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La création artistique est elle au service du réel

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« Analyse : • Prenons deux sens de la notion de réel. -Le réel, c'est le quotidien. -Le réel, c'est ce qui est donné sous l'autorité d'une loi. • Distinguons la création artistique de la production technique et de la création divine. La production technique engendre des objets reproductibles par des règles intelligibles.

La création divine crée un monde singulier par des règles qui nous échappent. On pressent la position médiane de la création artistique.

Un Vermeer et un Rembrandt sont deux tableaux, mais leurs règles d'engendrement ne sont pas tout à fait identiques. Problématique : La force d'une singularité artistique n'a-t-elle pas pour finalité de nous libérer des pesantes habitudes et conventions sociales qui restreignent le réel à la réalité du quotidien ? Mais échapper au réel n'est-ce pas s'opposer à la loi sans laquelle nous sommes plongés dans le désordre de l'intériorité subjective ? Le service le plus élevé de l'art n'est-il pas de jeter un pont entre les lois humaines et les lois divines ? Plan : 1-L'art permet de libérer l'esprit d'un réel enfermé dans le quotidien. • L'homme doit adapter ses puissances physiques et intellectuelles au monde matériel pour satisfaire ses besoins. Cet effort d'adaptation crée un cercle d'habitudes à l'intérieur duquel sont encloses nos pensées et nos actions. Chacun doit reconnaître certaines situations pour y apporter une réponse appropriée en mobilisant une stratégie efficace.

Devant un danger, il s'agit de l'éviter et d'avoir les moyens de le faire. • Cette nécessaire adaptation se prolonge, pour tout être humain, dans le domaine culturel.

Il s'agit d'apprendre les règles de construction du langage, les codes de la politesse ou les marques d'attention envers autrui.

Or, quand ces repères naturels et sociaux sont affectés, un être humain est menacé par un mal qui l'éloigne de la réalité.

( La nausée de Sartre) • Mais si les règles de la réalité nous adaptent, elles emprisonnent également. A force d'interposer entre moi et le monde des habitudes, je ne finis par le voir que d'après leur seul point de vue. Cette forêt peuplée d'arbres centenaires n'est pour moi que le chemin quotidien menant à mon travail.

Cette femme avec laquelle je me suis marié n'est plus investie que par des attentes et des désirs communs : une poêle dans la main droite et une rose dans la main gauche. • Or c'est précisément à l'intention du réel lesté par le poids des conventions et des habitudes que l'art propose de rendre service.

C'est la thèse de Bergson. « Qu'est ce que l'artiste ? C'est un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voile. Voir avec des yeux de peintre, c'est voir mieux que le commun des mortels.

Lorsque nous regardons un objet, d'habitude, nous ne le voyons pas : parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l'objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l'objet et de le distinguer pratiquement d'un autre, pour la commodité de la vie.

Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l'usage pratique et les commodités de la vie et s'efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste » « Qu'est ce que l'artiste ? C'est un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voile. Voir avec des yeux de peintre, c'est voir mieux que le commun des mortels.

Lorsque nous regardons un objet, d'habitude, nous ne le voyons pas : parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l'objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l'objet et de le distinguer pratiquement d'un autre, pour la commodité de la vie.

Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l'usage pratique et les commodités de la vie et s'efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste » Ce texte de Bergson tente de définir la nature de l'artiste et le sens profond de son activité, l'art.

D'entrée, l'auteur se place sur le terrain où la fonction de l'art a été problématisée depuis l'Antiquité : celui du rapport à la vérité. Contrairement à ce qu'affirmait Platon, qui ne voyait en l'artiste qu'un illusionniste, un imitateur expert dans la production de trompe-l'oeil et qui ne connaissait rien des objets qu'il représente, Bergson soutient ici une thèse tout opposée : pour lui, l'artiste est « un homme qui voit mieux que les autres, car il regarde la réalité nue et sans voile ». En quoi consiste cette nudité ? Quelle est la nature de ce voile ? Pour nous l'expliquer, Bergson doit alors soutenir une autre thèse qui ne peut manquer de nous surprendre, car elle nous implique tous, et pas seulement l'artiste.

Lorsque nous regardons un objet, d'habitude, « nous ne le voyons pas ». Regarder n'est donc pas la même chose que voir.

Voir, nous dit-il, c'est voir des conventions interposées entre l'objet et nous, c'est-à-dire toujours percevoir une chose à travers un écran ou une grille qui nous en masque la. »

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