La conscience comme réalité en soi
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
Réalité / Réel :
Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux
fictions de notre imagination.
* Ensemble des choses et des faits réels.
Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot
(exemple : un pouvoir réel).
* Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité).
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
1 La saisie immédiate de la pensée ou de la conscience par elle-même
Comme expérience, la conscience est un fait irrécusable.
Elle a pour elle le poids de l'évidence.
«Lorsqu'on parle de
conscience, écrit Freud, chacun sait immédiatement, par expérience, de quoi il s'agit.» «Qu'est-ce que la
conscience? Vous pensez bien, écrit Bergson de son côté, que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi
constamment présente à l'expérience de chacun de nous.» La conscience parait être, pour chacun, l'objet d'un
savoir immédiat.
Le sujet qui pense, ne sait-il pas aussitôt qu'il pense? et s'il éprouve un sentiment de tristesse, ne
sait-il pas, en même temps, qu'il est triste ? Le terme même de conscience ne dérive-t-il pas du latin «conscientia»
qui signifie connaissance?
Mais ce prétendu savoir immédiat de la conscience, qui découle de l'expérience naïve de la présence immédiate de
soi à soi, n'est-il pas un leurre ? Il est vrai que Descartes parle d'une saisie immédiate de la pensée par elle-même,
mais celle-ci n'a rien de commun avec une simple prise de conscience de soi, de nature psychologique.
Ce n'est
qu'au terme d'un processus de négation de ce qui n'est pas elle, que la pensée ou la conscience se saisit elle-même.
Le travail d'épuration critique ou l'itinéraire du doute
Le sujet de la connaissance, en quête du vrai, d'une certitude inébranlable, doit commencer par considérer comme
faux tout ce en quoi il pourrait imaginer le moindre doute.
Aussi Descartes ouvre-t-il les Méditations par la recension
des choses que l'on peut révoquer en doute.
Ainsi parce que nos sens nous trompent quelquefois, Descartes
suppose que nos sens nous trompent toujours : rien n'est tel que nos sens nous le font imaginer.
La connaissance
sensible ne comporte aucune évidence fiable, pas plus que tout ce qui relève de la nature corporelle.
Descartes
invoque les songes, les délires des fous et doute même qu'il soit assis auprès du feu, vêtu d'une robe de chambre.
Mais si on peut douter des données des sens, peut-on le faire des mathématiques ? Celles-ci n'offrent-elles pas à
notre esprit des évidences qui s'imposent naturellement? Descartes forge alors l'hypothèse d'un Dieu trompeur : si
j'admets qu'un esprit malin me trompe toujours et partout ou, ce qui est la
même chose, que je me trompe toujours et partout, dans tous mes jugements
et mes idées, que reste-t-il ? Apparemment rien, le monde entier est frappé
de nullité.
Le doute porte désormais sur tout, il est universel, et Descartes
peut écrire, au début de la Deuxième Méditation : «Je suppose donc que
toutes les choses que je vois sont fausses; je me persuade que rien n'a
jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ;
je pense n'avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l'étendue, le
mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit.
Qu'est-ce donc
qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a
rien au monde de certain.» «Je suppose», «je me persuade», «je pense», «je
crois».
Tous ces verbes témoignent du caractère volontaire, délibéré, parfois
même feint du doute.
Il s'agit de suspendre son jugement à l'égard de toute
existence : celles des choses extérieures, du corps, du «moi».
Le cogito ou la prise de conscience de soi comme existant
Je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait
aucun ciel, aucune terre, aucun esprit, ni aucun corps.
Cette suspicion
d'origine maligne frappe aussi mon «moi».
Si rien n'est consistant de ce que je
croyais être, alors aucune détermination empirique de moi-même, aucune
qualité ne me donne assurance d'être ni ne me livre accès à une intimité où je
devrais pouvoir dire «je suis».
Ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point ? «Non certes, j'étais sans
doute, écrit Descartes, si je me suis persuadé, ou seulement si j'ai pensé quelque chose.» En effet, pendant que je
voulais me persuader que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui pensais cela fusse quelque chose.
Le doute, poussé jusqu'à ses extrêmes limites, se révèle donc comme l'affirmation d'une première certitude : «il faut
conclure et tenir pour constant, que cette proposition : je suis, j'existe est nécessairement vraie toutes les fois que.
»
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