La connaissance est-elle possible si l'expérience sensible est sa seule source ?
Extrait du document
«
Vocabulaire:
SENSIBLE: Du latin sensibilis, doué de sensibilité ou qui peut être senti.
Au sens actif, qui est capable de sensation et de perception.
Au sens passif, qui peut être senti, perçu par les sens
(exemple : le monde sensible).
Connaissance
Du latin cognitio, « action d'apprendre ».
Activité de l'esprit par laquelle l'homme cherche à expliquer et à
comprendre des données sensibles.
Le problème de l'origine et du fondement de la connaissance, ainsi que celui de ses limites, oppose en particulier
Kant et les empiristes.
Expérience
On peut distinguer quatre sens principaux de l'expérience :
— l'expérience sensible, c'est-à-dire ce que les sens nous révèlent du monde ;
– l'expérience scientifique, c'est-à-dire l'expérimentation, qui est un dispositif réglé de vérification des théories
scientifiques ;
– le savoir-faire technique, acquis à force de pratique ;
– la sagesse acquise par l'homme d'expérience au contact des épreuves de la vie.
POSSIBLE: faisable, réalisable; le possible, c'est ce qu'on peut faire, ce que l'on a le pouvoir, la puissance de
faire.
Mais, si l'on part, comme les épicuriens, d'un postulat matérialiste, on ne peut admettre la thèse platonicienne
d'une âme indépendante du corps et capable d'accéder à des connaissances suprasensibles : le savoir ne peut avoir
sa source que dans la sensation.
Mais, si cette source est déficiente, les matérialistes ne seront-ils pas obligés de
renoncer à la connaissance ? En fait, ceux-ci ne nient pas que l'expérience sensible soit l'occasion d'illusions et de
tromperies.
Lucrèce, disciple d'Épicure, en fait d'ailleurs un inventaire impressionnant : « Le navire qui nous porte
s'avance, tout en paraissant immobile, et celui qui demeure à l'ancre semble se déplacer.
[...] La nuit, quand dans le
ciel les vents emportent quelques rares nuages, on croit voir les astres glisser à l'encontre des nuées qu'ils
dominent, dans un sens tout autre que celui où ils sont emportés'.
» Toutes ces observations pourraient justifier un
désaveu des sens.
Mais ce n'est pas la conclusion de Lucrèce : au contraire, le fait que les sens soient les seuls
témoins de la connaissance est finalement un argument en leur faveur.
Car, si rien ne nous vient par une autre voie
que celle des sens, au nom de quoi pouvons-nous invalider leur témoignage ? Dans ce qu'elles nous donnent à
sentir, les sensations sont toujours vraies.
En fait, aucun de nos sens ne peut se réfuter lui-même.
Ils ne peuvent
pas non plus se réfuter les uns les autres, car une odeur ne peut pas réfuter une couleur, ni un son une image.
Quant à la raison elle-même, comment pourrait-elle réfuter les sens puisqu'elle ne provient pas d'une autre source
que de nos sensations ? C'est pourquoi Épicure pouvait conclure : « Si tu combats toutes les sensations, tu n'auras
même plus ce à quoi tu te réfères pour juger celles d'entre elles que tu prétends être erronées.
»
PLAN
A.
L'expérience est l'unique source de nos connaissances.
- Qu'est-ce que l'expérience ?
- L'empirisme.
B.
La raison et l'esprit humains sont les seules sources de connaissance.
- L'esprit comme seule source de savoir.
- Le rationalisme.
C.
La connaissance peut reposer tout à la fois sur la raison et l'expérience.
- L'expérience fournit la matière et la raison la forme.
- Le cogito comme principe d'unification.
Problématique : D'où provient ce que nous savons et connaissons ? Est-ce seulement de l'expérience qui désigne,
en particulier, les données sensibles et les faits bruts (mais qui peut aussi parfois signifier une investigation active
et méthodique), qui est à la source de nos connaissances ? La connaissance n'est-elle pas aussi un processus
s'originant dans ce qui dépasse l'expérience, comme, par exemple, la constitution du sujet ?
PISTES POUR LA DISSERTATION
• Qu'est-ce que l'expérience ? Dans le champ de la recherche scientifique, le savant Newton (1642-1727) admet
que l'expérience est l'unique source, la seule, de nos connaissances : je ne forge pas d'hypothèses, affirme-t-il.
Cette formule signifie que seuls les phénomènes sensibles constituent la source et l'origine du savoir et des
connaissances scientifiques.
L'esprit ne doit pas forger d'hypothèses imaginaires car tout se déduit, en quelque
sorte, des faits eux-mêmes, producteurs uniques de la connaissance.
Cette dernière résulte du contact passif avec
le monde extérieur.
La science et la connaissance seraient contenues dans les faits et il suffirait de les extraire de
ces derniers.
À la suite de Newton, la pensée du XVIII* siècle et également la nôtre soutiennent fréquemment l'idée que seuls les
faits, les données, les phénomènes sensibles apportent la clef du réel et de la connaissance adéquate.
Le recours à.
»
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