La conscience et l’inconscience 'cours de philo)
Publié le 09/11/2023
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«
Conscience et inconscience
Introduction :
La conscience place l’être humain en tant que sujet ; tant impersonnel, au regard de l’ensemble
des propriétés qui ne sont pas les siennes mais qui sont liées à son appartenance sociale
(Broëdel) ; mais également entant que sujet de conscience, confronté à ses idées, ses projets,
ses sentiments.
La conscience est donc individualisante et le sujet individualisé se définit selon
plusieurs composantes :
1) Le sujet individualisé a conscience de lui-même, cette conscience est liée à sa sensibilité,
son émotionnalité, son anticipation, …
2) Le sujet individualisé est capable de moraliser ses actions.
3) Le sujet individualisé a une capacité d’introspection et une adaptation à son
environnement (intégration des codes sociaux, intelligence symbolique)
4) Le sujet individualisé est capable d’utiliser cette capacité d’introspection pour devenir un sujet
d’analyse et mener une réflexion sur lui-même
5) Le sujet individualisé a une perspective de maitrise de soi « Connais-toi toi même » - Socrate
En 1985, le neurologue Olivier Sacks publie L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, un
ouvrage dans lequel il présente certains cas psychologiques le plus insolite de sa carrière.
Parmi
eux, Jimmie, un ex-soldat de 50 ans qu’il rencontre en 1975, qui est convaincu d’avoir 20 ans.
Après plusieurs test, Sacks conclut que Jimmie est atteint du syndrome de Korsakoff, une grave
maladie neurodégénérative qui lui fait perdre toute sa mémoire.
Cela fait donc 30 ans que
Jimmie n’a pas pu conserver un seul souvenir.
Lorsque Sacks décide alors de lui tendre un miroir
; le patient est complètement perdu : d’un côté il est impossible que ce soit lui dans le miroir
étant donné que l’homme qui lui fait face a la cinquantaine alors que lui n’a que 20 ans.
Et de
l’autre, il est impossible que ce ne soit pas lui, les traits caractéristiques de son visage étant bien
les siens.
Tout se passe comme si Jimmie était lui-même et un autre.
Il semble donc que notre conscience de nous-mêmes soit étroitement liée à notre mémoire.
Notre identité serait une construction reposant sur les expériences vécues qui
définissent qui nous sommes.
La pathologie mentale de Jimmie démontre que nous ne
sommes pas nécessairement qui nous pensons être.
Nous sommes les seuls à avoir accès
à notre conscience : nous serions donc les mieux placés pour nous connaître.
Pourtant nous
oublions des évènements de notre histoire personnelle et n’anticipons pas parfaitement nos
réactions.
N’est-ce pas le signe d’un écart entre ce que nous sommes et ce que nous
pensons être ? Comment expliquer cet écart ?
Conscience et inconscience
I.
Les trois dimensions de la conscience.
L’identité désigne à la fois ce à quoi on s’identifie (exemple : lycéenne, parisienne,
végétarienne) et ce qui reste identique à travers le temps.
L’identité est ce qui demeure
en deçà de tous les changements qui nous arrivent : par exemple, c’est bien moi, ce bébé sur
la photo de famille, même si j’ai changé du tout au tout depuis.
Parce que nous avons une
identité, nous pouvons reconnaître nos passés et anticiper nos avenirs comme étant les
nôtres : l’identité est ce qui fait la liaison entre la conscience que j’avais dans le passé et
celle que j’ai aujourd’hui.
C’est pourquoi l’identité de Jimmie est faussée.
Sans mémoire, il
est incapable de reconnaître son passé comme le sien et anticipe mal l’avenir : ses attentes
sont celles d’un homme de vingt ans.
Selon Henri Bergson, la question de l’identité est inséparable de la dimension temporelle
de la conscience.
Si nous n’étions pas capables de garder en mémoire les évènements, nous
ne saurions avoir conscience de nous-mêmes.
L’attention au présent permet au souvenir
de se constituer : ainsi, nous retenons (ou mémorisons) ce qui devient le passé.
Mais
« l’attention est une attente », elle est aussi tournée vers l’avenir.
Nous sommes
soucieux de ce qui va arriver : nous anticipons l’avenir.
La conscience permet donc
au sujet de se situer dans le temps.
« Retenir ce qui n’est déjà plus, anticiper sur ce qui n’est pas encore, voilà donc la première fonction
de la conscience » - Henri Bergson
L’exemple de la mélodie illustre bien cette idée.
Pour apprécier un air, je dois me souvenir
des notes juste passées, être attentif à celles que je perçois actuellement et anticiper celles à
venir.
Sans anticipation, je ne saurais voir mes attentes comblées ou déçues ; sans
attention je ne saurais avoir conscience de l’existence de la mélodie ; et sans mémorisation,
je n’entendrais qu’une suites de notes sans aucun lien entre elles.
