La conscience est-elle source de liberté ou de contrainte ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
La conscience est une faculté, caractéristique de l'homme, à avoir une connaissance de qu'il est et de ce qu'il fait,
et donc à pouvoir penser le monde qui l'entoure et les rapports qu'il entretient avec lui.
La conscience est ici
interrogée en rapport avec la notion de liberté, puisqu'on nous demande de choisir entre deux affirmations
possibles : la conscience est source de liberté d'une part, la conscience est source de contrainte d'autre part.
L'expression « source de », d'abord, renvoie à la fois à une cause et à une origine : la conscience rendrait possible
et provoquerait, au choix, la liberté ou la contrainte.
Ces deux termes semblent opposés l'un à l'autre, mais il conviendra d'interroger cette opposition et peut-être de la
remettre en question.
On définit en effet souvent la liberté comme un état d'absence de contrainte, un état dans
lequel je peux faire tout ce que je veux.
La contrainte est alors comprise à la fois comme une obligation et comme
un empêchement, une entrave.
Il faudra ici s'efforcer de mettre en relation les concepts de liberté et de contrainte en relation avec le concept de
conscience, dont il faudra envisager les différents aspects : la conscience en effet permet à l'homme d'agir sur le
monde, de le transformer, mais aussi de se connaître et de connaître la peur, l'angoisse, le souci du futur par
exemple, ainsi que de se sentir responsable du monde qui l'entoure, ce qui peut être compris comme une forme de
contrainte.
Comment penser alors le rapport de la conscience et de la liberté ? La conscience est-elle une condition de la
liberté ? – peut-on ainsi dire d'un animal, qui n'a pas la conscience que l'homme a de lui-même, mais qui peut faire
ce qu'il veut quand il le veut parce qu'il n'est pris par aucune contrainte, qu'il est libre ? Mais la conscience pourrait
être aussi comprise comme la condition d'existence de la contrainte : l'homme conscient peut s'organiser,
commander ou obéir, imposer sa volonté, en un mot, contraindre le monde.
De la même manière, la conscience lui
permet de connaître des affects comme la peur, l'angoisse, qui font qu'il peut considérer sa conscience comme un
fardeau.
C'est cette articulation difficile entre les différents concepts en jeu qu'il faudra élucider.
Proposition de plan
I.
L'efficace de la conscience
La faculté humaine de la conscience fonde le rapport que l'homme entretient avec le monde, et fonde donc aussi
son état de liberté ou de contrainte, en ce qu'elle lui permet de penser ces états.
Cette caractéristique de la
conscience – celle de permettre la pensée – est une première manière d'aborder le problème des rapports de la
conscience avec la liberté et la contrainte : grâce à elle, l'homme peut penser et agir en sachant comment il pense
et agit.
La conscience est donc à la fois une garantie de liberté dans les actes, en ce qu'elle délivre l'homme de
l'automatisme animal, et une source de contrainte, en ce qu'elle rend l'homme responsable de ce qu'il fait.
Epictète
« Quand on ignore qui on est, pourquoi on est né, dans quel monde et avec
quels compagnons on vit, ce qu'est le bien et le mal, le beau et le laid, quand
on ne connaît rien à la démonstration ni au raisonnement ni à la nature du
vrai et du faux, quand incapable de les distinguer, on ne se conforme à la
nature ni dans ses désirs, ni dans ses aversions, ni dans sa volonté, ni dans
ses intentions, ni dans ses assentiments, ses négations ou ses doutes, on
tourne de tout côté comme un sourd et un aveugle, on croit être un homme
et l'on n'est personne.
Depuis que la race humaine existe, toutes nos fautes,
tous nos malheurs ne sont-ils pas nés d'une pareille ignorance ? »
Rousseau: "Conscience ! Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal"
Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile, aborde la question
de la conscience dans sa dimension morale.
En effet, si comme nous l'avons
montré dans l'analyse de la citation de Pascal, la conscience signifie au sens
premier « accompagné de savoir », elle prend également un sens moral, et les
expressions que nous venons d'évoquer montrent qu'elle apparaît comme ce
sentiment qui pourrait nous permettre de distinguer le bien du mal.
Tel est le
sens de la formule de Rousseau puisqu'il la qualifie de « juge infaillible ».
Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme possèderait.
Il suffit alors d'écouter « la
voix de sa conscience » pour savoir qu'on a mal agi, ou, pour bien juger, de juger « en son âme et conscience ».
Si
on peut alors définir l'homme par la conscience, c'est donc aussi en tant qu'être moral ou, en tout cas, en tant
qu'être pour qui la question morale se pose.
Pourtant, faire reposer la morale sur un sentiment n'est pas sans poser
problème.
En effet, n'est-il pas possible de faire le mal en toute bonne conscience ?
Comment dans ces conditions Rousseau peut-il soutenir l'infaillibilité de ce sentiment ? Parce qu'un sentiment anime.
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