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La beauté artistique est-elle supérieure à la beauté naturelle ?

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« [La beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle parce qu'elle est le produit de l'esprit et du savoir-faire des hommes. La nature n'est pas belle en soi, c'est le sens esthétique des hommes qui en dévoile la beauté.] Une nature morte est plus belle que la nature Les qualités dont nous parons l'objet esthétique sont illusoires.

Nous ne savons pas ce que nous admirons: ce n'est que le résultat d'un travail dont la technique et les tenants nous échappent totalement.

Nous prenons un effet pour sa cause. Quelle vanité que la peinture qui attire notre admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux.

(Pensées) Pascal reprend ici l'idée antique, contestée aujourd'hui, que l'art imite la nature.

Or si on imite de mauvais modèles, doit-on admirer la copie sous le simple prétexte que l'imitation est fidèle à l'original ? La critique pascalienne se situe surtout au plan moral.

L'artiste doit-il représenter des sujets immoraux ? Cette critique de l'art, classique, est d'inspiration platonicienne. Si nous voyons un morceau de viande sur l'étal du boucher, nous ne le trouvons pas beau.

Pourtant, vous prenons plaisir à contempler le "Boeuf écorché" de Rembrandt.

De même, une charogne nous fait horreur dans la nature, mais nous le trouvons belle sous la plume de Baudelaire.

C'est bien que l'art nous paraît supérieur à la nature. L'art est une manifestation de l'esprit Pour Hegel, l'art dépasse la nature.

L'œuvre d'art est une manifestation de l'idée du beau et une figure de l'esprit.

La beauté artistique exprime donc une réalité spi¬rituelle, qui, comme telle, est supérieure à la réalité purement concrète de la nature.

C'est pourquoi, au sommet des arts, Hegel place la musique, qui est l'art le plus abstrait et le plus idéal.

L'oeuvre d'art est le fruit d'une activité créatrice produisant une réalité spirituelle nouvelle.

Loin d'être une stérile imitation de la nature, l'oeuvre d'art exprime la vie de l'Esprit.

Créer une oeuvre d'art, c'est convertir le vécu en un « équivalent spirituel », en une plénitude génératrice de joie. L'oeuvre d'art est ouverture à un autre monde, et non point un reflet du réel. Dans des notes de cours qui ont reçu le titre d' « Esthétique » (posthume), Hegel (1770-1831) écrit: «L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure.

» Une formule plus rigoureuse précise: «Le contenu d'une œuvre d'art est tel que, tout en étant d'ordre spirituel, il ne peut être représenté que sous une forme naturelle.

» Il s'agit, pour l'auteur de la « Phénoménologie de l'esprit » et de la « Logique », de montrer la haute valeur spirituelle de l'art, de souligner ses affinités avec la religion et la philosophie, mais aussi- d'en assigner les limites: « L'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé.

» Contre tous ceux qui font de l'art une activité opposée à la pensée et au concept, que ce soit au nom de l'enthousiasme, du génie, de l'inspiration, Hegel réaffirme la valeur spirituelle de l'art. L'art ne s'oppose pas à la philosophie, à la science, à la religion.

Il ne se réduit pas à l'exaltation du sentiment, au jeu, à l'expression personnelle.

Si l'œuvre d'art s'offre aux sens, agit sur notre sensibilité, elle n'en présente pas moins, bien au contraire, une valeur intellectuelle.

« L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure » signifie d'abord que si l'œuvre d'art se présente comme un objet, offert aux sens, elle vise la pensée et possède un contenu spirituel de la plus haute importance.

Si: «L'homme s'est toujours servi de l'art comme d'un moyen de prendre conscience des idées et des Intérêts les plus élevés de son esprit, les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l'art, les ont exprimées et en ont pris conscience par le moyen de l'art.

». »

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