La connaissance que nous avons du monde extérieur n’est-elle possible que par l’intermédiaire des sciences ?
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«
Introduction :
La connaissance peut se définir comme l'ensemble des propositions positives ayant un degré de certitude
et de scientificité définissant un savoir ou le savoir en général.
Dans ce cas, il semble que seule la science ou les
sciences si on les particularise puisse nous offrir une connaissance réel du monde.
Tout autre mode de connaissance
ne serait pas assez certain et ne pourrait nous conduire qu'à une connaissance approchée, c'est-à-dire à une
conjecture empreinte d'erreurs et d'illusions.
C'est pourquoi nous ne parlons de connaissance que dans le registre de
la science.
La cause semblerait donc entendue (1ère partie).
Pourtant, sans être des savants, nous arrivons à agir
et interagir dans le monde.
En ce sens, il semble bien qu'au delà de la science théorique nous ayons une
connaissance presque intuitive ou expérimentale du monde.
Notre expérience nous fournirait alors une connaissance
aussi du monde (2nd partie).
Cependant, ne s'agit-il pas là de la définition d'une science pratique ? (3ème partie)
I – L'hégémonie de la science comme connaissance du monde
a) Si la connaissance du monde extérieur n'est possible que par l'intermédiaire des sciences, c'est bien qu'en dehors
de la science, nous sommes dans le royaume de l'opinion.
L'opinion est en effet soumise à la séduction du discours,
à la rhétorique comme on peut le voir dans le Gorgias de Platon.
L'opinion se courtise tandis que la pensée doit être
convaincue de manière irréprochable.
Et c'est pour dans le Théétète l'opinion ne sera pas la définition adéquate de
la science.
En effet, puisqu'il est impossible d'affirmer que toute opinion soit vraie, Théétète propose de définir la
science comme opinion droite.
L'opinion est un discours prononcé en silence et à soi-même.
En pensant à deux
objets à la fois, l'on ne peut juger que l'un et l'autre.
Mais si l'on ne pense qu'à l'un, l'on ne peut prendre l'un pour
l'autre.
Quand l'opinion ajuste directement et exactement à chaque objet les empreintes et les marques qui lui sont
propres, elle est vraie; si elle les ajuste de travers, elle est fausse.
L'âme ressemble alors à un colombier où demeure
les pensées en attente d'être sollicitées.
Il faut donc distinguer entre deux chasses à la connaissance : celle qui se
fait avant l'acquisition, l'autre après, en vue d'attraper ce que l'on possède de longue date.
En outre, l'on voit bien
que l'opinion vraie n'est pas science puisque les orateurs parviennent à produire la conviction en suggérant des
opinions dont la preuve n'est pas à disposition des auditeurs.
b) La connaissance n'est donc possible que par la science.
Et c'est bien ce que l'on peut voir chez Platon avec le
cas de la ligne dans La République VI, 509d - 511 e.
L'enjeu général de ce passage est de classifier les différents
niveaux ontologiques de l'être ou de la réalité et de les faire correspondre avec différents modes de connaissance.
La « parabole » de la ligne permet de schématiser cet argument et de nous orienter (comme une sorte de vecteur)
vers la connaissance la plus claire, à savoir celle qui nous fait remonter à l'Idée.
L'opinion est une croyance et en ce
sens elle est de l'ordre du visible tandis que la science est de l'ordre de l'intelligible.
Et cette distinction entre la
science et l'opinion se retrouve dans le mythe de la caverne.
En effet, les personnes enchaînées et voyant les
ombres portées sur la paroi de la caverne sont dans l'ordre de l'opinion et ce n'est qu'après s'être sorti de ces
chaînes afin de remonter à la surface donc métaphoriquement vers l'Idée que la science peut advenir.
Science et
opinion sont donc dans deux ordres de réalité différente l'une le monde de l'apparence et l'autre le monde de l'Idée,
des intelligibles, celui de la pensée.
c) Au demeurant c'est ce que l'on peut observer dans l'ascension de la caverne de Platon.
Plus exactement, au
travers de cette allégorie, cette dialectique ascendante nous montre le chemin que nous parcourons lors de la
recherche de la vérité, c'est-à-dire lorsque nous cherchons à obtenir une connaissance du monde.
Il s'agit de se
déprendre de l'illusion des phénomènes pour regarder la vérité, le bien en soi qui sera symboliser par le soleil.
L'ignorance est obscurité, c'est pourquoi la recherche de la vérité est périlleuse, difficile.
La connaissance du monde
se trouve dans la science et constitue un acte de création de soi-même à travers cette conversion du regard :
l'époché.
Pour comprendre cette conversion il faut examiner « la situation qui résulterait de la libérations de leurs
liens et de la guérison de leur égarement, dans l'éventualité où, dans le cours des choses, il leur arriverait ce qui
suit.
Chaque fois que l'un d'entre eux serait détaché et contraint de se lever subitement, de retourner la tête, de
marcher et de regarder vers la lumière, à chacun de ces mouvements il souffrirait, et l'éblouissement le rendrait
incapable de distinguer les choses dont il voyait auparavant les ombres.
» En effet, l'allégorie de la caverne au livre
VII de la République précise : « Représente-toi des hommes dans une sorte de caverne.
Cette habitation possède
une entrée disposée en longueur, remontant de bas en haut tout le long de la caverne vers la lumière.
Les hommes
sont dans cette grotte depuis l'enfance, les jambes et le cou ligotés de telle sorte qu'ils restent sur place et ne
peuvent regarder que ce qui se trouve devant eux, incapables de tourner la tête à cause de leurs liens.
Représentetoi la lumière d'un feu qui brûle sur une hauteur loin derrière eux et, entre le feu et les hommes enchaînés, un
chemin sur la hauteur, le long duquel tu peux voir l'élévation d'un petit mur, du genre de ces cloisons qu'on trouve
chez les montreurs de marionnettes et qu'ils érigent pour les séparer des gens.
Par-dessus ces cloisons, ils montrent
leurs merveilles ».
Sans la science, notre connaissance du monde est l'équivalent d'un fantasme.
Nous ne faisons
que regarder des images, que des illusions.
Transition :
Ainsi la connaissance du monde extérieur n'est possible que par l'intermédiaire des sciences ou la science en général
en tant qu'elle est la seule capable de nous offrir une connaissance sûre.
Pourtant, par expérience, il semble que
nous ayons tout de même une expérience du monde.
Qu'est-ce à dire ?
II – Valeur de l'expérience.
»
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