La critique du progrès technique est-elle légitime ?
Extrait du document
Le vertige nous saisit face aux avancées de la technique : nouveaux moyens de procréation (le clonage), nouveaux moyens de destruction de masse (guerre bactériologique) ou de contrôle de l'information (télécommunications). Les dangers du progrès, la métamorphose du travail, le rapport virtuel de l'homme au monde apparaissent alors comme autant de critiques adressées à la technique. Dans quelle mesure cependant est-il à la fois légitime et possible de critiquer la technique ? De quels effets est-elle coupable en tant que telle ? La technique n'est-elle pas d'abord un simple instrument, c'est-à-dire un simple moyen, incapable en soi d'avoir un but particulier ? La technique n'est-elle pas qu'un moyen au service d'une fin ? Il faut alors se demander quel est le véritable destinataire de cette critique : n'est-ce pas l'homme qui est le premier coupable des usages qu'il fait de la technique ? La technique risque-t-elle d'aliéner l'homme ? Dans quelle mesure peut-on véritablement critiquer la technique ?
Il va de soi que toute critique est légitime, car la critique permet de rectifier les erreurs. Aussi quand on se demande si la critique est légitime à l’endroit du progrès technique, c’est qu’il est sous-entendu que le progrès technique est un phénomène normal qui ne peut qu’apporter que des bienfaits à l’homme. Critiquer le progrès technique reviendrait au fond à être réactionnaire, à aller à contre-courant de la pensée normale. On peut cependant accorder la nécessité de réfléchir aux conséquences néfastes du progrès sur l’homme, son environnement, sa liberté, et la société.
«
Il va de soi que toute critique est légitime, car la critique permet de rectifier les erreurs.
Aussi quand on se demande
si la critique est légitime à l'endroit du progrès technique, c'est qu'il est sous-entendu que le progrès technique est
un phénomène normal qui ne peut qu'apporter que des bienfaits à l'homme.
Critiquer le progrès technique reviendrait
au fond à être réactionnaire, à aller à contre-courant de la pensée normale.
On peut cependant accorder la
nécessité de réfléchir aux conséquences néfastes du progrès sur l'homme, son environnement, sa liberté, et la
société.
1) La technique n'est pas méprisable : elle apporte le progrès et le bonheur.
La technique n'est pas méprisable car elle élève l'homme au-dessus de la nature, et du simple donné qui l'entoure.
Aussi Toute la technique ne se résume pas à la technique moderne, elle peut être aussi la simple fabrication d'outils,
la création d'appareillage pour soulager l'homme d'efforts difficiles mais pourtant nécessaires.
A ce propos, La
Physique d'Aristote dit : « La technè [...] parachève ce que la nature est dans l'impossibilité d'élaborer jusqu'au
bout ».
Autrement la technique est le seul moyen pour l'homme de s'élever, de progresser.
Il n'y a pas en cela à
dévaloriser l'activité technique, c'est à partir d'elle que s'engendre le procès de la civilisation.
On prendra pour
appuyer cela l'ouvrage de Condorcet : Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain en 1795
décrit l'histoire humaine en 10 étapes.
Les trois premières époques retracent les débuts conjecturaux des sociétés
humaines, simples familles ou peuplades isolées qui, passant de la pratique de la chasse et de la pêche à une
économie pastorale puis à la sédentarisation agricole, s'acheminent lentement, à travers le développement des arts
et des langues et les formes successives d'organisation sociale et morale, vers un état de civilisation toujours plus
complexe.
Mais c'est surtout, explique Condorcet dans la huitième époque, à l'imprimerie qu'il faut attribuer, pour
avoir « répandu une lumière indépendante et pure », le recul décisif des superstitions et des préjugés désormais
soumis à l'examen critique de la raison qui génère toutes les sciences, – mathématiques, astronomiques et naturelles
aussi bien qu'économiques, juridiques et morales.
Sur l'héritage que laissent Bacon, Galilée et Descartes, s'ouvre
l'avant-dernière période dédiée à la recherche de la nature de la vérité et des droits naturels de l'individu, et qui est
marquée par l'influence des Lumières dont la Révolution française couronna en politique les idées de liberté de
penser, de tolérance, de justice et de perfectibilité indéfinie.
