La conscience de soi
Extrait du document
«
Définitions:
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
A.
Conscience psychologique et conscience morale.
• Étymologiquement, le mot conscience signifie « savoir ensemble », « savoir rassemblé » (cum scientia) : la
conscience est cette lumière qui ramasse et unifie toute notre expérience.
« Conscience ajoute à science ceci que
les connaissances sont ensemble », écrit notamment Alain.
On distingue généralement la conscience spontanée, par
laquelle nous nous apercevons simplement de ce qui se passe en nous et en dehors de nous, et la conscience
réfléchie, qui désigne le retour (ou ré-flexion) de notre esprit sur lui-même.
Surpris ou déçu, je peux prendre la
mesure de ma surprise ou de ma déception, en faisant retour sur moi-même et en analysant mes propres réactions.
• Faculté qu'a notre esprit de saisir ce qui se passe en nous ou hors de nous, la conscience dite «psychologique» se
prolonge en conscience morale, quand le sujet juge de la valeur morale de ses propres intentions ou de ses propres
actes.
Pour Rousseau, c'est par la conscience morale, «principe inné de justice et de vertu », « juge infaillible du
bien et du mal », que l'homme peut s'élever au-dessus des bêtes et se rendre
« semblable à Dieu ».
Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile, aborde la question
de la conscience dans sa dimension morale.
En effet, si comme nous l'avons
montré dans l'analyse de la citation de Pascal, la conscience signifie au sens
premier « accompagné de savoir », elle prend également un sens moral, et les
expressions que nous venons d'évoquer montrent qu'elle apparaît comme ce
sentiment qui pourrait nous permettre de distinguer le bien du mal.
Tel est le
sens de la formule de Rousseau puisqu'il la qualifie de « juge infaillible ».
Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme
possèderait.
Il suffit alors d'écouter « la voix de sa conscience » pour savoir
qu'on a mal agi, ou, pour bien juger, de juger « en son âme et conscience ».
Si on peut alors définir l'homme par la conscience, c'est donc aussi en tant
qu'être moral ou, en tout cas, en tant qu'être pour qui la question morale se
pose.
Pourtant, faire reposer la morale sur un sentiment n'est pas sans poser
problème.
En effet, n'est-il pas possible de faire le mal en toute bonne
conscience ?
Comment dans ces conditions Rousseau peut-il soutenir l'infaillibilité de ce
sentiment ? Parce qu'un sentiment anime le cœur des hommes et caractérise
l'humanité : la pitié, sentiment qui le conduit à souffrir au spectacle de la souffrance de l'autre.
Pourtant, de
nombreux événements dans la vie courante et dans l'histoire nous montrent que ce sentiment n'est pas toujours
présent chez les hommes.
En effet, si on affirme que l'homme est animé par ce sentiment, que sa conscience le
guide, comment, une fois encore, comprendre la barbarie, la violence, la cruauté dont les hommes peuvent être
capables ? L'argumentation de Rousseau est double :
- si les hommes sont capables de cruauté, c'est parce que la société les a pervertis en faisant naître le vice, la
comparaison et la rivalité ;
- l'existence de ce sentiment est avérée par la réalité.
En effet, si la morale ne reposait que sur la raison, cela ferait
bien longtemps que l'humanité aurait disparu.
B.
« Je pense, donc je suis »
• Le cogito de Descartes (« Je pense, donc je suis ») est tout simplement l'affirmation que je suis en toute certitude
une chose qui pense, un sujet doué de conscience.
Descartes, à la recherche des vérités premières, décide de faire
table rase de tout ce qu'il a appris jusque-là.
Mais il a beau douter de tout ce qu'il voit et de tout ce qu'il pense, il a
beau imaginer que quelque diable rusé le fait se tromper toujours, la réalité de sa propre pensée s'impose à lui
comme une évidence absolue.
Quoi que je pense, je ne puis nier que je pense, et donc que j'existe au moment
même où je pense : « Cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la
prononce, ou que je la conçois en mon esprit », conclut Descartes dans ses Méditations métaphysiques.
Le sujet
conscient de soi est ainsi posé comme ce que la pensée ne saurait éliminer sans se nier elle-même..
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