La connaissance : un exemple d'expérience familière ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
EXPÉRIENCE: a) Sens courant (expérience vécue): instruction acquise par une longue pratique des choses (l'expérience
de la vie).
b) Connaissance acquise par les données ou impressions des sens.
c) En science, observation méthodique et
réfléchie de certains phénomènes, en vue de vérifier une hypothèse (synonyme d'expérimentation).
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer quelque
chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder une
représentation de quelque chose, en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un sujet
s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
Percevoir
• Dans la « seconde » des Méditations métaphysiques, Descartes se livre à l'observation d'un morceau de cire.
Il note qu'à
l'état solide, ce dernier sent encore l'odeur des fleurs dont il a été tiré, qu'il présente une couleur spécifique, qu'il est dur,
froid et qu'il rend quelque son si on le frappe.
"Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche :
[...] sa couleur, sa figure, sa grandeur sont apparentes ; il est dur, il est froid
[...].
Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu ; ce qui y
restait de saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure
se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe [...].
La même
cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure, et
personne ne le peut nier.
Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau
de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y
ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient
sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouïe, se trouvent
changées, et cependant la même cire demeure." DESCARTES
Dans ses Méditations métaphysiques, Descartes expose son cheminement,
partant de la nécessité du doute à la première certitude du Cogito, suivie par
la garantie d'un savoir enfin possible grâce à la certitude de l'existence de
Dieu.
Dans ce passage, extrait de la Méditation seconde, il n'est pas encore
parvenu à cette certitude.
Ainsi, comment un morceau de cire peut-il être
encore de la cire, alors que sous l'action de la chaleur, il change du tout au
tout ?
Problématique
Sous leur apparente stabilité, les choses sont changeantes, au point qu'il est difficile d'en dégager des
caractéristiques solides.
Et pourtant, les images diverses par lesquelles je me représente la cire ne sont pas le fait
de l'imagination.
Dès lors, qu'est-ce, finalement, que ce morceau de cire ? Un objet doit toujours être identique à luimême pour être dénommé et connu en tant que tel.
Enjeux
Comment pouvons-nous penser les objets en eux-mêmes ? Les données que nous fournissent les sens et
l'imagination reproductrice ne sont-elles par erronées ? Pour être objective, la connaissance doit dépasser la
multiplicité des représentations sensibles.
• En somme, Descartes note les perceptions qu'il a de la cire par l'intermédiaire de ses sens.
Puis, il se livre à l'expérience
consistant à approcher celle-ci du feu.
Autant dire que toutes les qualités auparavant perçues s'évanouissent, laissant
place à d'autres perceptions : l'odeur des fleurs a disparu, sa couleur originelle n'est plus...
Connaître
Qu'en déduire pour ce qui concerne la façon dont nous connaissons ?
• D'une part, on ne peut pas conclure que l'expérience sensible instruit, puisque les renseignements — les perceptions —
que nous confèrent nos sens sont variables.
Elles changent, en effet, en fonction du moment où nous percevons les
objets, de l'état de l'objet, et nous pourrions penser qu'elles varient aussi en fonction de l'état dans lequel le sujet qui
perçoit se trouve.
• D'autre part, cet exemple nous laisse penser qu'une autre capacité de l'esprit humain intervient quand il s'agit de
connaître la cire.
Si l'on nous demande, après avoir fait chauffé la cire : « Est-ce la même cire ? », nous répondrons
positivement, « Oui, c'est la même cire », alors que nos perceptions notent une série de changements et non pas une
identité.
Il faudrait donc conclure, en suivant l'approche de Descartes, que c'est « l'entendement » qui instruit..
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