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Khôlle philosophie : Tout peut-il se dire ?

Publié le 25/02/2023

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« Khôlle philosophie : Tout peut-il se dire ? Après la vague d’attentats qui a frappé la France lors des dernières années, un droit fondamental inscrit dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, a été au centre de tous les débats : la liberté d’expression.

Quand certains s’insurgent des offenses commises par rapport à telle ou telle religion, d’autres prônent le droit de tout dire, en toutes circonstances.

Mais qu’en est-il ? Peut-on vraiment tout dire ? Nous nous intéresserons à 2 aspects : d’abord, a-ton la capacité de tout dire et ensuite, est-il moralement possible de tout dire ? I) Dans un premier temps, nous allons voir si physiquement, il est possible de tout dire. A) Oui Le langage est la faculté d’exprimer des pensées au moyen de signes.

Le langage nous permet de pratiquement tout dire, au moyen de mots.

La diversité des mots est énorme et elle permet d’évoquer à peu près tout.

Par le langage, on peut raconter le passé ou imaginer le futur.

Le langage nous donne la possibilité d’exprimer une quantité quasiment infinie de pensées, en modelant les mots et les phrases à nos envies, et sous différentes formes : discours, poésie ou même chanson.

Contrairement aux animaux, dont la communication se limite aux besoins et informations basiques, le langage humain est extrêmement développé.

Il nous permet d’envisager la résolution de problèmes complexes et l’élaboration de raisonnements, notamment philosophiques.

En plus de nous donner un moyen d’exprimer notre réalité, il est aussi capable d’évoquer des choses imaginaires (un dragon), irréelles, et nous fait dépasser la réalité par la fiction. A) Non Pour autant, l’humain est fondamentalement limité par sa mémoire.

Un humain ne peut parler qu’un certain nombre de langages, alors qu’il en existe un grand nombre.

Chaque langue est associée à une conception particulière du monde. Quand on compare le français à l’anglais, on remarque que dans la langue anglaise, c’est l’adjectif qui passe avant le nom, au contraire du français.

On insiste donc en anglais sur une propriété alors que le français s’attache plus à la nature même.

Même au niveau du vocabulaire, il est compliqué de traduire parfaitement d’un idiome à l’autre un mot.

L’inuktitut (la langue esquimaude) compte plusieurs dizaines de mots pour décrire les différents types de neige, ce qui n’existe en aucun cas en français.

L’humain est donc foncièrement incapable de tout exprimer à une personne locutrice d’une autre langue. Si on considère la capacité d’expression de l’être humain dans sa langue natale, on voit que cela est aussi faux.

Comme nous venons de le voir, l’humain est limité par sa mémoire.

On considère qu’un individu cultivé connait environ 10000 mots sur les 90000 que contient le Grand Robert.

Même les plus grands auteurs français comme Hugo ou Zola n’avaient une connaissance que de 40000 mots.

Si même au sein de sa langue, certains concepts sont étrangers, il parait compliqué de tout exprimer.

Peut-être ne devrait-on pas donc dire (contrairement au dicton populaire) que ce sont les mots qui manquent, mais plutôt que c’est nous qui manquons de mots. Si on s’intéresse à la description de la réalité on va aussi s’apercevoir qu’il est impossible de tout dire.

Quand on demande à un témoin de raconter précisément quelque chose qu’il a vécu ou vu, il est incapable de restituer en détail l’entièreté des actions qui se sont produites.

L’intermédiaire humain qui raconte le passé ne peut enregistrer tout et a de plus une action modificatrice sur la réalité, même s’il tente d’être le plus précis et impartial possible. Comment raconter une émotion très forte, une perception, une expérience mystique, religieuse, ou bien même ce que l’on ressent alcoolisé ou après avoir consommé de la drogue ? Le mot renvoie à un concept , une idée générale et abstraite.

Une idée abstraite et générale ne peut exprimer une émotion si unique, vivante, singulière ! C’est ce qu’on appelle l’ineffable, ce qui est au-delà des mots. On ne dispose que du mot beau pour qualifier toutes nos expériences esthétiques.

Comment cela pourrait-il suffire ? On n’a qu’un mot, aimer, pour qualifier tous nos rapports affectifs.

Comment cela pourrait-il suffire ? On peut en conséquence avoir tendance à dire que le langage est réducteur, comme le dit Bergson dans Le Rire : « Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.

Cette tendance […] s’est encore accentuée sous l’influence du langage ».

Pour Bergson, le langage finit par nous priver des expériences elles-mêmes. Pour ce qui est de la psychologie, quand on aborde des traumatismes ou des névroses, il parait évident que tout n’est pas dicible.

Le patient a tellement été touché par son passé qu’il ne peut le raconter de lui-même.

Ce n’est qu’au bout d’un long processus de guérison psychologique qu’il arrivera à poser des mots sur les causes de son mal-être. Nous venons de constater que si le langage est un formidable outil pour s’exprimer, il existe néanmoins des limites à son utilisation. II) Nous allons dans un second temps voir si, moralement, on peut tout dire. A) Non Dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, il est précisé que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

» Il n’est donc pas impossible de tout dire, notamment lorsqu’il s’agit d’injures ou de diffamation.

On pense notamment au racisme, à la xénophobie ou encore à l’homophobie qui sont condamnées par la loi.

On peut citer l’affaire Dieudonné, ou le comédien s’était vu interdire de spectacle et trainé en justice à cause de ses propos antisémites. Au-delà de ces considérations, on prend conscience que dans la société il est impossible de dire tout ce que l’on pense à quelqu’un, sous peine de représailles. Typiquement, si j’insulte mon professeur de philosophie, je suis.... »

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