La cohérence de la pensée suffit-elle à définir la vérité ?
Extrait du document
«
Il est des sujets ou des choses dont on ne peut pas dire si elles sont vraies ou fausses; j'ai une table devant moi,
elle n'est ni vraie ni fausse, elle est, elle existe ou pas; si j'ai dans la tête l'image d'une licorne, cette image n'est ni
vraie ni fausse, j'ai cette représentation ou je ne l'ai pas; ce sont là des situations dans l'absolu.
Par contre, si je
dis que je possède dans mon jardin une licorne, il est facile de se prononcer sur la véracité ou la fausseté de cette
proposition.
A ce niveau-ci apparaissent deux types de vérités
- l'une qui ne concerne que la formulation de ma proposition et que j'appellerai vérité externe ou formelle,
- l'autre qui apparaît comme le rapport entre la proposition formulée et la réalité existante, que j'appellerai vérité
interne ou vérité matérielle.
La vérité formelle trouve son exemple chez les mathématiciens, les logiciens.
Prenons tout d'abord le cas du
mathématicien : il travaille dans un monde clos, un univers d'abstraction, n'ayant pour ainsi dire aucun lien avec les
réalités environnantes; il s'est construit un microcosme dans lequel il évolue, suivant des lois qu'il s'est dictées ou
qui lui ont été dictées par ses prédécesseurs mathématiciens.
Voici un point important, à savoir que le
mathématicien qui se coupe des réalités du monde extérieur dans son travail se construit des réalités à l'intérieur de
son domaine, qui seront ses bases, son « mètre-étalon ».
Dans un premier temps, il souhaite une cohérence dans la forme même de la proposition, c'est-à-dire que la première
condition requise pour que la proposition soit vraie est qu'elle soit correcte grammaticalement, sans contradictions
dans sa forme.
Dans un second temps, et on rejoint ici la définition proposée par le sujet, la proposition énoncée est
vraie si elle est cohérente dans le fond, c'est-à-dire que ce qui est énoncé doit correspondre à la fameuses logique
mathématique dont on vient de parler plus haut et être en accord avec les règles et résultats établis (dans
l'abstraction il est vrai).
Si l'on dit « deux plus deux égalent cinq », la forme est correcte, mais le résultat proposé ici
est faux car il est en désaccord avec le résultat établi mathématiquement « deux plus deux égalent quatre ».
En fait
ici la vérité n'est que le rapport entre la proposition et la réalité mathématique, constituée par un ensemble de
règles et décisions établies une fois pour toutes; les règles pourraient être changées puisqu'il ne s'agit ici que d'un
problème de convention...
La fausseté de la proposition « deux plus deux égalent cinq » ne réside pas dans le fait
que dans l'absolu deux plus deux soient dans l'impossibilité de faire cinq (on pourrait aussi bien décider qu'ils font six,
dix, mille) mais que ce résultat n'est pas en accord avec celui admis par tous et posé une fois pour toutes.
Quant au logicien, il envisage le problème d'une manière légèrement différente.
Pour lui la cohérence de la forme, la
logique des enchaînements prévalent.
Il dira qu'une proposition de la forme « S est A » est vraie car elle comporte
un sujet, un verbe, un attribut,
le tout présentant une structure grammaticalement correcte et logique.
Pour lui le signifié des termes S et A n'a
aucune sorte d'importance, ce n'est pas son problème.
Cette façon d'aborder le problème de la vérité est cependant très incomplète; considérons que c'est là la faute de
la spécialisation.
En effet l'homme vit dans un monde de réalités qu'il ne peut ignorer, d'où l'autre côté de la vérité,
qui se situe au niveau du rapport proposition énoncée/réalité qui s'y rapporte.
Saint Thomas disait : « veritas est
adequatio rei et intellectus », c'est-à-dire que la vérité est l'accord entre l'intelligence et les choses.
En effet « une
proposition incorrecte est forcément fausse, mais une proposition correcte n'est pas forcément vraie » dit Kant,
dans le sens qu'une proposition correcte grammaticalement et logique n'est pas forcément en accord avec la réalité
à laquelle elle se rapporte..
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