Karl Heinrich MARX (1818-1883)
Extrait du document
«
MARX : LA NATURE DE L'ÉTAT DÉPEND DES FORCES ÉCONOMIQUES
Le matérialisme de Marx pose que les idéaux, et plus généralement les idées des hommes, ne s'expliquent pas
par quelque inspiration intellectuelle, mais par des conditions matérielles, les manières de produire, les réalités
économiques.
A la question classique : Quel est l'État idéal ?, Marx oppose donc celle-ci : Quelles sont les
conditions qui rendent nécessaire telle ou telle forme politique ?
« Qu'est-ce que la société, quelle que soit sa forme ? Le produit de l'action réciproque des hommes.
Les hommes
sont-ils libres de choisir telle ou telle forme sociale ? Pas du tout.
Posez un certain état de développement des
facultés productives des hommes, et vous aurez une telle forme de commerce et de consommation.
Posez certains
degrés de développement de la production, du commerce, de la consommation, et vous aurez telle forme de
constitution sociale, telle organisation de la famille, des ordres ou des classes, en un mot telle société civile.
Posez
telle société civile et vous aurez tel État politique, qui n'est que l'expression officielle de la société civile.
» MARX,
Lettre à Annenkov
Ordre des idées
1) Définition générale de la société : l'ensemble des liens entre les hommes, qui résulte des rapports qu'ils entretiennent les uns avec les
autres.
2) Origine des diverses formes sociales qui apparaissent au cours de l'histoire
— Elles n'ont pas été librement choisies par les hommes ; ceux-ci ne construisent pas n'importe quelle société, en fonction de tel idéal qui
ne dépendrait que de leur volonté.
— Elles résultent du développement des forces productives.
Les moyens et manières de produire les biens matériels d'une époque donnée
ont pour conséquence de développer certaines manières d'échanger et de consommer ces biens.
Autrement dit, de ces données économiques dépend la société civile : telle manière de vivre ensemble, de constituer des groupes, classes,
familles etc.
3) Conséquences politiques qu'entraînent les diverses formes sociales.
— L'État (les institutions politiques, juridiques, militaires etc., l'organisation du pouvoir qui le caractérise) n'est pas librement choisi par les
citoyens ni librement défini par des penseurs ou philosophes.
— Un État, tel qu'il existe à tel ou tel moment de l'histoire, est en fait le reflet de la forme sociale historique qui lui correspond, sans qu'il y
ait indépendance réelle du pouvoir politique à l'égard de la société civile.
(Plus précisément encore, selon Marx, le pouvoir de l'État est
nécessairement le pouvoir organisé d'une classe en vue de l'oppression d'une autre).
MARX (Karl).
Né à Trêves, en 1818, mort à Londres en 1883.
Il fit ses études aux Universités de Bonn, de Berlin et de Iéna, et fonda en
1842, la Gazette Rhénane.
Il se rendit à Paris en novembre 1843, et y lança les Annales franco-allemandes.
Expulsé en 1845, il se réfugia à
Bruxelles, effectua un voyage en Angleterre, au cours duquel il rédigea le Manifeste du parti communiste Il est expulsé de Belgique en 1848,
fait un bref séjour à Paris et s'installe à Cologne, où il fonde la Nouvelle gazette rhénane.
Chassé des États rhénans en 1849, il se rend à
Paris, d'où il est expulsé et il part vivre à Londres.
Il y connaît la misère, malgré le soutien amical d'Engels.
L'Internationale ouvrière est
créée en 1864.
Des conflits de doctrine éclatèrent, des rivalités opposèrent Marx à Mazzini, à Bakounine, à Jules Guesde.
A l'abri du besoin
grâce à une pension d'Engels et veuf en 1881, il voyagea, pour sa santé : Monte-Carlo, Vevey, Enghien, Alger.
Il mourut d'un abcès du
poumon.
C'est en Angleterre que Marx étudia scientifiquement, en économiste, les problèmes de la classe ouvrière, et qu'il fut amené à
élaborer et à exprimer sa doctrine : le marxisme, dont lui-même prétendit d'ailleurs se tenir à l'écart.
Les transformations sociales dont
l'histoire nous donne le spectacle ont pour hase la structure économique.
C'est le principe du matérialisme historique.
«L'existence des
classes est liée à des phases du développement historique déterminé de la production ».
La lutte des classes est le rouage primordial de la
transformation du monde.
La classe la plus nombreuse, qui est la plus défavorisée, doit assurer son triomphe sur la classe la plus riche, qui
est la moins nombreuse.
Le prolétariat doit vaincre la bourgeoisie.
L'analyse économique de Marx le conduit à démontrer que le mode de
production des richesses est collectif, alors que leur mode d'appropriation demeure individuel ; là est la base de l'antagonisme des classes.
Le capital bourgeois, qui possède et ne produit pas, s'est soumis le travail prolétarien qui produit, mais ne possède pas.
« Le Capital est du
travail mort, qui, tel un vampire, ne vit qu'en suçant le travail vivant, et vit d'autant plus qu'il en suce davantage.
» - Marx énonce la loi de
concentration, selon laquelle le nombre des prolétaires s'accroît sans cesse, alors que le nombre des propriétaires du capital a tendance à
décroître.
Le déséquilibre entre production et consommation entraîne les crises économiques et doit hâter l'avènement du prolétariat et la
collectivisation de la propriété.
Mais l'erreur de Marx est célèbre, qui prédit que la révolution éclaterait dans le pays le plus industrialisé et où
la loi de concentration jouait le plus fortement, c'est-à-dire les États-Unis.
— Marx énonce la loi d'airain des salaires, qui réduit au minimum
le gain du travailleur, et il distingue la valeur d'échange, fonction de la quantité de travail incorporé dans l'objet, de la valeur d'usage.
— L'un
des facteurs essentiels de l'avènement du prolétariat est le développement interne du prolétariat lui-même.
C'est par son aliénation totale,
en s'enfonçant au plus bas de sa condition, que le prolétaire prend conscience de celle-ci.
—« Le processus suivant lequel le travail est
transformé en capital contient en lui le secret de la destruction future du capitalisme.
» Le dépérissement de l'État bourgeois est une étape
de cette destruction, qui doit aboutir, après la grande crise, à la dictature du prolétariat.
Mais celle-ci ne doit être qu'un passage vers
l'instauration d'une société sans classes, c'est-à-dire d'une société communiste, où la propriété privée sera supprimée.
— Les principales
influences que l'on décèle dans la pensée de Marx sont celles de Hegel, de Feuerbach et de Ricardo.
La philosophie allemande, le socialisme
français et l'économie politique anglaise s'y retrouvent.
Le marxisme a des limites, mais tel qu'il est, il a joué un rôle considérable dans
l'histoire du monde.
« De même que le Christ aux martyrs de l'esclavagisme antique, Karl Marx a apporté aux martyrs de l'esclavagisme
moderne un bouleversant espoir.
» (G.
Walter)..
»
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