La conscience de soi est-elle la première des certitudes ?
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«
Introduction :
La conscience de soi désigne la ressaisie par laquelle l'homme appréhende le monde et s'appréhende lui-même.
La
certitude est le mode de validité d'une connaissance telle qu'elle se présente à la conscience sous une forme
évidente.
Ainsi si la certitude est produite par un examen de la conscience, il serait logique que la conscience de soi
soit la première des certitude dans la mesure où la conscience de soi serait l'objet indirect de toute prise de
conscience.
On pourrait ainsi fonder une connaissance certaine sur cette certitude première à la fois d'un point de
vue chronologique et logique.
Cependant si l'on affirme que la conscience de soi est la première des certitudes, il est
probable qu'elle soit également la dernière.
En effet si la conscience de soi fait l'objet de la première certitude, elle
est amenée à devenir l'instance d'évaluation de ce qui est certain.
Or il n'est pas certain que l'on puisse penser
l'existence de ce qui est hors de la conscience de soi à partir de cette seule certitude.
Il y aurait ainsi un écueil à
cette conception : le solipisme est la certitude de la conscience de la conscience de soi qui ne parvient à penser le
monde et autrui que comme des modifications de sa propre conscience.
Nous sommes dès lors confrontés à ce
problème : si la conscience de soi est la première de la certitude, cela signifie t-il que l'on peut fonder sur
elle un ensemble de certitudes portant sur des objets extérieurs à la conscience de soi ou bien au
contraire cette conception ne nous condamne t-il pas à n'avoir de certitude que de la conscience que nous
avons de nous-mêmes au détriment du monde et d'autrui ?
I La conscience de soi première des certitudes
_ _Il n'y a d'existence assurée pour moi que par la conscience que j'aie de moi-même.
C'est ce que soutient
Descartes au début de ses Méditations métaphysiques .
Le monde lui-même ne peut être la première certitude
comme on pourrait s'y attendre car il est possible de douter de son existence.
En effet désireux de se défaire une
fois dans sa vie de ses opinions et de rechercher un fondement solide pour les sciences, Descartes commence par
suspendre sa croyance en la vérité de toutes ses opinions par le doute méthodique.
Plutôt que d'examiner mes
opinions les unes après les autres pour en proscrire toute fausseté, il choisit de s'attaquer aux fondements : puisque
le sensible m'a parfois trompé, toute connaissance qui se fonde sur du sensible doit être rejetée dans le doute.
Le
doute devient hyperbolique lorsque l'argument du rêve permet de feindre la folie des hommes sains : le rêve
m'apprend en effet que rien ne distingue le sommeil de la veille, aussi il est possible de douter de l'existence des
objets sensibles.
Si nos rêves sont des copies des choses réelles, , l'imagination invente des êtres inexistants en
composant à partir d'éléments simples qui eux existent.
Aussi il est possible de douter des sciences telles que la
physique, l'astronomie, la médecine, mais il est impossible de douter des mathématiques.
C'est alors que le doute va
devenir volontaire et radical avec l'argument du Dieu trompeur transformée dans l'hypothèse théorique du malin
génie.
Le malin génie est un artifice méthodologique qui enlève toute certitude d'existence.
Il n'y a à présent plus
rien qui soit certain dans le monde.
_ Comment trouver la première des certitudes qui constituerait un fondement pour reconstituer avec assurance la
connaissance du monde ? Cette première certitude ne peut être que la conscience de soi.
Aucune vérité ne sera
acceptable si elle n'apparaît pas pendant l'effort du doute.
Pour qu'une vérité soit indubitable, il faut qu'elle résiste
au doute.
Pour vaincre le doute, la certitude doit donc jaillir du doute lui-même.
Or dans la méditation II, Descartes
s'interroge s'il existe « moi du moins ne suis-je point quelque chose ? ».
Si je me suis persuadé qu'il n'y avait rien de
certain au monde, la certitude même de mon existence n'est-elle pas invalidée par mon doute.
? Or si j'opère un
mouvement réflexif sur l'acte même de douter, il me semble que pour douter, il faut être : c'est donc au cœur même
du doute qu'une certitude semble jaillir.
Cependant il me revient à l'esprit l'artifice du malin génie : « il y a je ne sais
quel trompeur très puissant et très rusé qui emploie toute son industrie à me tromper toujours ».
Ce malin génie estil capable de me faire croire que j'existe alors qu'en réalité je n'existerais pas ? Autrement dit la certitude de mon
existence résultant du doute est-elle invalidée par l'hypothèse du malin génie ? Or, j'ai beau remettre en cause la
certitude de mon existence, cette remise en cause ne fait que la confirmer plutôt que l'invalider : « il n'y a point de
doute que je suis s'il me trompe ; et qu'il me trompe tant qu'il voudra, il ne saura jamais faire que je ne sois rien
lorsque je penserai être quelque chose.
Par conséquent, au sein du doute s'élève cette certitude inébranlable, « la
proposition « je suis, j'existe » est nécessairement vraie toutes les fois que la prononce ou que je la conçois en mon
esprit.
Le cogito désigne la certitude indubitable que j'aie de ma propre existence du fait même qu'elle résiste à
l'entreprise du doute.
Ainsi si je doute de toute, la seule chose dont je puis être absolument certain est que j'existe
par ma conscience.
Par conséquent la conscience de soi est la première des certitudes.
Cependant si l'on affirme que la conscience de soi est la première des certitudes, il est probable qu'elle soit
également la dernière.
En effet si la conscience de soi fait l'objet de la première certitude, elle est amenée à devenir
l'instance d'évaluation de ce qui est certain.
Or il n'est pas certain que l'on puisse penser l'existence de ce qui est
hors de la conscience de soi à partir de cette seule certitude.
II Si la conscience de soi est la première des certitudes, la conséquence en est le solipsisme.
_ La primauté chronologique, et surtout logique de la conscience de soi à titre de certitude mène nécessairement au
solipsisme.
En effet si la seule existence certaine est celle de la conscience de mon moi en tant qu'il est pensant,
tout ce qui est extérieur aux limites de ma conscience est rejeté dans le doute comme incertain.
Ainsi le monde en
entier est rejeté comme douteux avec tous ses objets; autrui est lui aussi réductible à une émanation de ma
conscience.
En effet dans la mesure où le seul critère de certitude est la conscience de soi , l'existence d'autrui se
réduit à la perception de chapeaux et de manteaux qui pourrait très bien abriter des automates à ressorts.
Comme.
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