La conscience peut-elle se connaître elle-même ?
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1) Dire "je suis un breton", c'est se donner une identité par une définition culturelle. C'est marquer l'individualité qui me caractérise et m'identifier à une culture dont je suis fier, tout en m'opposant à d'autres. L'ennui, c'est que c'est une réponse très vague. Elle convient à des milliers d'autres êtres humains bretons comme moi. Elle définit seulement une appartenance de l'ego, une appartenance qu'il est à même de revendiquer. Ce n'est qu'une étiquette commode pour me faire valoir en me distinguant des autres peuples : les basques, les espagnols, les corses ou tout ce que vous voulez. C'est une identité qui n'est pas personnelle, mais collective. C'est aussi une figure de l'identité qui est fondée sur une fragmentation passablement conflictuelle.
2) Dire "je suis un élève de terminale", ou "je suis un étudiant", c'est aussi se donner une définition par le rôle auquel nous nous identifions. C'est une manière de mettre en avant mes droits, de me présenter devant un autre, de me distinguer de lui d'arborer une certaine identité. L'agent de police qui vous questionne vous demande vos « papiers d'identité » : "Et vous à l'arrière, vous êtes qui?" La réponse qui nous vient est de décliner notre nom et prénom. Je suis Anatole Dupuis. Mais le nom ne dit pas grand chose. C'est une étiquette posée pour identifier une personne. Il ne suffit pas de connaître son nom pour savoir qui on est ! Dire je suis "garçon de café", "joueur de tennis", musicien" ne m'en apprend rien. C'est une définition qui ne fait que préciser ce qui constitue mon travail, une de mes passions ou un de mes divertissements. Mais mon travail, mes passions, mes divertissements, ce n'est pas moi. Le travail me donne une identité, mais qui est aussi relative que mon appartenance à un peuple. Je peux m'identifier à ce que je fais, mais il reste que je ne suis pas ce que je fais. J'ai un travail, je ne suis pas mon travail. Je suis différent du personnage que les autres voient en moi et qui n'est pas moi. Le rôle m'appartient en tant qu'individu sur la scène du Monde. J'ai un rôle comme chacun en ce monde, mais je suis pas le rôle. Je joue un rôle, je ne suis pas le rôle. Je ne suis pas le personnage, mais par contre, se connaître soi-même, c'est sûrement être capable de regarder en face ce petit jeu par lequel je me prends pour un personnage. Ce jeu de l'identification de l'ego doit être vu et compris, car il permet de cerner l'activité du moi.
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Demande d'échange de corrigé de roumeau quentin ([email protected]).
Sujet déposé : La conscience peut-elle se connaître elle-même?
C'est dans la conscience que le monde nous apparaît.
C'est par la conscience que le sentiment est connu, que les
choses sont décrites et pensées, que l'image est imaginée ou que le jugement est prononcé.
Nous connaissons tout
par la conscience.
Mais connaissons-nous la conscience elle-même ? Ce qui est trop proche, n'est pas
nécessairement compris clairement.
Nous passons certes notre vie dans la conscience, mais sans la connaître et
sans nous connaître.
C'est d'ailleurs pourquoi le monde de l'extériorité paraît toujours plus clair que celui de
l'intériorité.
Dans le monde extérieur il y a des objets aux contours précis, des choses qui sont distinctes et
mesurables, bref le monde de l'objectivité et de la matière qui s'impose distinctement à la pensée.
Mais au plus proche de soi ? De la subjectivité de la conscience elle-même, que savons-nous ? Que savons nous de
notre propre conscience? Rien peut-être.
Bergson traduit cette difficulté : « N'y a-t-il pas là quelque chose de
surprenant ? Nous sommes intérieurs à nous-mêmes, et notre personnalité est ce que nous devrions le mieux
connaître.
Point du tout ; notre esprit y est comme à l'étranger, tandis que la matière lui est familière et que, chez
elle, il se sent chez lui".
Cela veut-il dire qu'être conscient, c'est être conscient de ce qui n'est pas soi ? On ne peut pas être conscient de
soi ? Mais alors, comment pouvons-nous nous connaître dans ces conditions ? La conscience ne comporte-t-elle
une présence à soi-même qui l'éclaire ou est-elle ignorante d'elle même, tout en ayant pouvoir de connaître tout le
reste? Bergson lui-même répond : "une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s'extérioriser
pour agir ».