Bergson en conclut que
le présent de la conscience est une présent « épais » : plutôt qu’un instant sans
durée, il concentre les trois dimensions du temps dans la conscience.
II.
Quelle vérité la conscience nous livre-t-elle ?
Nous percevons le monde en tentons d’en élaborer les lois, de comprendre les évènements
qui s’y sont déroulés et de prévoir ceux qui surviendront.
Tout ceci n’est rendu possible que
par la conscience : c’est elle qui nous ouvre le monde.
C’est là un problème : notre seul
accès au monde extérieur est un accès subjectif.
Nous sommes limités par nos sens, qui
sont parfois trompeurs, par nos facultés cognitives, et par l’impossibilité dans laquelle nous
sommes de vérifier parfaitement et objectivement toutes nos connaissances.
Par
conséquent, comment être certain de ce dont nous avons conscience ?
Conscience et inconscience
Cette interrogation est à la source de la démarche du doute méthodique entreprise par
René Descartes dans les Méditations Métaphysiques, appelée aussi cogito («je pense » en latin).
Constatant qu’il a reçu « quantité de fausses opinions pour véritables », c’est-à-dire qu’il a été
convaincu d’un grand nombre de faussetés, il décide de douter scrupuleusement de tout.
Son
doute est hyperbolique : René Descartes cherche en toutes choses n’importe quelle raison de
les remettre en cause, même la plus fantasque ou la plus absurde.
L’exagération et la rigueur
de son doute lui permettront, il l’espère, de trouver une vérité absolument certaine et
indubitable.
Peut-on se fier aux connaissances héritées du passé, à l’histoire par exemple ? Les sources
les plus fiables se sont déjà trompées.
Il en va de même pour les propos d’autrui.
Peu importe
l’autorité intellectuelle de mes intellocuteurs, ils peuvent faire erreur ou mentir ; je dois donc
douter de tout ce qu’ils affirment.
Et ce que je perçois par mes sens alors ? Me sens m’ont déjà
trompée (ex : illusion d’optique), pourquoi ne le feraient-ils pas tout le temps ?
Même les vérités mathématiques n’échappent pas au doute.
Descartes le montre par une
expérience de pensée : il fait l’hypothèse d’un « mauvais génie », puissance divine malveillante
déterminée à me faire commettre des erreurs.
Son pouvoir de falsification et de tromperie
serait tel qu’il pourrait même faire en sorte que deux et deux ne soit pas égal à quatre ! Mais si
le mauvais génie trompe, c’est bien qu’il y a quelqu’un, un sujet, à tromper.
Et, tant que je suis
capable de douter de tout ce que je tiens pour vrai, je pense.
Ainsi, même si tout ce que nous pensons est faux, il y a une chose qui ne peut pas l’être : le
fait que nous pensons.
Le cogito montre que la vérité première et la plus fondamentale
est la conscience que nous avons de nous-mêmes.
Descartes considère que nous
connaissons de manière claire et évidente notre pensée, bien mieux que notre corps et que le
monde extérieur.
III.
De ma conscience à celle des autres.
Je suis absolument certain de mon existence en tant que conscience, mais tout le reste est sujet
au doute.
Dès lors, comment éviter le solipsisme (= théorie d’après laquelle il n’y aurait pas
d’autre réalité que celle de notre conscience et donc que nous serions seuls au monde) ?
Puisque je n’ai accès qu’à ma conscience, rien ne semble me permettre de juger avec
certitude absolue que d’autres consciences existent.
Nous ne percevons pas la conscience chez
les autres, mais nous pouvons raisonner par analogie et considérer comme hautement
probable qu’ils en sont eux aussi dotés.
N’y a-t-il pas des moyens d’avoir accès à la conscience
d’autrui ?
La théorie des états cérébraux portée par des neuro biologistes tels que Jean-Pierre
Changeux ou Stanislas Dehaene suppose qu’à chaque état mental correspond un cheminement
neuronal déterminé.
Par exemple, la douleur correspondrait à un certain circuit neuronal, et
l’émerveillement à un autre, ce que pourraient révéler des scanners cérébraux.
En droit, la
Conscience et inconscience
Cette théorie produit des résultats thérapeutiques encourageants En permettant à des
paraplégiques de déplacer leur fauteuil par la pensée.
Elle est pourtant conceptuellement
non-nécessaire : rien n’invalide cette hypothèse, rien ne la valide non plus.
Par exemple, on
pourrait tout à fait imaginer qu’un chat ressente la douleur de la même façon que nous sans que
cela ne corresponde au même cheminement neuronal.
Une autre piste est celle ouverte par le behaviorisme « méthodologique ».
Constatant que
l’accès direct à la conscience des autres est....
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