La connaissance scientifique se distingue-t-elle de la connaissance vulgaire ?
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En nous demandant si la connaissance scientifique se distingue de la connaissance vulgaire, nous pouvons répondre par l’affirmative dans les deux sens du verbe « distinguer » : se différencier et s’illustrer. En effet, la connaissance scientifique est à la fois distincte et supérieure à la connaissance vulgaire. Cependant, nous verrons que dans toute connaissance scientifique il y a des éléments de connaissance vulgaire et que ces deux types de connaissance ne sont peut être pas si distincts que nous le pensions à première vue. En définitive, nous nous demanderons si la connaissance scientifique ne serait pas davantage assimilable à la connaissance vulgaire que nous le pensions d’abord, puisque la connaissance scientifique peut tomber dans le domaine de la connaissance vulgaire en raison de l’évolution des connaissances scientifiques.
La question au centre de notre travail sera donc de déterminer s’il y a lieu de distinguer conceptuellement et axiologiquement connaissance scientifique et connaissance vulgaire.
INTRODUCTION. - Le monde est le même pour tous et tous ont, pour l'observer, des sens d'une perspicacité semblable; pour l'expliquer, des principes identiques. Et cependant quelle différence entre la représentation que le savant se fait de ce monde et celle de l'individu sans culture! Cherchons à préciser ce qui caractérise ces deux représentations et à déterminer les marques distinctives de la connaissance scientifique et de la connaissance vulgaire. I. Le ressort de l'activité humaine est l'intérêt. Mais il est, suivant les individus, des intérêts d'ordre bien différent. A. Pour le vulgaire, il n'est guère que des intérêts matériels, c'est-à-dire qui se rapportent à la vie organique : alimentation, vêtement, habitation, argent permettant de se procurer ce qui est nécessaire à la vie, situation sociale entraînant des avantages économiques. B. L'homme cultivé est sensible aux intérêts spirituels et théoriques intérêts moraux, esthétiques, intellectuels. C'est par l'intérêt intellectuel que le savant est poussé : savoir et comprendre est son plus grand désir.
«
Le terme « connaissance » recouvre deux concepts différents : d'une part, la connaissance est une faculté de
compréhension et de perception du monde.
Il s'agit moins d'une saisie d'un objet particulier, que d'une capacité à
saisir intellectuellement les propriétés des objets en général.
Ainsi entendue, la connaissance se rapproche d'un
concept voisin : celui d'intelligence, ou de raison, entendues comme faculté d'appréhension intellectuelle du monde.
Mais la connaissance est aussi un résultat : elle est ce que l'on a appris, par l'étude ou la pratique, par l'expérience
des livres ou l'expérience du monde (expériences similaires, homogènes, d'après Montaigne dans le dernier chapitre
des Essais).
Lorsque nous parlons d'une connaissance scientifique, nous parlons d'une connaissance produite au
moyen de la rationalité scientifique, c'est-à-dire au moyen d'une méthode définie par la science elle-même.
Il s'agit
d'une connaissance qui est la conséquence d'un protocole particulier, identifiant un postulat de départ et une
méthode précise de démonstration.
En revanche, lorsque nous parlons d'une connaissance vulgaire, c'est à une connaissance d'une toute autre nature
que nous avons affaire.
Certes, il s'agit bien d'une prédication, c'est-à-dire d'un discours qui affirme quelque chose
d'une autre en prétendant au caractère de vérité.
Mais cette connaissance est qualifiée de vulgaire en raison de
ses fondements, qui n'ont rien de scientifiques, mais qui se caractérisent par leur absence de démonstrabilité.
Une
connaissance vulgaire s'énonce donc sans être capable de justifier ses moyens de production : elle appartient au
domaine de la pensée dogmatique, celle qui revient à tout le monde et à personne en particulier, puisque la
production de cette connaissance ne peut être imputée à qui que ce soit.
Lorsque nous employons le terme « distinguer », nous employons un terme qui en vérité possède deux significations
principales.
Se distinguer des autres, c'est d'abord conquérir sa singularité, son altérité, c'est-à-dire, se scinder de
la masse imprécise d'une pluralité d'individus afin de cesser de se confondre avec eux.
Ainsi, se distinguer signifie
d'abord définir sa propre identité de sorte qu'elle ne puisse être confondue avec celle des autres.
Le corollaire de
cette définition est une autre acception du terme « distinguer », complémentaire quoique légèrement différente.
En
effet, un moyen efficace pour se différencier des autres consiste précisément à se distinguer, c'est-à-dire à
surpasser autrui.
Ainsi, je me distingue (au sens où je me désolidarise de mes semblables) en me distinguant, ce qui
n'est pas tautologique puisque se distinguer signifie aussi obtenir les premières places, vaincre autrui, être au
premier rang.
Il y a donc deux concepts du verbe « se distinguer » : se différencier des autres et s'illustrer par
rapport aux autres.
En nous demandant si la connaissance scientifique se distingue de la connaissance vulgaire, nous pouvons répondre
par l'affirmative dans les deux sens du verbe « distinguer » : se différencier et s'illustrer.
En effet, la connaissance
scientifique est à la fois distincte et supérieure à la connaissance vulgaire.
Cependant, nous verrons que dans toute
connaissance scientifique il y a des éléments de connaissance vulgaire et que ces deux types de connaissance ne
sont peut être pas si distincts que nous le pensions à première vue.
En définitive, nous nous demanderons si la
connaissance scientifique ne serait pas davantage assimilable à la connaissance vulgaire que nous le pensions
d'abord, puisque la connaissance scientifique peut tomber dans le domaine de la connaissance vulgaire en raison de
l'évolution des connaissances scientifiques.
La question au centre de notre travail sera donc de déterminer s'il y a lieu de distinguer conceptuellement et
axiologiquement connaissance scientifique et connaissance vulgaire.
I.
La connaissance scientifique se distingue radicalement de la connaissance vulgaire
a.
La connaissance scientifique, différente conceptuellement de la connaissance vulgaire
Nous commencerons par dire que la connaissance scientifique se distingue bel et bien de la connaissance vulgaire,
et qu'il s'agit tout d'abord d'une distinction d'ordre conceptuel.
En effet, la connaissance scientifique est tout à fait
différente de la connaissance vulgaire, tout d'abord dans son processus de production.
La connaissance vulgaire est
une connaissance qui n'est imputée à personne : c'est la connaissance que tout un chacun partage, le discours du
« comme on dit », « comme chacun sait ».
Ce type de connaissance n'est pas fondé : tout le monde s'en fait le
porte parole, mais personne n'est à même de justifier rationnellement des origines de cette connaissance.
A
l'inverse, la connaissance scientifique est une connaissance qui se rapporte toujours à une personne : on parle ainsi
du « théorème de Pythagore », de la « physique de Newton » ou de la « relativité restreinte et absolue d'Einstein »..
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