La conscience est-elle le propre de l'homme ?
Extrait du document
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Analyse du sujet
·
Eléments de définition
La conscience = du latin cum-scire qui signifie savoir avec.
Connaissance plus ou moins claire
que chacun possède immédiatement de son existence, de ses états (affections,
représentations), de ses actions et du monde extérieur.
Sentiment de soi-même, de son identité = Descartes, Lettre au Père Gibaud du 19
janvier 1642.
/ Locke Essai philosophique concernant l'entendement humain, L II, ch.
XXVII.
/ Kant Critique de la raison pure, préface de la seconde édition, analytique, §16.
Le sujet, l'être-pour-soi, opposé à chose, en soi = Hegel, Propédeutique
philosophique, Intro., §2 et Phénoménologie de l'esprit / Heidegger, Etre et temps /
Sartre, L'Etre et le Néant, Intro.
3.
Propre = 1) Qui appartient exclusivement à un sujet déterminé, individu ou espèce, et permet
de le différencier.
Par extension : qui est particulier à quelques individus d'une espèce donnée.
2) Qui est approprié, convenable à un certain usage.
Le sens propre d'un mot est son sens
exact.
3) Comme substantif, qualité découlant nécessairement de l'essence de façon exclusive à tous
les êtres de la même espèce.
L'homme = Dans l'Antiquité, il désigne une nature indéterminée, difficilement définissable, un
pouvoir de penser (l'homme est un vivant rationnel) et, enfin, une réalité quasi surhumaine, en
rapport à un tout autre ordre, un vivant des cités (Aristote, La politique, I, 2, 1253a).
Dans les temps modernes, l'homme désigne l'être qui vit de signes, mais aussi le sujet de la
connaissance (Descartes, Méditations métaphysiques, Méd.
II / Discours de la méthode, IV),
qui maîtrise la nature, le sujet donateur de sens (Sartre), un être moral, responsable de
l'humanité (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs), un passage vers le surhumain
(Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, ch.
3).
·
Angles d'analyse
La question implique deux pistes de réflexion, pistes qui découlent du sens que l'on donne à
« propre » : en effet, premièrement il s'agira d'explorer la dimension spécifiquement humaine de
la conscience, ce qui revient à se demander si seul l'homme possède la conscience.
Dans un
second temps, il s'agira de se demander, si cette même conscience suffit pour définir
essentiellement la « nature » (au sens neutre, de genre, d'espèce) de l'homme en tant que tel.
C'est donc un travail de définition rigoureux de la conscience qui va pouvoir nous amener, a
fortiori, à une définition rigoureuse de l'essence de l'homme.
Ce qui est enjeu ici c'est donc bien la question de la spécificité de l'essence humaine,
spécificité qui fait que nous distinguons l'homme des animaux par exemple.
Se demander donc
si la conscience est bien le propre de l'homme, revient, au fond, à remettre en question son
appartenance exclusivement à l'humanité comme espèce, et donc, par conséquent, à remettre
en cause l'idée même d'une singularité humaine.
Problématique
La problématique doit sous-tendre une double tension, à savoir : la conscience appartient-elle de manière
exclusive à l'homme, en tant qu'elle lui est entièrement et par nature spécifique ? Mais aussi : La conscience se
suffit-elle à elle-même, comme propriété de l'être humain, pour définir l'essence même de l'homme ? N'est-elle pas
une condition de possibilité nécessaire mais non exclusive de cette essence ?
Plan
I-
Une spécificité humaine de la conscience
·
·
Le mot « conscience » vient du latin cum scientia qui signifie « accompagné de savoir ».
Être
conscient, c'est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu'on agit, qu'on sent et qu'on pense.
Le
fait d'être conscient constitue donc pour l'homme un événement décisif qui l'installe au monde et
lui commande d'y prendre position.
Car l'homme, dans la mesure où il est conscient, n'est plus
simplement dans le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants.
Il est au contraire
devant le monde et, dans ce vis-à-vis, le monde se constitue pour lui comme monde à connaître,
à comprendre, à juger ou à transformer.
Le monde est ainsi mis à distance et tout l'effort de
penser ou d'agir naît de cette expérience originelle de la séparation de l'homme et du monde,
instaurée par la conscience.
Mais ce n'est pas seulement du monde que l'homme se trouve ainsi exilé.
La proximité de
l'homme à lui-même est tout aussi problématique.
Car, d'une part, la conscience qu'il a de luimême à travers ses actes, sentiments ou pensées, ne lui en livre pour autant pas nécessairement.
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