La conscience peut-elle se connaître elle-même?
A.
Complexité de la connaissance de soi
Mais tout d'abord, que faut-il entendre par connaissance de soi? Tout dépend de ce que nous mettons par avance
dans le "soi" que nous considérons comme devant être connu.
C'est très étrange, mais ignorant ce que nous
sommes, nous prétendons aussi par avance savoir ce que nous sommes ! Nous avons des préjugés sur ce que le
"soi" peut être.
Si nous admettons de manière implicite qu'il est possible de donner une définition précise au sens du
"je suis", nous orienterons tout de suite la question "qui suis-je? ".
C'est ce que nous faisons sans hésiter dans
l'attitude naturelle.
Soyons honnêtes, pour beaucoup d'entre nous la réponse à la question "qui suis-je?" tient dans quelques opinions
bien arrêtées : je suis Pierre A, Paul B.
Un individu défini par sa culture, je suis mon corps, ou je suis mon rôle social
et mon personnage.
Pour d'autres, pour ceux qui sont méfiants vis à vis des réponses précédentes, le "qui suis-je ?"
signifie d'avantage : je suis une personne avec ses qualités morales, une âme, un esprit, je suis un homme, je suis
un caractère, un tempérament.
Plus simple : je suis moi, je suis mon passé etc.
A chacune de ces définitions
correspond une forme de connaissance de soi.
Que valent-elles?
1) Dire "je suis un breton", c'est se donner une identité par une définition culturelle.
C'est marquer l'individualité qui
me caractérise et m'identifier à une culture dont je suis fier, tout en m'opposant à d'autres.
L'ennui, c'est que c'est
une réponse très vague.
Elle convient à des milliers d'autres êtres humains bretons comme moi.
Elle définit
seulement une appartenance de l'ego, une appartenance qu'il est à même de revendiquer.
Ce n'est qu'une étiquette
commode pour me faire valoir en me distinguant des autres peuples : les basques, les espagnols, les corses ou tout
ce que vous voulez.
C'est une identité qui n'est pas personnelle, mais collective.
C'est aussi une figure de l'identité
qui est fondée sur une fragmentation passablement conflictuelle.
2) Dire "je suis un élève de terminale", ou "je suis un étudiant", c'est aussi se donner une définition par le rôle auquel
nous nous identifions.
C'est une manière de mettre en avant mes droits, de me présenter devant un autre, de me
distinguer de lui d'arborer une certaine identité.
L'agent de police qui vous questionne vous demande vos « papiers
d'identité » : "Et vous à l'arrière, vous êtes qui?" La réponse qui nous vient est de décliner notre nom et prénom.
Je
suis Anatole Dupuis.
Mais le nom ne dit pas grand chose.
C'est une étiquette posée pour identifier une personne.
Il
ne suffit pas de connaître son nom pour savoir qui on est ! Dire je suis "garçon de café", "joueur de tennis",
musicien" ne m'en apprend rien.
C'est une définition qui ne fait que préciser ce qui constitue mon travail, une de mes
passions ou un de mes divertissements.
Mais mon travail, mes passions, mes divertissements, ce n'est pas moi.
Le
travail me donne une identité, mais qui est aussi relative que mon appartenance à un peuple.
Je peux m'identifier à
ce que je fais, mais il reste que je ne suis pas ce que je fais.
J'ai un travail, je ne suis pas mon travail.
Je suis
différent du personnage que les autres voient en moi et qui n'est pas moi.
Le rôle m'appartient en tant qu'individu
sur la scène du Monde.
J'ai un rôle comme chacun en ce monde, mais je suis pas le rôle.
Je joue un rôle, je ne suis
pas le rôle.
Je ne suis pas le personnage, mais par contre, se connaître soi-même, c'est sûrement être capable de
regarder en face ce petit jeu par lequel je me prends pour un personnage.
Ce jeu de l'identification de l'ego doit être
vu et compris, car il permet de cerner l'activité du moi.
3) Dire "je suis mon corps" est peut-être une définition plus intéressante.
En tout cas elle est commune.
Qui ne
s'identifie pas à son corps ? Dire « je suis mon corps » suppose non pas que j'ai un corps, mais que je suis mon.
»
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