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La conscience morale est-elle le produit de la vie sociale ?

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« Étymologiquement, le terme « morale » vient du latin mores qui signifie "relatif au moeurs".

La morale telle qu'elle s e définit traditionnellement est un ensemble de règles de conduite et de valeurs au sein d'une s ociété ou d'un groupe.

L'exigenc e morale détermine ce que l'on doit faire et cette exigence varie selon les sociétés dans lesquelles on vit.

Il y a en effet, certains actes jugés immoraux dans c ertains pays qui sont c onsidérés comme parfaitement normaux dans d'autres.

D'ailleurs , il faut bien voir que la conscience morale est souvent influencée par les lois qui s ont spécifiques dans chaque pays. P ourtant c omment les hommes pourraient se c omprendre s'ils ne partageaient pas quelques notions communes innées? En effet, il existe des tribunaux internationaux, c'es t que l'homme a en lui une c onscience morale qu'il partage avec tous les autres hommes? De plus, la vérité consc ience morale ne doitelle pas remettre en question ce qu'elle reçoit de la société, pour réfléchir sur ce qu'il c onvient de faire? L'exigence morale comme notions relatives "Les lois de la conscience que nous dis ons naître de la nature naiss ent de la coutume" M ontaigne En effet, la diversité des coutumes semble nous indiquer que les notions de bien et de mal c hangent d'une société à une autre, et dans une même société, en fonction du temps.

Il est possible qu'un ac te soit défendu par la morale dans un pays et autoris é voire encouragé dans un autre.

Par exemple, il est admis en C hine de manger du chat; en O ccident, cela apparaîtrait contre morale et est répréhensible. De plus, les lois, qui nous dic tent ce qui es t juste, ce qui ne l'est pas et qui sont souvent au fondement des jugements moraux sont totalement relatifs aux pays dans lequel on vit.

Tout système juridique est en effet relatif à une société.

O n peut donc déplorer le caractère changeant des lois , et la relativité de la justic e ins titutionnelle : "P laisante jus tice qu'une rivière borne! V érité en deçà des P yrénées, erreur au-delà" constate P ascal.

P our le philosophe, il n'y a que la coutume qui puiss e fonder le principe d'équité. C 'est donc la s ociété qui fournit la morale.

C 'es t un phénomène social au même titre que les rites, le langage, les politess es.

D e plus, pour D urkheim, la c o n s c ienc e individuelle n'est qu'un écho de la conscience collective en nous. " C 'es t la société qui nous forme moralement" " Notre conscience morale est son oeuvre et l'exprime; quand notre conscience parle, c'est la société qui parle en nous." ( L'éducation morale) De plus, cette voix a un ton de commandement et la morale est vécue comme autorité à laquelle on ne peut échapper. M ais si les règles qui régissent l'exigence morale, les notions de bien et de mal s ont relatives alors comment les hommes de différentes c ultures peuventils s'entendre? L'exigence morale comme donnée de la raison innée "Je dis que le r e s p e c t d e l a vie d'autrui n'est pas un devoir soc ial, attendu qu'il existe indépendamment de l'existence o u d e l a nature d'une société quelconque.

" A lain.

Il existerait au contraire certaines exigences morales qui sont indépendantes de toutes c ulture et applic ables en tout temps et en tout lieu. De plus, Lévi-Strauss a bien mis en évidence que la prohibition de l'inc este était universelle et était le fondement de toute société, de tout passage de la nature à la culture, cela veut donc bien dire qu'il existe des caractères universaux de la conscience morale.

Dans P rotagoras de P laton, Protagoras soutient que tous les sentiments moraux sont innés. P renant cette réflexion comme point de départ, Kant va chercher à déterminer s'il n'existe pas une loi morale a priori, c'est-à-dire qui ne serait pas apprise par l'expérience ou par la société.

I l formule alors c e qu'il nomme l'impératif catégorique, c'est-à-dire un impératif qui s e vaut par lui-même, indépendamment d e n o s d é s i r s et d e t o u t e s c h o s e s extérieures.

V oici sa première formulation : " Agis comme si la maxime de ton action pouvait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature ". ou encore: «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs (1785). • L'impératif c atégorique d e Kant est distinc t du commandement chris tique quant à s o n fondement.

E n effet le commandement d'amour du C hrist vient de l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui presc rit l'obéissance inconditionnelle au C hrist.

L'impératif kantien vient, lui, de la rais on.

C 'est en nous - m ê m e s q u e n o u s le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notre moralité. • Q u e c e soit un «impératif» ne s ignifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvons mes urer s i nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvais e conscience»). • I l s e distingue aussi par s a portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».

C 'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaiss ant en eux la dignité humaine.

M ais c ' e s t a u s s i p l u s exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C 'es t l à que le «devoir» est ressenti comme tel. C et impératif est présent dans tout homme et es t universel.

Il existe bel et bien une exigence morale qui ne soit pas dictée par la société mais par la nature de l'homme, de sa raison. M ais cette règle répond à un critère formel et rend difficile la pratique, en effet, elle ne dit aucunement que faire dans les situations particulières. Une exigence morale comme réflexion personnelle P our pouvoir en toutes circonstances, déc ider de c e qu'il faut faire, l'homme peut et doit se créer une propre exigence morale.

En effet, s i l a s o c i é t é influence les règles de conduites, la réflexion et la connaiss ance peuvent permettre à l'homme de prendre de la distanc e vis - à - v i s d e c e l l e s - c i et se construire son propre système de jugement.

O n pourrait alors parler plutôt d'exigence éthique, qui prendrait naiss ance non dans les moeurs d'une s ociété mais dans une décision rationnelle. " T oute la moralité de nos actions est dans le jugement que nous en portons nous-mêmes." Rousseau De même, A lain fait valoir que l'exigence morale que met en place la société n'es t rien, chaque homme se fait sa propre morale.

"je m'interdis de voler qui que c e soit ; j'ai la ferme volonté d'être jus te et charitable envers mes s emblables, et non pas seulement envers mes c oncitoyens [...] La société n'a donc rien à faire ici ; elle ne doit pas être considérée.

" A lain (Propos) P our Sartre, s'il n'y a pas de valeurs morales préétablies et universelles, c'est donc à l'homme de se les créer.

" C e qu'il y a de commun à l'art et à la morale, c'est que, dans les deux cas, nous avons c réation et invention.

Nous ne pouvons pas déc ider a priori ce qu'il a à faire." L'exis tentialisme est un humanisme Nous pouvons donc dire avec Hegel que la conduite morale donne au sujet "conscience de s a perfection s ingulière" et que la création pour chacun de c o n s c ienc e morale individuelle donne un sens et une valeur particulière à l'individu qui réfléchit s ur sa conduite. L'homme doit donc prendre c onscience que les circonstances sociales déterminent en grande partie sa conscience morale et sa conduite puis y réfléchir. M ais de ce fait, il se doit de prendre une distance critique vis -à-vis de celle-ci et régler lui-même l'usage qu'il fait de sa propre liberté.

Même si la loi morale kantienne est complexe à appliquer dans la vie quotidienne, elle donne l'occasion à l'individu de prendre cons cienc e que son action ne peut être réglée que sur son intérêt privé et a des conséquences pour l'ensemble des hommes.

P ersonne d'autre que moi-même ne peut décider si mon ac tion répond à l'exigence morale et n'est pas mauvaise.

Parce l'inconscience revient à autoriser à faire le pire, l'indispensable est de peser nos décis ions dans notre c o n s c ienc e et d'inventer sa propre règle d'action, redonnant ainsi à l'homme une liberté et une responsabilité s alvatrices .. »

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