La beauté est-elle dans le regard ou dans l'objet regardé?
Extrait du document
«
Vocabulaire:
OBJET (n.
m., étym.
: latin ob-jectum : ce qui est placé devant ; chose).
1.
— Tout ce qui est présenté par la
perception, avec un caractère stable et indépendant du sujet (objet externe) ; pour la phénoménologie, l'objet est
déterminé par la visée de la conscience (cf.
sens 3).
2.
— Tout ce qui se présente à un sujet, s'offre à la pensée,
et qui est distinct de l'acte de représentation ou du sentiment (donc du sujet), c.-à-d.
aussi bien le percept,
l'image, l'idée, que l'objet externe ou la personne aimée.
3.
— Le but qu'on se propose d'atteindre (cf.
un objectif).
BEAU - BEAUTÉ (adj.
et n.
m.) 1.
— Norme permettant le jugement esthétique ; cf.
valeur.
2.
— Sens concret :
objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des formes, l'équilibre des
proportions.
3.
— (Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste).
4.
— Pour
KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il porte
toujours sur un cas particulier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord des sujets ;
c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la beauté est la forme de
la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin.
»
Lorsqu'il s'agit du beau et de l'art, l'opinion oscille souvent entre deux attitudes contradictoires.
Tantôt on
souligne la relativité des jugements qui s'y rapportent, celle des « goûts et des couleurs ", en s'en remettant à la
subjectivité de chacun.
Tantôt, au contraire, on se rapporte à un étalon ou à une mesure objective, qui se
trouverait dans la connaissance des experts ou des artistes officiels, pour décider de ce qui est beau ou non,
artistique ou pas.
Cette hésitation fait ressortir les ambiguïtés liées au thème de la reconnaissance, au problème de
savoir comment on peut reconnaître la beauté et l'art — en particulier la question de savoir s'ils entretiennent un
quelconque rapport avec la raison.
On s'accorde en général à lier l'idée de la beauté avec celle du plaisir : le beau, c'est d'abord, semble-t-il, ce qui
plaît.
Cette notion nous renvoie au domaine des sens ou de la sensibilité.
Le statut de la pensée, ou de la réflexion,
devient dès lors problématique : doit-elle être exclue du plaisir esthétique, comme quelque chose qui en quelque
sorte le " parasiterait », ou peut-elle au contraire y être associée ? Quels rapports entretiennent alors la sensibilité
et la raison dans l'expérience esthétique ? Peut-on prétendre interpréter et expliquer une oeuvre ?
L'art se présente comme un langage ; encore faut-il se garder, sur ce plan, d'une approche trop simpliste, qui ne
verrait dans l'art qu'un moyen ou un instrument d'expression dont la forme est en elle-même indifférente.
Le sens
d'une oeuvre n'étant pas toujours patent, il semble que le goût exige quelque éducation, quelque formation.
Une
telle éducation semble d'autant plus nécessaire et utile que l'art apporte une dimension bien à lui, originale, à
l'existence humaine.
Lorsque nous disons qu'une oeuvre d'art doit être « reconnue comme telle, nous attribuons une fonction importante
au jugement.
Or celui-ci n'est-il qu'une affaire personnelle, ou est-il un problème de société ? Jugement personnel
ou jugement social, voire préjugé ? Ce qui nous conduit à ces deux questions : l'art doit-il s'efforcer d'échapper à
l'époque, à la particularité, pour ne considérer que l'éternel, ou doit-il s'efforcer, au contraire, de saisir le passager,
l'éphémère ? Autre question : la reconnaissance qu'une époque accorde à telle ou telle oeuvre du temps, ou du
passé, n'est-elle liée qu'à sa capacité de se reconnaître elle-même dans cette oeuvre ? N'en va-t-il pas de même,
du reste, pour le jugement personnel ?
[Je peux trouver belle une personne qui ne correspond
pas aux canons de la beauté en vigueur.
Un objet ou
une scène banale devient belle sous le regard d'un artiste.
La sensibilité à la beauté n'est pas innée, elle s'apprend.]
Le gout est subjectif
Je trouve belle la personne que j'aime, quoi qu'en pensent mes amis.
A l'inverse, tel top-model, telle actrice ou
tel acteur qui fait la couverture de tous les magazines me semble insipide et même laid; je ne comprends pas
ce que les autres lui trouvent.
C'est bien la preuve que la beauté est dans le regard, non dans l'objet.
Je ne suis pas toujours d'accord avec les autres quand il s'agit de juger de la beauté, que ce soit celle d'un.
»
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