La cohérence est-elle la norme de la vérité ?
Extrait du document
«
La cohérence désigne la liaison et l'ordre qui assurent l'apparente rigueur d'une pensée ou d'une série d'actions.
Etre cohérent revient à ne pas produire de contradiction.
La vérité semble avoir pour condition cette exigence
de cohérence mais si c'est peut-être une condition nécessaire, on peut se demander s'il s'agit pour autant
d'une condition suffisante.
Un mensonge peut être parfaitement cohérent...
il n'est reste pas moins un
mensonge.
Une théorie scientifique peut aussi être cohérente mais radicalement fausse.
Le géocentrisme est
par exemple une hypothèse parfaitement cohérente, elle cadre même à merveille avec notre observation
première du ciel puisqu'il nous semble que celui-ci tourne autour de nous.
Pourtant, au delà de la cohérence,
on ne trouve qu'une apparence de vérité.
Songez également à l'usage idéologique que l'on peut faire de la
cohérence : une doctrine politique peut être cohérente alors même qu'elle est condamnable ou scandaleuse.
Il
vous faut donc revenir à la notion de vérité et, en particulier, à sa définition traditionnelle comme adéquatio réi
et intellectu c'est-à-dire adéquation de la chose et de l'esprit.
Demandez-vous alors si la cohérence d'un
discours, d'une proposition implique nécessairement son adéquation avec le réel.
Vous pouvez alors chercher la
différence entre ce qu'on nomme une vérité formelle et une vérité matérielle en notant d'ailleurs que dans les
deux cas, on parle de vérité.
Dès lors, la cohérence n'est peut-être pas une exigence suffisante pour que l'on
puisse parler de vérité.
Certes, une pensée que l'on qualifiera d'incohérente est à rejeter, mais cela ne signifie
peut-être pas que la cohérence est le seul critère de la vérité.
Dans ces conditions, il faut vous demander
quand on peut parler de pensée vraie.
Ce sont donc les critères de vérité qu'il faut interroger.
[Aux origines de la philosophie, il y a cette nécessité:
ne pas se contredire.
Les chemins qui conduisent à la vérité
doivent respecter cette règle absolue.
Tout raisonnement
vrai doit être logiquement cohérent.]
Les raisonnements doivent se soumettre à des règles logiques
Afin d'éviter les mauvais raisonnements, Aristote a conçu des règles qui permettent, à partir d'une donnée de
départ, d'aboutir à une conclusion juste.
Les principes logiques sont ceux qui commandent la mise en oeuvre de tout raisonnement déductif.
La pensée
discursive a une cohérence interne, elle chemine, elle se déplace selon un ordre logique.
Les principes
rationnels sont des principes d'intelligibilité du réel.
Tous les raisonnements (ou du moins ceux d'entre eux qui sont reconnus logiquement valables) s'appuient sur
des principes, qui, selon une célèbre formule de Leibniz, « sont nécessaires comme les muscles et les
tendons le sont pour marcher quoiqu'on n'y pense point ».
Ces principes ne figurent jamais explicitement dans nos raisonnements
mais ils sous-tendent toutes les démarches.
Ils sont universels et
toujours valables
a)
Le principe d'identité.
C'est d'abord le principe d'identité qui est à tel point fondamental et
nécessaire (sans lui aucune pensée ne serait possible) que son énoncé
déconcerte toujours un peu (tant il paraît aller de soi) : « Ce qui est,
est ; A est A ».
Par exemple, lorsque le géomètre a défini le triangle et
qu'il entreprend de déduire toutes les propriétés des triangles, il va de
soi qu'il prend toujours le concept de triangle au sens où il l'a défini.
Le
sens de ce concept reste identique dans tous les moments du
raisonnement.
Sans cela notre pensée serait tout à fait incohérente.
On le formule ainsi : « Une chose est ce qu'elle est » ou encore « A est
A ».
Ce principe fondamental exprime simplement le besoin qu'a la
pensée d'être en accord avec elle-même.
Il nous oblige à ne pas
changer la définition des concepts en cours de raisonnement.
b)
Le principe de non-contradiction.
Sa formule est : « Une chose ne peut pas, en même temps, être et n'être pas » ou encore « A n'est pas non
A »..
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