La critique de la rhétorique chez Platon et Socrate
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«
La critique de la rhétorique
L'imposture de la rhétorique
Contrairement au dialogue philosophique, la rhétorique n'a pas pour but la recherche en
commun de la vérité : son seul but est de conquérir le pouvoir par la parole.
Le rhéteur
cherche à manipuler son auditoire grâce à une technique de persuasion basée sur
l'imposture et la flatterie.
Par ses belles paroles, il parvient à « paraître, face à un public
d'ignorants, plus savant que les savants eux-mêmes » (459c), alors qu'il n'en sait pas
plus sur le sujet que ceux à qui il s'adresse.
Pour persuader, il utilise la flatterie : il suffit
de dire à l'auditoire ce qui lui fait plaisir.
La seule matière que connaît le rhéteur, ce sont
les opinions, les goûts, les désirs et les peurs de la foule.
Son discours ne permet pas à
son auditoire de progresser vers le savoir, il ne fait que l'entretenir dans ses croyances.
Il ne l'éclaire pas sur ce qui est bon pour lui, mais le conforte dans l'illusion que
l'agréable est le bien.
Les conséquences de la théorie des Idées
En soulignant comme il l'a fait le rôle de l'Idée, Platon a pris un engagement philosophique qui a eu d'importantes
conséquences.
La première et la principale d'entre' elles concerne le langage et le rapport au discours.
Ces derniers posent un problème de fond.
Pour qu'une parole soit entendue, pour qu'un discours «passe», comme on
dit, que faut-il avant tout ? De l'intelligence? Ou de la conviction ? De la raison, du savoir, de la compétence et de
la technicité ? Ou de la chaleur, du talent, du coeur le la personnalité ?
Gorgias, le grand sophiste, dans le dialogue qui porte son nom, répond qu'il faut de la persuasion et de la conviction.
Car, fait-il remarquer, si un médecin ne sait pas être persuasif, tout compétent et intelligent qu'il soit, il ne
parviendra jamais à donner à son malade l'envie de se soigner.
Et, par là, il ne le guérira pas.
Socrate, sourd à cette subtile analyse du caractère psychosomatique des maladies, choisit une autre voie.
Le refus de la flatterie
La persuasion du rhéteur, qui parvient à obtenir ce que la science échoue à produire, n'est qu'un subterfuge
grossier, fait-il remarquer.
Elle consiste, en flattant les gens, à leur renvoyer une image gratifiante et sécurisante.
D'où l'effet fortifiant d'une telle parole.
Que cela marche, on ne saurait en disconvenir.
Mais vouloir faire passer cela pour de la science, c'est là une
mystification que tout homme qui se respecte ne saurait accepter, sous peine d'élever le boniment au rang de
science et de ravaler la sagesse au rang d'un boniment.
Politique n'est pas rhétorique
Il faut donc ne pas se laisser prendre au piège des flatteurs et de leurs flatteries.
Socrate s'y emploie en dénonçant
la rhétorique et les rhéteurs.
«Tous ces mercenaires, dit-il dans La République (livre VII, 439 c), que le peuple appelle sophistes, n'enseignent pas
d'autres maximes que celles que le peuple lui-même professe dans les assemblées.
C'est là ce qu'ils appellent
sagesse!...
On dirait des hommes qui, après avoir observé les mouvements instinctifs et les appétits d'un animal, se
mettraient à l'enseigner, se conformant ainsi aux instincts de ce grand animal en appelant bon ce qui le réjouit et
mauvais ce qui l'importune.»
«Pour être bref, ajoute-t-il dans le Gorgias (465 6), ce que la toilette est à la gymnastique, la sophistique l'est à la
législation et ce que la cuisine est à la médecine, la rhétorique l'est à la justice.
»
Dans notre monde médiatisé à l'excès, où l'image d'un homme politique prend parfois plus d'importance que ses
idées, Platon aurait rappelé que l'art de la flatterie est une cuisine qui ne doit pas remplacer la véritable médecine
dont une cité a besoin..
»
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