La beauté physique est-elle une garantie de la beauté morale ?
Extrait du document
«
[si le beau est aussi bon.
Alors la beauté du corps est le reflet de la beauté morale.
Il n'y a pas de beauté sans bonté.]
La beauté fascine
Quelqu'un de physiquement beau n'attire pas que les regards, il donne envie d'être connu de lui.
On voudrait s'en faire un ami.
Si nous agissons ainsi, c'est parce que la beauté physique est comme un rayonnement.
Elle vient de l'intérieur.
Elle rend visible quelque
chose d'invisible mais de beaucoup plus important: les qualités morales d'un homme.
Les grecs ne distinguaient pas la beauté et la bonté.
Pour eux, l'apparence n'est que le reflet de l'être.
Un beau corps est le signe
distinctif d'une belle âme.
Le beau est une manifestation du bien
Pour Platon, le beau est un aspect du bien.
La beauté sensible est une révélation du vrai, une étape provisoire vers la vérité.
Dans le Banquet, Platon nous dit que L'amoureux est, en définitive, toujours amoureux du Beau absolu, à travers l'attraction qu'il
éprouve pour ses incarnations sensibles, que ce soit la beauté des corps, des âmes ou des connaissances, et où il ne perçoit encore
que confusément la splendeur de l'Idée qui se révèle dans tout son éclat hors de toute participation à la matière.
Ces derniers
exemples forment d'ailleurs les degrés successifs qui nous rapprochent progressivement de l'Idée pure : « la vraie voie de l'amour [...]
c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau
corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences ».
L'amoureux qui
atteindra cette Idée est donc celui qui s'affranchira graduellement de sa participation à la singularité des corps sensibles et
l'embrassera dans toute sa généralité, avec à chaque fois plus d'ampleur et à un niveau toujours plus abstrait.
C'est pourquoi l'amour
des belles sciences, qui vient après celui des beaux corps est un progrès vers la connaissance de l'Idée, puisque les sciences sont
intelligibles et moins incarnées dans la matière que les corps.
Le dernier degré de l'amour, celui que peut atteindre par exemple le philosophe, amoureux du Bien et du Beau, puisque son titre
signifie précisément « amoureux de la sagesse », est celui où l'on pourra enfin contempler le Beau dans toute sa pureté intelligible.
Cette dernière expression signifie que cette contemplation se fera non pas avec l'oeil mais avec l'esprit ou, comme l'écrivait Platon,
avec l'intelligence ou « oeil de l'esprit ».
Il contemplera alors une réalité qui ne possède aucun des caractères de la matière sensible,
une « beauté qui ne se présentera pas à ses yeux comme un visage, ni comme des mains, ni comme une forme corporelle ».
Elle ne se
présentera pas même « comme un raisonnement, ni comme une science », lesquels, malgré leur abstraction, restent encore trop pris
dans le domaine du sensible auquel ils se réfèrent.
Cette beauté, purement intelligible, nous permet enfin de sortir de la relativité des
jugements que ses incarnations sensibles suscitaient auparavant.
Alors que la beauté des corps est toujours relative à ce à quoi on la
compare, comme l'avait montré le dialogue de Platon intitulé Hippias (la beauté d'un humain est relative à celle d'autres humains et
inférieure à celle d'une déesse), il se trouve aussi toujours des personnes pour affirmer laid ce qu'une autre trouvera beau.
Or, la
beauté intelligible échappe à cette relativité car elle n'est pas matérielle : « beauté qui n'est point belle par un côté, laide par un autre,
belle en un temps, laide en un autre, belle sous un rapport, laide sous un autre, belle en tel lieu, laide en tel autre, belle pour ceux-ci,
laide pour ceux-là ».
On dira alors qu'elle n'est pas relative mais absolue.
Pour Platon, le Bien, réalité suprême, est aussi le Beau, ce qui signifie que le Beau est la splendeur du Bien.
[La beauté physique peut cacher la laideur morale.
l'appréciation de la beauté est subjective, en revanche, la beauté
morale se réfère à des règles universelles.]
Les apparences sont trompeuses
La sagesse populaire nous mettre en garde contre les séductions du paraître: "Il ne faut pas se fier aux apparences", "Les apparences
sont trompeuses", "L'habit ne fait pas le moine" dit-on.
Nous avons tous connu de "charmantes idiotes" ou de "stupides éphèbes".
La
beauté physique ne doit pas faire illusion, d'autant moins qu'elle est éphémère et sujette aux caprices de la mode.
Les cannons
esthétiques changent selon les époques et les cultures.
Jadis une belle femme était une femme aux formes pleines.
Que l'on songe à
certaines toiles de Rembrandt ou de Rubens.
Aujourd'hui, ce sont les corps longilignes que nous trouvons beaux.
Relative, subjective, éphémère, la beauté n'offre aucune garantie de moralité.
Il est possible d'être beau et sot
Aujourd'hui le culte du corps tient lieu d'esprit.
Les hommes sont près à tous les sacrifices, y compris financiers, pour ressembler aux
cannons de la beauté.
Ce culte du corps est un marché très lucratif qui impose à ces adeptes une véritable dictature du paraître.
Ce
culte exclusif porté au corps peut cacher un vertigineux vide existentiel.
Assujetti à son image, l'homme en oublie de cultiver son âme.
La beauté peut être perverse
Mise au service du seul plaisir, la beauté physique devient la beauté du diable: une puissance de séduction sensible qui éloigne des
vraies valeurs.
La beauté fascine et rend fou.
Ne parlons-nous pas de "beauté fatale" ou de "femme fatale" qui dans la littérature
conduisent les hommes à leur perte.
C'est aussi la beauté de don Juan qui séduit par jeu cruel..
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