Karl Heinrich MARX (1818-1883)
Extrait du document
«
"En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l'on cesse de
travailler par nécessité et opportunité imposée de l'extérieur ; il se situe
donc, par nature, au-delà de la sphère de production matérielle
proprement dite.
De même que l'homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à
ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l'homme civilisé est
forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de la
société et le mode de la production.
Avec son développement s'étend également le domaine de la nécessité
naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps
s'élargissent les forces productives pour les satisfaire.
En ce domaine, la seule liberté possible est que l'homme social, les
producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la
nature, qu'ils la contrôlent ensemble au lieu d'être dominés par sa
puissance aveugle et qu'ils accomplissent ces échanges en dépensant le
minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus
conformes à leur nature humaine.
Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité.
C'est
au-delà que commence le développement des forces humaines comme
fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s'épanouir qu'en
se fondant sur l'autre royaume, sur l'autre base, celle de la nécessité."
MARX.
QUESTIONNEMENT INDICATIF
• Marx dit-il que « le royaume de la liberté commence seulement là où l'on cesse de travailler » ?
• Qu'est-ce que « la sphère de production matérielle proprement dite » ?
• Qu'est-ce qu'un « mode de production » ?
• Qu'est-ce que « les forces productives » ?
• Qu'est-ce que « l'homme social » ?
• Que signifie « en ce domaine » ?
• Pourquoi Marx dit-il que la seule liberté possible (dans la sphère de production matérielle proprement dite, le travail
imposé « de l'extérieur ») est que les producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu'ils
la contrôlent ensemble au lieu d'être dominés par sa puissance aveugle.
En quoi peut-il parler de « liberté » ici ?
Ce sens de « liberté » est-il le même que celui de « liberté » dans « le royaume de la liberté » ?
• Qu'est-ce qui caractérise, selon Marx, « le véritable royaume de la liberté » ?
• Que signifie « le développement des forces humaines comme fin en soi » ?
• Quelle est la « véritable liberté > pour l'homme, selon Marx?
• Le monde (« le royaume ») de cette liberté peut-il exister selon Marx sans « le royaume de la nécessité » ?
• L'organisation de « ce royaume de la nécessité » doit-elle répondre à certaines caractéristiques, selon Marx, pour
que « le véritable royaume de la liberté » puisse exister ?
• Quel est l'intérêt philosophique de ce texte ?
Repérer le thème du texte, l'objectif de l'auteur et sa thèse : Thème : la liberté.
Objectif de l'auteur : circonscrire le domaine de la liberté.
Thèse : la véritable liberté se situe au-delà de la nécessité du travail, mais se fonde sur cette nécessité.
Présenter la logique selon laquelle s'articulent les idées en les expliquant :
Première formulation de la thèse : la liberté est présentée en contradiction avec, et en prolongement de, la nécessité
du travail.
Elle "commence seulement où l'on cesse de travailler par nécessité".
Mettre en lumière l'opposition entre la
liberté et la nécessité : est nécessaire ce à quoi il est impossible d'échapper car cela ne peut pas ne pas être.
Cela
s'impose comme une contrainte.
De quelle contrainte s'agit-il ? De celle qu'impose la nature de travailler, c'est-à-dire
de "produire" ce qui est utile à la satisfaction des besoins.
Une autre forme de contrainte est aussi énoncée, celle où le
travail serait imposé "de l'extérieur", c'est-à-dire par une volonté étrangère à la nôtre.
Par contraste on décèle une
définition de la liberté : la capacité d'agir, et de travailler, selon sa volonté propre.
L'auteur, ayant précisé la nature de cette nécessité, ajoute que l"homme civilisé" est sur ce point en situation
identique à celle de l"homme primitif".
Si l'un "doit lutter", l'autre "est forcé, lui aussi, de le faire".
Cette nécessité vient
donc bien de la nature-même de l'homme, quel que soit son degré de civilisation, et par conséquent est indépendante
de "la structure de la société" et du "mode de production".
On peut s'étonner d'une telle identification.
Marx s'en
explique par l'analyse du besoin : le développement de la civilisation, qui se manifeste par l'utilisation de techniques
avancées et par une organisation rationnelle du travail en fonction des impératifs d'un régime économique, crée de
nouveaux besoins à satisfaire en même temps qu'il donne de nouveaux moyens de les satisfaire.
L'homme reste donc
soumis à la nécessité de produire des biens matériels.
Poursuivre la logique de cette explication et poser la question qui s'en suit : si la liberté s'oppose à la nécessité, et si
l'homme, même civilisé, y reste soumis, peut-on encore parler de liberté ?
Précisément, Marx répond à cette question en affirmant qu'une liberté est possible à l'intérieur du domaine de la
nécessité, la "seule liberté possible".
Explication : on peut progresser vers la liberté en réalisant deux conditions.
La.
»
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