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La conscience morale est-elle innée?

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« RAPPEL DE COURS: LA CONSCIENCE MORALE La conscience n'est pas seulement l'état intellectuel grâce auquel je suis présent à moi-même.

Elle désigne aussi un état moral (ce qui se remarque au fait que le nom « conscience » a donné deux adjectifs : « conscient » et «consciencieux»).

C'est ainsi que Rousseau dit de la conscience qu'elle est un « instinct divin », c'est-à-dire un moyen immédiat et infaillible de reconnaître le bien du mal.

La conscience est ici une « voix intérieure » qui est « un principe inné de justice et de vertu » : les principes qui réglementent la moralité, écrit Rousseau, « je les trouve au fond de mon cœur, écrits en caractères ineffaçables ».

Il y a d'ailleurs un lien entre ces deux significations de la notion de conscience : c'est parce que nous sommes intellectuellement conscients de ce que nous faisons que nous pouvons en être tenus pour moralement responsables.

La conscience implique la responsabilité, c'est-à-dire la capacité de pouvoir répondre de nos actes et de nos pensées. Si on définit la conscience morale comme la capacité humaine à répondre à la question " que dois-je faire ? ", on doit se demander si ces réponses sont la conséquence même du fait de vivre en société, d'être en relation avec autrui au sein d'un certain ordre.

Si oui, la morale dépend d'une situation concrète, historique et déterminée , si non, elle préexiste à la vie sociale, au risque de s'opposer parfois à elle puisqu'on aurait là deux ordres distincts.

Il faut donc interroger cette dépendance entre la morale et l'histoire, entre les normes et les faits.

Mais si je considère que la conscience morale est radicalement indépendante de la vie sociale, serais-je vraiment sensible à l'existence d'autrui ? • La conscience morale a une origine sociale + L'homme n'est pas un être naturellement moral « La conscience consiste à juger correctement ce qu'on doit faire » (Aristote, Grande Morale, 1197 b).

Elle se réalise par la capacité de choisir de faire le bien plutôt que le mal.

L'idée que l'homme n'est pas un être naturellement moral est présente chez le sociologue Lévy-Bruhl.

Dans toute société il y a des moeurs qui s'imposent, ainsi que des obligations et des interdits.

Les pratiques morales d'une société donnée sont donc liées aux croyances religieuses, à l'état économique et politique, aux acquisitions intellectuelles, aux conditions climatiques et géographiques, bref, à l'ensemble des séries concomitantes des phénomènes sociaux. + Considérer la conscience morale comme un fait culturel conduit au relativisme Affirmer que la conscience morale n'est qu'une manière de sentir et de penser que l'individu acquiert et développe au sein de la vie sociale permet de rendre compte de la diversité, selon les lieux et les temps, des conceptions du bien et du mal.

Mais cela ne permet pas d'expliquer comment l'individu peut se sentir obligé par des règles qui lui sont au départ étrangères.

A moins de considérer, avec le sociologue Durkheim, que la société représente pour l'homme une autorité sacrée à laquelle il accepte de se soumettre.

Mais ce serait là diviniser la société et confondre morale et conformisme.

Enfin et surtout, traiter la conscience morale comme un fait culturel peut conduire à affirmer que toutes les morales se valent, qu'il n'y a pas de hiérarchie des valeurs.

C'est une autre manière de dire qu'il n'y a pas de morale mais uniquement des moeurs et des usages. • La conscience morale est innée + Rousseau prétend que l'homme a un sentiment inné du bien Rousseau: "Conscience ! Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal" Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile, aborde la question de la conscience dans sa dimension morale.

En effet, si comme nous l'avons montré dans l'analyse de la citation de Pascal, la conscience signifie au sens premier « accompagné de savoir », elle prend également un sens moral, et les expressions que nous venons d'évoquer montrent qu'elle apparaît comme ce sentiment qui pourrait nous permettre de distinguer le bien du mal. Tel est le sens de la formule de Rousseau puisqu'il la qualifie de « juge infaillible ». Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme possèderait.

Il suffit alors d'écouter « la voix de sa conscience » pour savoir qu'on a mal agi, ou, pour bien juger, de juger « en son âme et conscience ».

Si. »

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