La connaissance scientifique dissipe-t-elle la superstition?
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PREMIERE CORRECTION
Introduction
Dans sa Loi des Trois États, Auguste Comte montre comment la connaissance humaine finit par accéder au stade
positif ou scientifique.
Doit-on en déduire qu'une fois parvenu à cet état « final », l'esprit abandonne totalement ses
attitudes antérieures? Malgré tous les problèmes qu'elle rencontre au XXe siècle, on sait bien que la foi religieuse n'a
pas disparu.
Il serait donc a priori surprenant que toute superstition soit dissipée par la connaissance scientifique.
I.
Fondements de la superstition
— Elle s'appuie sur un animisme diffus qui prête intentions et pouvoirs à une multiplicité d'êtres et d'objets :
influence des planètes, des nombres, de la couleur des animaux ou des fleurs...
— Elle établit donc des causalités complexes entre des ordres d'existence qui, du point de vue rationnel, n'ont pas
de relations.
— Elle suppose une « complicité » ou du moins la possibilité de contacts efficaces (dans un sens plus magique ou
spirituel que matériel) entre un sujet humain et l'univers des choses, dont certaines le concerneraient plus
particulièrement.
Le monde est ainsi peuplé de «signes» ou d'indices, qui menacent, avertissent, protègent, etc.
L'attitude superstitieuse témoigne donc de la quête, par tous les moyens, de sens et de significations grâce
auxquelles le sujet se sentirait moins isolé ou perdu par rapport au réel.
II.
Ce qu'apporte la connaissance scientifique
— Elle s'établit par une interrogation sur le «comment» et non sur le «pourquoi» (cf.
Comte).
— Elle progresse en détruisant au moins partiellement ce qu'elle affirmait antérieurement (cf.
Bachelard).
Dans cette
optique, elle s'oppose radicalement à toute attitude traditionaliste; la science s'annonce comme n'étant jamais
définitive (alors que la superstition transmet aisément ses croyances d'une génération à la suivante).
— Elle élabore des causalités locales et pratique un principe d'économie de la pensée (dans ses hypothèses et ses
raisonnements) qui contredit la confusion et la complexité du monde de la superstition.
— Elle produit un monde objectivé, à portée de certaines démarches efficaces, mais qui, fondamentalement, est
privé de dimension spirituelle et échappe à toute emprise également spirituelle.
— La connaissance scientifique contredit donc, dans ses fondements mêmes, l'attitude superstitieuse.
Cela suffit-il
pour qu'elle la dissipe?
SECONDE CORRECTION
Introduction
1.
Les ambiguïtés du XXe siècle : le paradoxe de l'histoire.
Considérations sur l'histoire de l'humanité au XXe siècle : D'un côté, constat d'une maîtrise technique croissante,
d'une élévation du niveau de vie dans les pays occidentaux, d'un progrès scientifique spectaculaire, d'un
développement culturel continu, d'une démocratisation de l'enseignement.
D'un autre côté, des événements qui ont nom Auschwitz, le Goulag, Hiroshima; et, aujourd'hui, sous nos yeux,
l'effondrement d'un mode d'organisation sociale inspiré d'une doctrine, le marxisme, qui précisément s'assignait pour
tâche la libération du genre humain par la connaissance et la maîtrise pratique des lois de son évolution.
C'est au moment où l'homme est en principe le mieux armé pour intervenir dans sa propre histoire que le cours de
celle-ci semble se dérober de la manière la plus «irrationnelle» à son action; d'où la nécessité d'une réévaluation
d'une question philosophique insistante : l'homme est-il objet ou sujet de l'histoire ? Est-il assujetti aux événements
qui scandent sa destinée ou, à l'inverse, peut-il orienter celle-ci en choisissant ceux-là ? Est-il sous l'emprise de ce
qui lui arrive ou a-t-il prise sur son devenir ?
L'histoire du XXe siècle montre cependant qu'il est difficile de soutenir une conception à l'exclusion de l'autre : de
fait, il ne se trouve pas de philosophe qui ait défendu l'un de ces points de vue unilatéralement : le ou de l'intitulé
du sujet doit sans doute être entendu ici davantage comme conjonctif que disjonctif.
Au centre de la réflexion, la
difficile notion d'événement : ce qui arrive à l'homme, ce qui nous arrive, à nous individus pris dans l'élément de
l'histoire ; notion foncièrement ambivalente en ce qu'elle combine une dimension de passivité et une autre,
d'activité.
2.
Les deux points de vue possibles sur l'événement et le problème du sujet.
Le questionnement sur l'événement peut être éclairé de deux façons différentes : soit dans la perspective de
l'histoire, considérée comme un processus qui pénètre, d'abord à leur insu, les actions et les passions des hommes,
et qui les conduit progressivement à agir en pleine connaissance de cause : l'événement historique, d'abord subi,
devrait finir par se confondre avec l'oeuvre consciente de l'humanité ; soit, dans la perspective des individus,
considérés non plus comme engagés dans un mouvement dont la finalité les dépasserait avant de se révéler à eux,
mais dans l'actualité de leur situation et de leur existence présente : l'événement alors est tout à la fois ce qui.
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