La conscience est-elle source d'illusion ?
Extrait du document
«
[La conscience est pure subjectivité.
Elle est influencée par l'inconscient et par autrui.
Elle n'éclaire
jamais la réalité de manière objective, mais par rapport a ma propre sensibilité.]
Je ne sors jamais de moi-même
L'une des principales raisons expliquant que la conscience est source d'illusions tient au fait que je ne peux
jamais véritablement sortir de moi-même.
Je ne peux être pour moi-même un objet.
Même lorsque je me mets
à distance de moi-même, que je m'observe, je ne le fais jamais de manière parfaitement neutre.
Le regard que
je porte sur moi est toujours teinté de subjectivité.
C'est avec mes propres yeux que je me regarde.
Tant est
si bien qu'un philosophe comme Sartre a pu dire que la connaissance de soi passe par la reconnaissance
d'autrui.
Je suis influencé sans en avoir conscience
J'ai conscience que je désire, mais je ne sais pas au juste pourquoi je désire ceci plutôt que cela.
Très
souvent, je ne fais que mimer, sans le savoir, le désir d'autrui.
Mon désir n'est alors en définitive que désir
d'autrui.
Très souvent également, mon inconscient détermine mes pensées et mes actes.
Freud dira que: "Le
moi [cad la conscience] est pas le maître dans sa propre maison".
Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais
aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de
l'inconscient.
Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs
(ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur
nous..
Pour le dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne
choisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans la
clarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le
contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison »,
il ne serait pas maître de lui.
Empruntons à Freud un exemple simple.
Un président de séance, à
l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je
déclare la séance ouverte ».
Personne ne peut se méprendre sur ses
sentiments ; il préférerait ne pas être là.
Mais ce désir (ne pas assister
au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la
politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.
Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement
en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et
qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.
Il y a donc conflit,
au sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux
normes morales et un autre désir plus « gênant ».
Or, dans notre
exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président,
parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ».
Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut
pas être là.
Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que
j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.
Or pour Freud le cas est exactement
identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré
par le sujet.
Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.
Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de
deux forces.
L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes
manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en
gros selon le même schéma.
L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois
extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui
bousculent et négligent ces règles.
Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait
conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée,
déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif.
Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes
conscientes et morales que j'accepte.
« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai
pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même,
ce conflit, ce symptôme..
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