La conscience peut-elle nous tromper ?
Extrait du document
«
Définitions:
La CONSCIENCE vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être
conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de
distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience
réfléchie, conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis
que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de «
prendre conscience ».
La conscience, illusion du sujet ?
La conscience est ambiguë : si rien n'est connaissable sans elle (comment savoir quelque chose sans en avoir
conscience ?), elle n'en est pas moins sujette à l'erreur et à l'illusion.
En effet, le sujet tend à prendre ce dont il a
conscience (son point de vue particulier) pour la seule réalité existante, et ainsi à s'illusionner sur le réel.
Le sujet, illusion de la conscience ?
Or, l'illusion fondamentale du sujet conscient ne porte-t-elle pas sur lui-même ? La conscience d'être un sujet
véritable n'est-elle pas la plus grande illusion ? Kant nous assure du contraire :
« Le je prouve que j'agis par moi-même, que je suis un principe et non un résultat 1 ».
Se dire libre c'est se poser
comme le sujet de ses actions et de sa pensée (c'est moi qui agis et qui pense).
C'est avoir conscience de soi
comme d'un être ayant une identité personnelle unifiée, stable, et capable de se déterminer lui-même.
Mais cette
conscience est-elle fiable ? La conscience d'exister comme sujet pensant prouve-t-elle vraiment l'existence d'un tel
sujet, ou n'est-elle qu'une illusion ? Faut-il dire cogito (« je pense ») avec Descartes, ou cogitatur (« ça pense »)
avec Nietzsche ? Mais si le sujet n'existe pas comme principe, disparaît-il alors moralement, c'est-à-dire comme
valeur ? L'idée de sujet conscient perd-elle toute valeur ?
La réponse de Descartes
La conscience de soi est indubitable
" Je pense, donc je suis.
" Descartes, Discours de la méthode (1637), IVe
partie.
Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième
partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la
métaphysique de Descartes.
On a donc tort de dire « Cogito ergo sum »,
puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en
français.
Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte
dans lequel elle s'insère.
Le « Discours de la méthode » présente
l'autobiographie intellectuelle de Descartes, qui se fait le porte-parole de sa
génération.
Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne
tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée
de tout ce qui est utile à la vie ».
En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable
révolution scientifique, inaugurée par Galilée, qui remet en cause tous les
fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre
d'un univers fini, une planète comme les autres.
L'homme est désormais jeté
dans un univers infini, sans repère fixe dans la nature, en proie au doute sur
sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.
Or,
Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la
place de l'homme dans le monde.
Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soimême.
En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :
« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.
Non que j'imitasse
en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à
m'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.
» (« Discours de la méthode »,
3ième partie).
Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, qui
tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».
Descartes, dans ce temps d'incertitude et de.
»
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