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La conviction d’avoir raison fait-elle obstacle au dialogue ?

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« ANALYSE DU SUJET SENS DU SUJET :La conviction se présente comme une certitude.

Si l'on est certain d'avoir raison, pourquoi dialoguer ? Et si l'on est entraîné dans le dialogue, peut-on le pratiquer honnêtement, dans la mesure où les convictions peuvent nous dissuader d'écouter l'interlocuteur ? DÉLIMITATION DU SUJET :Le sujet repose sur un paradoxe : la conviction semble s'opposer à l'ouverture d'esprit que demande le dialogue.

Pourtant, si l'on doutait toujours, le dialogue aurait-il vraiment un sens ? LES RÉFÉRENCES : Platon : MENON, THEETETE Descartes : DISCOURS DE LA MÉTHODE, Sartre : RÉFLEXIONS SUR LA QUESTION JUIVE DÉVELOPPEMENT: Le dialogue n'est-il possible que dans la mesure où les interlocuteurs doutent de ce qu'ils pensent, ou bien est-il compatible avec des convictions? La question repose sur un paradoxe : la conviction semble s'opposer à l'ouverture d'esprit que demande le dialogue.

Pourtant, si l'on ne croyait jamais avoir raison, si l'on doutait toujours, le dialogue aurait-il vraiment un sens ? - Quelles formes peut prendre la conviction d'avoir raison ? - Le préjugé.

Sartre parle, concernant les antisémites, des gens "qui sont tentés parla permanence de la pierre", on peut penser aux préjugés racistes ou ethnocentristes. - Le préjugé tel qu'il apparaît dans l'oeuvre de Platon : souvent il est le fait de celui qui a suivi un enseignement prestigieux et y adhère sans critique. Dans tous les cas, et ils sont nombreux, le préjugé est comme l'indique le mot une pensée faite trop vite, avant d'avoir réfléchi, d'avoir jugé.

En quoi seraient-ils des obstacles au dialogue ?En ce que celui qui est pris dans ses préjugés, dans la "Doxa", ne peut prendre distance par rapport à eux : ils les a acquis sans critique, ils lui semblent être l'évidence. En ce sens la conviction d'avoir raison est effectivement l'obstacle majeur au dialogue : si beaucoup de dialogues socratiques ne parviennent pas à un résultat, c'est souvent parce que l'interlocuteur de Socrate a trop de mal à accepter franchement le dialogue et à admettre les remises en question de Socrate.

Pourtant, peut-on envisager un dialogue dont l'un des acteurs douterait de ce qu'il pense, voire n'y croirait pas du tout ? Ce genre de dialogue existe bien, c'est la "controverse éristique" des sophistes dans laquelle, telle que la présente Socrate, seul compte le fait de réduire l'adversaire au silence, de se montrer "le plus fort".

Ainsi vont aussi les dialogues où l'un des interlocuteurs est de mauvaise foi: ce qui compte est de triompher symboliquement, peu importe le contenu.

Il y adonc une dimension "agonistique" du dialogue, mise en évidence aussi par Nietzsche, qui ne témoigne en fait que de l'expression de la volonté de puissance : la recherche de la vérité n'a pas grand chose à y voir, les interlocuteurs s'en préoccupant peu. On voit donc que l'on oscille entre deux extrêmes : être certain d'avoir raison conduit à la susceptibilité, à l'intolérance et empêche de prendre en considération un autre point de vue que le sien.

Mais, à l'opposé, l'indifférence à la vérité ruine à la base tout effort dialectique.

La réflexion qui précède doit nous inviter d'abord à essayer de former notre propre jugement, pour avoir effectivement des arguments à présenter et ensuite à ne pas croire que le dialogue suppose simplement la bonne volonté et une ouverture à l'autre qui n'est souvent qu'apparente: comme le montre la méticuleuse réflexion socratique, c'est un art difficile, qui suppose un effort constant pour bien définir les règles du jeu, c'est à dire la méthode: c'est à cette seule condition que la pensée peut se construire comme "logos", à la fois discours et raison, rapport à l'autre et à la vérité. Platon: Le dialogue Les dialogues (tous écrits) de Platon mettent en scène Socrate s'entretenant avec des figures dominantes de la vie politique et intellectuelle d'Athènes, à propos de la vertu (Ménon), de l'amour (Le Banquet) ou encore de la rhétorique (Gorgias).

La dimension orale du dialogue est inséparable de la philosophie platonicienne, et Socrate confesse lui-même qu'il est charmé par les discours, car eux seuls sont capables de l'instruire, alors que les champs et les arbres ne consentent rien à lui enseigner.

Le dialogue est la condition essentielle de l'aspect vivant de la pensée.

Pour cette raison, Platon fait allusion dans le Phèdre aux dangers que représente l'invention de l'écriture (mythe de Theuth), car les hommes, au lieu de faire confiance à leur mémoire, s'en remettront aux signes écrits, sacrifiant à la commodité l'aspect vivant de leur mémoire et de leur esprit. SENS DU SUJET: La conviction se présente comme une certitude.

Si l'on est certain d'avoir raison, pourquoi dialoguer ? Et si l'on est entraîné dans le dialogue, peut-on le pratiquer honnêtement, dans la mesure où les convictions peuvent nous dissuader d'écouter. »

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