L' école développe-t-elle un esprit critique ?
Extrait du document
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Introduction :
L'école se définit d'abord comme le lieu de l'enseignement, et le moyen démocratique d'accès à la connaissance et au savoir.
Considérer
que l'école est là pour développer l'esprit critique, c'est considérer qu'elle n'est pas simplement là pour transmettre des connaissances
mais pour instruire, élever la raison : c'est à ce titre que l'on parle d'élève.
Mais si la fonction de l'école est d'enseigner, son rôle est aussi
d'éduquer.
Eduquer consiste à apprendre ce qu'il faut faire et ce qu'il faut penser, tandis qu'instruire pourrait permettre de former l'esprit
critique.
Comment l'éducation peut-elle être alors conciliable avec l'instruction et le développement d'un sens critique ? L'un ne risque-t-il
pas de se faire au détriment de l'autre ?
1ère partie : L'école est d'abord transmission du savoir : elle fait autorité et ne supporte pas la critique.
- caractère dogmatique de l'école : le maître (ou la maîtresse) est le seul référent, c'est celui qui « professe », d'où vient la vérité, et il
s'agit de le croire sans le remettre en question.
L'école nous apprend à nous en remettre à une seule parole, celle de l'enseignant, et à la
tenir pour vraie.
- il y a un certain formatage accomplit par l'école : la définition des « programmes » scolaire implique un certain point d e vue, une
sélection dans les connaissances transmises, qui conduit à un savoir commun partagé par tous qui ne peut être relativisé au sein même
de l'école.
Parce qu'elle choisit de nous apprendre une chose et pas une autre, l'école modélise notre pensée, dirige notre réflexion et
influence notre vision du monde.
- transmettre un savoir, ce n'est pas apprendre à penser.
L'école distingue différentes disciplines (histoire, géographie, mathématiques,
grammaire, littérature, etc.) qui relèvent tous de l'acquisition de connaissances.
C'est cette acquisition qui est première, pour permettre la
constitution d'un bagage épistémique.
L'école nous introduit à un rapport de réception passive, dans lequel l'élève se contente
d'emmagasiner ce qu'on lui enseigne, mais n'est pas invité à produire lui-même une pensée.
- L'école laïque uniformise et objectivise au maximum la pensée, en rejetant toute opinion ou pensée sujette à polémique.
L'école est un
endroit clos, où les discussions extérieures cessent d'avoir cours.
Les convictions personnelles (politiques, religieuses, etc.) sont
abandonnées à la sphère privée et la subjectivité de chacun annihilée par ce souci de neutralité.
2ème partie : Mais l'école est aussi le lieu de l'apprentissage : c'est « l'école de la vie », elle accompagne et participe au développement de
l'enfant.
L'école, si elle tend à la neutralité et à l'objectivité du savoir transmis, ne peut se défaire d'une certaine contingence liée à son ancrage
dans la réalité.
L'école ne peut pas être réduite uniquement à sa fonction d'enseignement (une telle définition conviendrait tout aussi bien
pour un livre, qui peut avoir pour but d'enseigner un savoir), elle est aussi un lieu effectif dans lequel l'élève évolue et grandit.
- L'école apprend la vie en collectivité.
Elle nous ouvre aux autres, et nous enseigne indirectement de multiples valeurs liées à la vie en
commun : la tolérance, le respect, la solidarité, l'amitié.
L'école nous invite donc à l'ouverture, et c'est de cette conscience suscitée que
peut naître le sens critique.
- C'est avec les autres élèves que l'enfant se construit, il apprend des autres, et cette communauté permet de mettre en place un
processus d'émulation qui porte l'élève à s'élever et à progresser.
- L'école est un lieu démocratique ouvert à tous.
L'école se vit comme expérience collective, et nous confronte à la différence entre les
individus, à l'injustice, l'inégalité, comme au partage.
L'école, en nous confrontant à la diversité, nous apprend le rapport à l'autre, et nous
apprend à relativiser, à comparer, et nous introduit indirectement à l'expérience critique.
3ème partie : C'est la connaissance qui nous donne les moyens d'exercer notre sens critique.
