La croyance en Dieu exclut-elle le raisonnement ?
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«
La croyance en Dieu exclut-elle le raisonnement ?
Croire et savoir
Avoir la foi, c'est croire sans preuve.
Acte de confiance, la foi n'a pas à s'appuyer sur la raison.
Au contraire, croire
d'après des preuves, ce serait savoir, et cela rendrait inutile la foi.
Ceux qui demandent qu'on leur démontre Dieu
pour y croire ne voient pas que la foi nous demande au contraire de croire pour savoir.
La foi entend faire de la
croyance une voie d'accès à la vérité : « Crois et tu comprendras.
»
La raison contre le fanatisme
Faut-il pour autant considérer que la foi est irrationnelle ? Certes, elle n'a pas besoin de preuve.
Pour autant, va-telle contre la raison et les faits ? Certes, la foi est d'autant plus authentique et sincère qu'elle résulte d'un véritable
choix.
Pour autant, la raison ne peut-elle pas guider ce choix ? Que vaudrait un tel choix s'il était fait au hasard,
sans raison ? En effet, se couper de toute forme de raison c'est risquer de tomber dans le fanatisme.
Avec la raison,
la foi ne tend-elle pas à se transformer en un savoir fondé ?
La réponse de Saint Anselme
La foi cherche l'intelligence
" Donc, Seigneur, toi qui donnes intellect à la foi, donne-moi, autant que tu sais faire, de comprendre que tu es,
comme nous croyons, et que tu es ce que nous croyons.
"
Saint Anselme, Proslogion (1078), II.
Problématique
La foi religieuse nous demande-t-elle d'abandonner notre raison ? Raisonner, est-ce commencer à douter de Dieu ?
Explication
La preuve ontologique
Saint Anselme n'entend pas opposer la foi et la raison, car la raison lui semble pouvoir éclairer la foi, sans la nier
pour autant.
C'est en ce sens qu'il propose ce qu'il pense être une preuve rationnelle de l'existence de Dieu, appelée
preuve ontologique.
L'athée (qu'Anselme appelle « l'insensé »...) et le croyant peuvent en effet s'accorder sur le
sens du mot Dieu : quelque chose de tel que rien ne se peut penser de plus grand.
Une telle chose existe donc bien
dans mon esprit, puisque je peux m'en faire une idée.
Mais existe-t-elle dans la réalité ? Nécessairement, répond
Anselme, car si elle n'existait que dans mon esprit et non dans la réalité, alors je pourrais penser quelque chose
d'encore plus grand : cette même chose, mais existant à la fois dans mon esprit et dans la réalité.
Donc ce qui est
tel que rien ne se peut penser de plus grand existe à la fois dans mon esprit et dans la réalité.
Donc Dieu existe,
aussi bien dans mon esprit que dans la réalité.
Credo, ut intelligam : je crois pour comprendre
Toutefois, précise Anselme, cet argument ne vise pas à convaincre démonstrativement celui qui ne croit pas : « Ce
n'est pas pour croire que je cherche à comprendre ; c'est pour comprendre (ut intelligam) que je crois.
» C'est que,
pour lui, la fonction de la raison n'est pas de produire à elle seule la certitude de l'existence de Dieu, mais seulement
d'éclairer la foi.
Le but d'Anselme est de rejoindre ce que la croyance pose déjà comme certain.
Fides quaeres intellectum : la foi cherche l'intelligence
Néanmoins, la foi doit clarifier ses objets de croyance.
Chercher des arguments pour éclairer la foi est dès lors un
devoir pour l'être doué d'intelligence.
La foi véritable cherche (quaeres) l'intelligence.
Elle pousse à une
compréhension plus intelligente d'elle-même.
Débat et enjeu
Foi subjective et savoir objectif
Kant situe la foi à égale distance de l'opinion et du savoir.
L'opinion est une idée infondée, tant d'un point de vue
objectif que subjectif.
Le savoir est une idée fondée, objectivement et subjectivement.
Quant à la foi, c'est une
idée subjectivement suffisamment fondée, mais ayant conscience de ne pas l'être d'un point de vue objectif.
Mais la
foi n'est pas pour autant une étape à mi-chemin entre l'opinion et le savoir.
Entre elle et l'opinion, ainsi qu'entre elle.
»
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