La conscience et l'inconscient
Publié le 12/06/2023
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CH3: LA CONSCIENCE ET L’INCONSCIENT
INTRO:
3 formes de conscience:
★ conscience immédiate: perception du monde extérieur.
Elle est propre à tous les êtres vivants.
★ conscience réflexive ou conscience de soi: capacité pour le sujet de se représenter lui-même
comme un sujet unique et distinct du monde extérieur.
(renvoie à l’introspection)
★ conscience morale: avoir conscience de l’impact, des conséquences de ses actes sur le monde
extérieur.
Elle est liée à la conscience réflexive, car pour avoir conscience des répercussions
de ses actes, on doit avoir conscience du fait qu’on en est l’auteur.
Conscience: processus de représentation de nous-même par la conscience réflexive et représentation
du monde par la conscience immédiate.
C’est elle qui nous rend responsables de nos actes par la
conscience morale.
I.
La conscience de soi permet-elle la connaissance de soi ?
Est-ce qu’avoir conscience de soi, c'est avoir connaissance de soi ?
1) La conscience de soi est le propre de l’Homme
PASCAL, Pensée
- La conscience est la spécificité, grandeur et misère de l’Homme.
- spécificité: l’homme est la seule créature à avoir conscience de sa finitude et de sa petitesse
dans l’Univers.
- misère: c’est ce qui l’empêche d’être heureux, car il a conscience du temps qui passe.
- grandeur: il peut penser la grandeur du temps et de l’Univers, et va pouvoir cultiver sa pensée.
KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique
- Le terme “personne” a valeur morale parce que l’individu est rendu conscient et responsable
de ses actes juridiquement.
On devient une personne lorsqu’on emploie le “je” pour se
désigner, comme c’est le début de la conscience réflexive.
- La permanence du “je” nous responsabilise puisque même si on évolue au cours d’une vie, le
“je” reste stable, car nous restons nous-m
- Donc conscience = responsabilité
Question animale: les animaux n’auraient x de conscience d’eux-mêmes.
- Les humains ont des droits comme ils ont des devoirs, hors les animaux n’ont pas de devoirs
donc ils ne devraient pas avoir de droits et ont un statut de chose
Sartre
- La conscience réflexive nous distingue de l’animal, car elle nous permet de prendre du recul
par rapport à notre expérience du monde pour interroger la signification de nos pensées,
émotions, actions, alors que l’animal agit par instinct pour répondre à ses besoins.
On va
pouvoir s’en détacher, ce qui nous rend libres dans nos choix et actions.
- Nous sommes aussi libres dans la façon dont nous interprétons le monde et donnons un sens à
l'existence.
Grâce à la conscience réflexive, nous pouvons défier les normes sociales, les
conventions et les préjugés et créer notre propre sens et identité.
2) La conscience de soi est le fondement de toutes nos connaissances
La notion de conscience de soi devient importante à partir de Descartes (XVIIe siècle).
Il la place au
fondement de tous nos savoirs et de la connaissance.
- Problème auquel il répond: Sur quoi peut-on fonder sciences/connaissances afin d’accéder à
une vérité certaine et indubitable ?
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Pour ce faire, il va se demander ce qui est véritablement certain et va dire qu’au fond, toutes
nos opinions, croyances ont été acquises/apprises à un âge auquel nous n’étions pas en mesure
de les juger nous-mêmes.
Ce sont des préjugés.
- Pour fonder une science certaine, il va falloir faire table rase de tous nos préjugés.
Distinction: vérité / réalité, car la vérité, c’estle rapport d’adéquation entre la réalité et ce que je dis
Descartes, Méditations métaphysiques
- Descartes va, via l’introspection, se rendre compte que ses croyances sont en réalités
douteuses et incertaines.
- Il va donc chercher les fondements certains de la vérité pour fonder une science certaine.
- Méthode: doute hyperbolique.
C’est l’utilisation d’un doute total et exagéré qu’il va
méthodiquement appliquer à l’ensemble des connaissances pour en trouver des indubitables.
ATTENTION: le doute est ici un moyen qui ne dure qu’un moment.
Descartes n’est pas un sceptique:
le scepticisme est une philosophie qui doute de tout.
Première méditation:
- fiabilité des sens: ils nous ont trompés au moins une fois (Exemple: les étoiles ont l’air
proches, mais sont loin).
On ne peut pas leur faire confiance, donc les vérités des sens sont
incertaines.
- rêve: la distinction rêve/réalité n’est pas marquée nettement de sorte qu'on puisse avoir un
doute.
On ne peut donc pas en faire une vérité certaine.
- réalités mathématiques: elles survivent à l’argument du rêve et à celui du doute hyperbolique,
donc Descartes va utiliser l’argument du malin génie: on envisage la possibilité qu’un dieu
mal intentionné nous ait, depuis toujours, fait croire que certaines choses étaient vraies alors
qu’elles sont fausses.
