La civilisation est-elle un mal nécessaire ?
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«
INTRODUCTION
La notion de civilisation vient du latin civis qui signifie citoyen.
En ce sens parler de la civilisation c'est faire
référence à l'état social et tout ce qui le compose : la religion, la morale, la technique etc.
Il n'est pas rare de
rapprocher la civilisation de l'idée de progrès.
Or si la civilisation est conçue comme un progrès comment pourraitelle être identifiée à un mal nécessaire ? Si elle a son lot de réussites elle a aussi son lot de massacres, d'horreurs,
d'inhumanité, qui révèle sa composante négative.
Nous ne pouvons que constater l'ambivalence propre à cette
notion.
L'hypothèse qui devra être examinée ici est la suivante : si la civilisation est conçue comme un mal
nécessaire c'est parce que derrière le progrès qu'elle implique il y a une part d'atrocités inévitable, autrement dit
pour qu'un bien tel que le progrès de la civilisation puisse avoir lieu il faut en contrepartie la présence d'événements
fâcheux.
Afin d'analyser cette hypothèse nous procéderons en trois étapes.
La première se pose la question du
fondement de la conception qui allie la civilisation et l'idée de progrès.
La deuxième met en évidence l'ambivalence
propre à la notion de civilisation.
Enfin la troisième étape a pour finalité de répondre si oui ou non la civilisation peut
être comprise comme un progrès.
PLAN DETAILLE
Première partie : La civilisation ou le processus de corruption de l'homme.
1.1 L'homme dénaturé.
« Il en est ainsi de l'homme même : en devenant sociable et esclave, il devient faible, craintif, rampant, et
sa manière de vivre molle et efféminée achève d'énerver à la fois sa force et son courage.
» ROUSSEAU, Discours
sur l'origine de l'inégalité.
L'état de nature était préférable à l'homme dans la mesure où il pouvait développer ses facultés sans craindre
une quelconque corruption de l'extérieur.
L'entrée dans la société a coïncidé pour l'homme avec une dégradation de
sa nature.
Rousseau ajoutera: "L'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt".
Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.
On peut l'interpréter comme une condamnation radicale de toute
société qui dépravant l'homme le rendrait malheureux.
Et ce sera la postérité romantique de Rousseau qui exaltera
l'individu incompris.
Le Werther de Goethe appartient à cette lignée.
Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendre
dans un sens aussi radical.
La Société n'est pas corruptrice par essence, mais seulement un certain type de
société.
A vrai dire, toutes celles qui reposent sur l'affirmation de l'inégalité naturelle des hommes, oppriment
l'immense majorité au profit d'une minorité de privilégiés de la naissance et de la fortune.
Si en effet, on examine
attentivement les inégalités entre les hommes, seules celles de leurs possessions matérielles qui, par des
mécanismes comme l'héritage, sont provoquées par le type d'organisation de la société, sont indéniables.
Mais c'est
un sophisme, ou à tout le moins un jugement précipité de conclure que de telles inégalités ont pour origine des
différences de nature.
Si l'on dépouille par la pensée l'homme de tout ce qui chez lui relève du social, et donc du
hasard, c'est bien l'égalité qui nous frappera : l'habileté de l'un peut compenser la force de l'autre.
Rousseau reprend
ici l'affirmation de l'égalité naturelle proclamée par les penseurs de l'école du droit naturel.
L'homme de la nature,
c'est donc la nature de l'homme.
• L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulier de l'animal par sa perfectibilité.
Ce qu'il
est naturellement en puissance ne peut s'actualiser que dans la vie en commun.
Ce n'est que parce qu'il vit en
société que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct.
Il est donc le produit de
l'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation.
Et le problème fondamental sera dès lors de
trouver une forme de société dans laquelle l'homme puisse préserver sa liberté naturelle et assurer sa sécurité.
1.3 La société génératrice de maux.
« Les hommes sont méchants ; une triste et continuelle expérience dispense de la preuve ; cependant
l'homme est naturellement bon, je crois l'avoir démontré à ce point sinon les changements survenus dans sa
constitution, les progrès qu'il a faits et les connaissances qu'il a acquises ? Qu'on admire tant qu'on voudra la
société humaine, il n'en sera pas moins vrai qu'elle porte nécessairement les hommes à s'entre-haïr à
proportion que leurs intérêts se croisent, à se rendre mutuellement des services apparents et à se faire en
effet tous les maux imaginables.
» Ibid.
Si l'homme est dit mauvais cela ne peut être dû, selon Rousseau, qu'à la vie en société, qui induit
nécessairement des antagonismes.
Transition : Cette première partie justifie le rapprochement entre la civilisation et le mal.
Pour autant
pouvons-nous en conclure qu'elle n'est que cela ?
Deuxième partie : La civilisation est-elle ambivalente ?
2.1 Le poids du passé..
»
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