- Si la fonction première de l'école est l'enseignement, en réalité, elle nous permet ainsi de développer notre sens critique, car elle nous
met en possession des moyens d'exercer notre sens critique.
En effet, c'est parce qu'on est en possession du savoir que l'on comprend
les choses du monde qui nous entoure, et ce n'est qu'en tant qu'on possède le savoir, que l'on peut alors s'en détacher pour le relativiser.
Rester dans l'ignorance nous barre l'accès à la pensée critique, car nous n'avons ni les outils conceptuels que l'école peut nous fournir, ni
la matière épistémique pour réfuter ou soutenir une idée.
En définitive, le sens critique ne se développe pas sans matériaux préalables
dans la pensée, et c'est parce que l'école nous les donne, qu'on peut affirmer que l'école est en mesure d e développer notre sens
critique.
- Il faut noter que l'école à en charge de nous éveiller à une certaine conscience citoyenne (c'est le rôle de l'éducation civique), et de nous
former à être de bon citoyens capable de bien se conduire dans la cité.
En effet, l'école forme les futurs électeurs et hommes politiques,
et ce sont eux qui feront la cité future.
Par conséquent, l'école se doit de sensibiliser l'élève aux enjeux de la société, et d'en faire un
citoyen vertueux, c'est-à-dire raisonnable, et le plus apte possible à conduire droitement la cité pour qu'elle soit la meilleure possible.
Dans cette perspective, l'école doit l'informer en toute objectivité des exigences de la réalité, et produire un savoir non plus théorique
mais pratique, afin de l'exercer à la délibération, c'est-à-dire à la réflexion personnelle, pour l'entraîner à l'action pratique et aux choix
auxquels il sera confronté dans sa vie de citoyen.
Conclusion :
Si l'école a pour fonction première de transmettre un savoir, et apparaît dans ce sens comme une institution rigide et figée qui forme la
pensée et les esprits des élèves soumis à une réception passive, en réalité, l'école n'échappe pas au milieu dans lequel elle s'inscrit, et
parce qu'elle est un lieu de vie, et un lieu démocratique, elle offre en même temps que le savoir dogmatique, le savoir empirique de la
vie en collectivité.
Par l'ouverture au autres qu'elle permet, elle nous introduit à la relativisation et au développement d'une conscience
alerte.
Par la connaissance qu'elle transmet, elle nous donne les moyens de développer notre sens critique, car toute connaissance ne
peut être détachée d'une pensée, et nous introduit à la conceptualisation et au raisonnement.
Enfin, parce qu'il lui incombe de dispenser
un savoir aussi bien pratique que théorique, dans le but de permettre à chacun de réussir sa vie (elle se trouve liée à la nécessité de
répondre aux attentes du marché du travail), elle s e doit d e nous exercer à la réflexion personnelle, et donc participe encore au
développement de notre sens critique.
Aide du prof :
Le sujet demande de vous interroger sur les fins et les fonctions de l'école.
Si la question se pose c'est justement parce que l'école a pour fin, pour
but de développer l'esprit critique.
C'est d'ailleurs dans cet esprit que l'école laïque a été développée en France au 19éme siècle.
Toutefois, si elle se
pose se but, on pourrait se demander à quelles conditions elle peut l'atteindre.
Considérer que l'école est là pour développer l'esprit critique, c'est
considérer qu'elle n'est pas simplement là pour transmettre des connaissances mais pour instruire, élever la raison (vous remarquerez que dans ce
sens on parle d'élève).
Vous pouvez penser alors à la distinction entre éduquer et instruire.
Eduquer consiste à apprendre ce qu'il faut faire et ce qu'il
faut penser, instruire consiste à élever l'esprit critique.
C'est d'ailleurs pour cela que sous la 3éme république le ministère s'appelait ministère de
l'instruction publique.
Vous pouvez alors évoquer les problèmes que rencontre l'école à partir du moment où lui incombe aussi la charge de s'occuper de
l'éducation des individus, à partir du moment où elle se trouve liée à la nécessité de répondre aux attentes du marché du travail..
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