûts et les
couleurs, ça ne se discute pas ? L' autodétermination du sujet envers ses croyances est plus que douteuse,
même si, nous le verrons, elle est peut être envisageable sous certaines conditions, mais contrairement aux
goûts, il n'est pas facile de se contenter de cette relativité subjective, en affirmant que je crois cela et toi
autre chose comme je dirais je préfère la viande et toi le poisson, précisément car ce sont des questions
importantes qui engagent tout ce que je suis.
Problématisation :
Nous pouvons donc faire jouer deux points de vue sur le sujet, un premier point de vue par lequel nous
posons une question de fait : la croyance est-elle choisie par l'individu ? En effet une affaire personnelle, au sens
strict est une affaire qui concerne que l'individu sans influence d'aucune sorte, et de l'autre une question de droit :
Peut-on laisser croire quelque chose à quelqu'un sous prétexte que c'est un point de vue subjectif ? Et même si les
croyances ne peuvent être remplacées par des savoirs, sont-elles pour autant de même valeur ?
1.La croyance et la raison.
a)
b)
c)
d)
e)
On peut commencer par introduire une distinction entre les croyances qui se trouvent en
désaccord avec la raison, par exemple, des croyances qui sont entre elles contradictoires et les
croyances qui ne peuvent être ni prouvées ni réfutées.
Mais bien sûr, dans la pratique, cette
distinction est très difficile à faire, parce qu'on peut croire savoir, et confondre une démonstration
claire et indubitable avec une démonstration bancale.
Et cela est valable également pour l'expérience,
dans l'exemple précédent, Henri croit en ce qu'il voit, la terre comme ronde, mais qu'elle lui apparaisse
ainsi ne signifie pas qu'elle soit en elle-même ronde.
Comme le dit Saint Thomas « je ne crois que ce
que je vois », mais ça ne reste qu'une croyance, car qui me dit que ce que je vois est la chose telle
qu'elle est.
Par contre, si les croyances sont entre elles contradictoires, on pourra opposer à celui qui y
croit son manque de constance.
On ne croit souvent pas à une chose sans rapport avec un système,
un tout.
La croyance ne concerne que rarement une opinion isolée, on peut donc éprouver la solidité
du système de croyance.
Puisque la raison consiste à penser les rapports et ne peut découvrir par
elle-même les vérités premières, une croyance en accord avec la raison est une croyance qui
présente une certaine cohérence avec le reste des croyances.
Mais si la croyance est en accord avec la raison elle devient plus aisément communicable.
Les contradictions dans un dogme peuvent engendrer le soupçon.
La croyance doit être suffisamment
vraisemblable pour être crue, mais aussi suffisamment en accord avec les désirs de celui qui l'entend
pour que cela l'intéresse.
Il est toujours plus facile de persuader en donnant une structure dogmatique
à quelqu'un qui veut croire mais ne trouve pas les arguments lui-même, que de proposer une croyance
vraisemblable qui n'est pas souhaitable à l'égard de celui qui l'entend.
En outre, comme nous l'avons dit plus haut, la science ne peut satisfaire ce désir.
On ne peut
savoir si Dieu existe car Dieu ne peut faire l'objet d'une expérience.
Kant dans la Critique de la raison
pure montre qu'on ne peut prouver dans le domaine de la métaphysique, précisément car les idées
métaphysiques sont au-delà de toute expérience possible.
Les questions métaphysiques sont
cependant naturelles, l'homme a besoin d'une réponse, celle-ci ne pourra être donnée par la
connaissance mais par la croyance.
Pour conclure ce point, on peut dire que la raison ou la science ne peuvent trancher sur des
questions de croyance et qu'ainsi il semble difficile de croire que sa croyance est la vraie pour d'autre
raison que l'on y croit.
Ce n'est pas la vraisemblance qui fait que l'on croit une chose mais quelque
chose en plus.
Ce quelque chose en plus est-ce la volonté libre du sujet ?.
»
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