Cela implique les vérités mathématiques.
Bien qu’improbable, cette
thèse n’est pas impossible ou inconcevable = invalidation des vérités mathématiques.
Fin de la 1ʳᵉ méditation: Aucune de nos croyances/ connaissances est indubitable
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Cependant, en admettant la thèse du malin génie, il reste une chose certaine, celle qu’on se
pose cette hypothèse, qu’on est en train de douter.
Le fait de douter, de penser, survit à
l’épreuve du doute.
C’est ce que Descartes va appeler la conscience.
La première vérité, certitude indubitable, est le fait d’être un être pensant, d’avoir conscience
de sa propre existence.
Cette conscience est le cogito ergo sum: “je pense, j’existe” [en tant
qu’être pensant].
C’est expérience de la conscience de soi, donc la conscience réflexive
Étant la première vérité indubitable, Descartes va faire reposer toutes les connaissances sur
celle-ci, car elle est selon lui le fondement des connaissances pour tout reconstruire sur des
bases solides.
De plus, cette première vérité se saisit dans la solitude de sa propre pensée.
C’est le solipsisme: idée que c’est dans la solitude de sa propre conscience qu’on atteint une
vérité.
On procède donc à une introspection.
Cette idée d’introspection va être contestée par d’autres philosophes:
- connaissance d’autrui: Quel statut peut-on lui donner sachant que l’on n'a pas accès aux
pensées des autres et que l’accès à ses pensées fait de nous un être pensant ? On ne peut donc
pas vérifier si les autres sont des êtres pensants.
Réponse de Descartes: Comme les autres me ressemblent physiquement, ils sont “comme
moi” donc je peux supposer que comme moi, ils sont des êtres penseurs.
C’est le principe de
l’alter égo.
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II.
Problème de cette réponse, on pense les autres avec la ressemblance à soi, ce qui mène à un
effacement de la particularité de chacun
hypothèse de l’inconscient: Cette théorie suppose une clairvoyance de la conscience rendant
cette connaissance de soi évidente.
Or, l’hypothèse de l’inconscient stipule qu’on a des choses
cachées en nous et qui ne sont pas claires.
Puis-je me connaître sans la médiation d’autrui
La connaissance de soi peut-elle suffire à l’introspection alors que la connaissance de soi suppose une
certaine extériorité ? On connaît un objet en le regardant d’un œil extérieur.
On va poser la thèse de
l’intersubjectivité qui est un renversement à la pensée de Descartes.
Autrui serait premier dans la
connaissance de moi-même.
1) Autrui par son recul perçoit qui je suis
Hypothèse 1: Je suis très mal placé pour m’observer, car je manque de recul et ne suis donc pas
objectif.
Autrui m’étant extérieur, il dispose d’une certaine objectivité et va être le témoin de ce que je
laisse transparaître malgré moi.
Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne
Il a une distinction entre ce que je suis et qui je suis
- qui je suis: ce que les autres perçoivent de moi et que je laisse transparaître implicitement,
involontairement, et que je ne peux pas connaître, car les autres sont les seuls à pouvoir le
percevoir.
Ce sont nos actions: en agissant, on n’est plus dans la théorie (pensée) et donc on
ne contrôle plus.
- ce que je suis: l’ensemble de mes qualités que je peux énumérer.
C’est l’image que je renvoie
de moi que je contrôle et de la manière dont, théoriquement, je me présente aux autres, dont je
décris les caractéristiques.
Autrui serait le spectateur de ce qui se révèle dans nos paroles et dans nos actes.
Quand on est pris
dans une activité et qu’on ne réfléchit pas à la façon dont on se présente, à soi, on se révèle de la
manière la plus claire à l’autre.
Pour autant, autrui a-t-il une objectivité sur son regard sur nous ? Non, car autrui n’est jamais à l'abri
d’un jugement, d’un jugement biaisé puisqu'il juge à partir de sa subjectivité.
Autrui a beau être plus
objectif que nous, il ne l’est pas complètement comme il reste biaisé.
Renversement: Arendt/Descartes
Arendt: autrui me connaît mieux que moi-même parce que ma subjectivité m’empêche de me
connaître entièrement.
Descartes: je me connais entièrement dans la solitude
2) Le regard d’autrui me révèle à moi-même
Hypothèse 2: Peut-être qu’autrui me connaît mieux que moi-même, mais j’ai quand même besoin
d’une médiation.
Son regard peut m’aider à prendre conscience de ce que je refuse de voir par rapport
à moi-même.
ex: la honte
Jean-Paul Sartre, L’être et le néant
-....
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- « C'est que la conscience n'est qu'un instrument ; et eu égard à toutes les grandes choses qui s'opèrent dans l'inconscient [...] il n'y a peut-être pas d'organe aussi mal développé, aucun qui travaille si mal de toutes les façons. » Nietzsche, La Volont