LA CONSCIENCE (cours de philosophie)
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Dans le langage courant, le mot conscience désigne essentiellement la conscience morale, c'est-à-dire une activité de jugement. Mais on parle aussi d'états de conscience pour désigner les données psychologiques que sont nos représentations, nos affections et nos voûtions.
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I. LA CONSCIENCE ET SES ÉTATS
- A - L'empirisme naïf.
On appelle conscience «l'intuition (plus ou moins complète, plus ou moins claire) qu'a l'esprit de ses états et de ses actes » (Lalande : Vocabulaire de la philosophie). Le fait de conscience se distingue du fait physique ou physiologique par trois caractères essentiels : il n'est pas spatial, il n'est pas mesurable, il est subjectif. Le sens commun se représente volontiers ces faits de conscience comme des données que l'on peut observer (introspection) et que la psychologie s'efforcerait de décrire, d'analyser et d'expliquer (analyse idéologique des sensualistes français, avec Condillac ; atomisme psychologique et associationnisme des empiristes anglais, notamment de David Hume). Les états de conscience seraient ainsi des sortes de réalités intérieures comparables aux réalités extérieures que sont les objets.
- B - La notion de vie intérieure.
William James et Bergson ont réagi, dès la fin du XIXe siècle, contre cette conception d'une réalité intérieure découpée en éléments, sur le modèle de la réalité extérieure faite d'objets. Ce que le premier appelle «courant de conscience» et le second «durée concrète» est une réalité beaucoup plus profonde qui exprime la vie même de l'esprit et qui échappe à l'observation superficielle. Pour saisir «les données immédiates de la conscience», selon Bergson, il faut renoncer aux habitudes de penser que l'intelligence s'est données au contact de la matière et sous les exigences de l'action et il faut recourir à l'intuition, «espèce de sympathie par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquent d'inexprimable».
«
Dans le langage courant, le mot conscience désigne essentiellement la conscience morale, c'est-à-dire une activité de
jugement.
Mais on parle aussi d'états de conscience pour désigner les données psychologiques que sont nos
représentations, nos affections et nos voûtions.
I.
LA CONSCIENCE ET SES ÉTATS
- A - L'empirisme naïf.
On appelle conscience «l'intuition (plus ou moins complète, plus ou moins claire) qu'a l'esprit de ses états et de ses actes »
(Lalande : Vocabulaire de la philosophie).
Le fait de conscience se distingue du fait physique ou physiologique par trois
caractères essentiels : il n'est pas spatial, il n'est pas mesurable, il est subjectif.
Le sens commun se représente volontiers
ces faits de conscience comme des données que l'on peut observer (introspection) et que la psychologie s'efforcerait de
décrire, d'analyser et d'expliquer (analyse idéologique des sensualistes français, avec Condillac ; atomisme psychologique
et associationnisme des empiristes anglais, notamment de David Hume).
Les états de conscience seraient ainsi des sortes
de réalités intérieures comparables aux réalités extérieures que sont les objets.
- B - La notion de vie intérieure.
William James et Bergson ont réagi, dès la fin du XIXe siècle, contre cette conception d'une réalité intérieure découpée en
éléments, sur le modèle de la réalité extérieure faite d'objets.
Ce que le premier appelle «courant de conscience» et le
second «durée concrète» est une réalité beaucoup plus profonde qui exprime la vie même de l'esprit et qui échappe à
l'observation superficielle.
Pour saisir «les données immédiates de la conscience», selon Bergson, il faut renoncer aux
habitudes de penser que l'intelligence s'est données au contact de la matière et sous les exigences de l'action et il faut
recourir à l'intuition, «espèce de sympathie par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il
a d'unique et par conséquent d'inexprimable».
- C - Toute conscience est conscience de quelque chose.
L'intuition et l'introspection supposent que la vie intérieure est constituée par un défilé en nous d'idées, d'images, de
sentiments, etc., qui auraient une réalité propre et la conscience ne serait ainsi, en quelque sorte, que la prise de
conscience d'états de conscience.
Mais notre conscience comme l'a montré Kant est toujours «empiriquement déterminée»,
ce qui veut dire que, selon les formules des phénoménologues (Husserl, Sartre), la conscience est toujours «conscience de
quelque chose », elle a une « structure intentionnelle ».
En d'autres termes, ce qu'on appelle «l'intérieur» suppose
«l'extérieur», la conscience de soi est liée à la conscience du monde ou, comme le dit Alain, «je ne me pense que par le
monde».
II.
LA CONSCIENCE ET SES ACTES
- A - La conscience est une activité et non une lumière.
Une idée ou un sentiment n'existent pas en nous comme des choses que la conscience éclairerait de temps en temps d'un
faisceau lumineux.
L'idée, le sentiment, la volition sont inséparables d'un sujet qui pense, qui sent, qui veut, et ce sujet est
précisément la conscience.
Penser, sentir, vouloir, etc.
sont des actes de la conscience engagée dans le monde, et les
«états de conscience» sont les produits de l'activité de la conscience.
La vie intérieure n'est pas une donnée mais une
création.
Il y a bien, dans la rêverie ou dans le rêve, une sorte de conscience paresseuse et un enchaînement d'états
d'âme qui se fait selon les lois de l'association des idées, mais si faible soit-elle, l'activité de la conscience est nécessaire
pour échapper au pur sommeil.
- B - Conscience et attention.
C'est en effet par l'attention que nous sommes présents au monde et conscients.
Faire attention, c'est prendre
conscience, s'éveiller, être vigilant.
Le préfixe cum, dans le mot conscience, indique l'idée d'un savoir rassemblé, d'une
synthèse (comme dans concevoir, connaître et comprendre).
On peut dire que l'attention est l'activité de synthèse dont la
conscience est le résultat.
Et la conscience disparaît quand cesse l'attention, soit par affaiblissement de l'effort de
synthèse (dans le sommeil normal), soit par manque d'éléments à synthétiser (dans le sommeil hypnotique).
On dit bien de
l'inconscient, qu'il ne « se rend pas compte » ; être attentif, c'est être au monde (être distrait, c'est «être ailleurs») et
s'efforcer de «s'y retrouver».
- C - Toute conscience est d'ordre moral.
La conscience, c'est donc la conscience attentive; elle est toujours, finalement, réflexion.
Il n'y a pas d'autre vraie pensée
que la pensée vraie, c'est-à-dire une pensée que l'on fait, une pensée que l'on veut.
Et le problème n'est pas de savoir
comment nous pensons mais comment nous devons penser ou, d'une manière plus générale, il n'est pas de savoir ce que
nous sommes mais ce que nous devons être.
Se conduire, non se regarder, c'est l'attitude de l'homme vraiment conscient.
On comprend par là que le sens commun mette l'accent sur l'aspect moral de la conscience: l'inconscience est une faute.
L'homme conscient est consciencieux (conscience professionnelle), cad qu'il se sent responsable de qu'il est et de ce qu'il
fait.
La conscience n'est pas un témoin mais un juge.
CONCLUSION
Perdre conscience est synonyme de perdre connaissance.
«Revenir à soi, remarquait Valéry, c'est revenir au monde, c'està-dire précisément à autre chose que soi».
L'homme n'est pas spectateur de lui-même.
Il est au monde et il doit s'y bien
conduire, non point en se conformant à quelque règle extérieure, mais en s'efforçant toujours d'être conscient.
Pour
résister à ceux qu'il appelait «les marchands de sommeil», Alain disait: «Travaillez à percevoir le monde afin d'être justes»..
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