Le progrès de l'humanité n'est garanti que par
l'inépuisable travail des scientifiques, la connaissance mathématique et des sciences de la nature ne connaîtront pas
d'achèvement.
Le progrès n'est pas de l'ordre de l'accumulation, c'est véritablement l'esprit humain qui progresse.
Du progrès technique découlera le progrès moral.
Au centre du progrès humain se mépriser la technique, car elle
peut apporter le progrès à l'homme et de fait le bonheur.
2) Le progrès technique à l'heure de la modernité.
La prédominance de la technique dans les sociétés modernes est si essentielle que faire l'histoire de
l'industrialisation, c'est faire celle des progrès de la technique des deux derniers siècles.
Après les innovations
techniques attachées à la première révolution industrielle née en Angleterre, de nouvelles « ruptures
technologiques », appelées aussi deuxième et troisième révolutions industrielles, peuvent être repérées.
La fin du
XIXe siècle se caractérise ainsi par le développement de l'électricité et du moteur à explosion.
Les années 1950
voient les débuts de l'énergie nucléaire et l'entrée dans l'ère de l'électronique.
Aussi, le véritable progrès technique
se caractérise par l'exploitation de nouvelles énergies, de nouveaux matériaux qui ouvre la porte à de nouvelles
technologies.
Aussi, dans le système capitaliste, le progrès technique est devenu une obligation, c'est le système
capitaliste lui-même qui est devenu la principale raison des innovations techniques, qui sont parfois inutiles pour
l'homme.
Le capitalisme, qui suppose historiquement un état donné du développement des forces productives,
détermine la transformation incessante, le développement nécessaire des forces productives comme moyen de
produire une survaleur, comment il détermine une révolution industrielle ininterrompue (alors que l'idéologie
bourgeoise représente volontiers la révolution industrielle comme une évolution naturelle dont le contenu ne dépend
en rien des rapports de production capitalistes).
Elle montre que le développement des forces productives est la
réalisation matérielle des rapports de production capitalistes.
Elle montre que, dans ce développement, c'est
toujours la transformation des moyens de production qui précède et impose les transformations dans la qualité de la
force de travail.
Le système capitaliste dans lequel on se trouve oblige en permanence à créer des progrès
techniques pour se maintenir en place.
Le progrès technique n'a rien de naturel, en rien inhérent à la technique,
mais bien plutôt consubstantiel au système économique.
3) Un progrès qu'on ne peut arrêter ?
Aussi l'illusion de la « neutralité » et de la pure instrumentalité de la technique a été récemment dénoncée, et on a
insisté sur l'autonomisation quasi irréversible du processus technologique contemporain.
Il est pourtant légitime de
se demander si, au niveau le plus profond, il y a par rapport à Marx autre chose de changé que le signe algébrique
affectant la même essence du technique.
Là où l'on s'aperçoit que le mouvement technologique contemporain
possède une inertie considérable, qu'il ne peut être dévié ou arrêté à peu de frais, qu'il est lourdement matérialisé
dans la vie sociale, on tend à faire de la technique un facteur absolument autonome, au lieu d'y voir une
expression de l'orientation d'ensemble de la société contemporaine.
Et là où l'on peut voir que « l'essence de la
technique n'est absolument rien de technique » voir Heidegger, La Question de la technique).
La technique est
indissolublement liée à nos modes de vies, et il n'appartient qu'à nous de pouvoir et de vouloir en changer.
La
fatalité qui semble recouvrir l'avancée de la technique n'en est pas une.
L'avenir de l'humanité a toujours dépendu
des sources d'énergie, des modes d'alimentation.
Chacun s'accorde aujourd'hui à reconnaître que l'on doit
impérativement changer de mode de vie si l'on préserver une vie décente sur Terre en dehors de la pénurie, de la.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Est-il légitime de réglementer le progrès technique ?
- Heidegger et la critique de la technique
- Sujet: Le progrès de l'humanité se réduit-il au progrès technique ?
- Jonas: Le progrès technique transforme-t-il les questions morales ?
- Freud: Le progrès humain est-il indissociable du progrès technique ?