La biologie constitue-t-elle un modèle pour les sciences de l'esprit ?
Extrait du document
«
Introduction :
L'esprit et la vie ont souvent été confondus : dans diverses cultures ils sont indifféremment assimilés à un même
souffle qui traverse la matière et qui l'anime.
Mais l'approche scientifique de ces phénomènes les a séparés : la
biologie est la science du vivant et la psychologie est la science de l'esprit.
Ces sciences semblent bien distinctes,
cependant lorsque l'étude d'une lésion au cerveau permet d'expliquer les causes de l'aphasie, on peut se demander
si la psychologie ne gagnerait pas à s'inspirer de la biologie ou même à devenir biologique.
L'étude biologique du
cerveau nous apprend beaucoup sur l'esprit, elle explique ses différentes manifestations par des mécanismes
cérébraux.
L'esprit est un trait caractéristique du vivant, ne doit il pas être étudié par les sciences du vivant? Ou y a t-il une
qualité propre à l'esprit qui justifie qu'il soit étudié par une science de l'esprit à part entière?
Problématique :
En tant qu'elle étudie le vivant, la biologie est elle le modèle approprié pour les sciences de l'esprit?
I : La biologie de l'esprit
1.
Il n'y a de science que d'une nature.
La science est une connaissance des causes et des lois naturelles.
Par nature, on entend le monde objectif
indépendant des croyances que nous projetons dessus.
L'esprit scientifique observe contrairement à l'esprit non
scientifique qui imagine des causes occultes à l'oeuvre dans la nature.
Plus les objets qu'étudie la science sont
éloignés de l'esprit plus celui-ci atteint facilement l'objectivité, mais il a du mal à se prendre lui même pour objet.
Pour devenir objet de science l'esprit doit être « naturalisé », c'est à dire intégré au réseau des lois et des causes
naturelles.
2.
La naturalisation de l'esprit, le modèle biologique.
En tant que l'esprit est un attribut des êtres vivants, c'est la biologie qui observe les êtres vivants à qui revient
l'étude de l'esprit.
La biologie constitue un modèle d'approche scientifique privilégié pour la naturalisation de l'esprit :
elle explique celui-ci comme un ensemble de fonctions biologiques.
L'esprit est expliqué selon les critères darwiniens
: un trait a été sélectionné en tant qu'il augmente les chances de survie et de reproduction.
3.
L'étude de l'esprit appartient aux sciences de la vie.
La biologie étudie l'esprit à travers deux types de causes.
L'esprit peut être expliqué selon des causes prochaines :
en tant qu'il est utile à la survie et à la reproduction de l'individu.
Il peut aussi être expliqué par des causes
lointaines : il a été recruté par la sélection naturelle en tant qu'avantage pour l'espèce.
II : La qualité irréductible de l'esprit
1.
La teneur qualitative de la conscience.
Pour distinguer l'esprit des processus cérébraux, Nagel parle de « teneur qualitative de la conscience », c'est à dire
de la qualité de l'esprit en tant qu'il est vécu.
On sait par exemple que les chauve-souris perçoivent le monde à
travers des ultra sons, nous pouvons expliquer leurs mécanismes cérébraux et le fonctionnement de leur perception.
Cependant nous ne pourrons jamais savoir ce que ça fait d'être une chauve-souris, nous ne pouvons vivre dans la
conscience d'une chauve-souris.
L'esprit échappe donc pour une part à l'explication biologique par des causes
extérieures à l'esprit lui même.
2.
L'intentionnalité.
L'intentionnalité est une particularité des contenus mentaux : tout désir est toujours désir de quelque chose, toute
croyance est toujours croyance de quelque chose.
L'intentionnalité est un concept par lequel Brentano distingue le
monde physique du monde psychique : une pierre n'a pas d'intentionnalité, un contenu mental est toujours une
pensée de quelque chose.
L'esprit se caractérise par l'intentionnalité, une science de l'esprit doit donc être une
science de l'intentionnalité.
La biologie ne serait pas un bon modèle pour les sciences de l'esprit en tant qu'elle
n'étudie pas des phénomènes intentionnels.
3.
L'auto-connaissance de l'esprit.
Une science de l'esprit doit tenir compte de sa teneur qualitative propre et de son vécu intentionnel.
C'est ce que
fait la phénoménologie depuis Hegel qui explore les différents vécus de la conscience pour en tirer les principes.
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