Karl Heinrich MARX (1818-1883)
Extrait du document
«
On fait une distinction entre les "droits de l'homme" et les "droits du citoyen".
Quel est cet
"homme" distinct du citoyen ? Personne d'autre que le membre de la société bourgeoise.
Pourquoi le membre de la société bourgeoise est-il appelé "homme" homme tout court, et
pourquoi ses droits sont-ils appelés droits de l'homme ? Qu'est-ce qui explique ce fait ? Par
le rapport de l'État politique à la société bourgeoise, par l'essence de l'émancipation
politique.
Constatons avant tout le fait que les "droits de l'homme" distincts des 'droits du
citoyen" ne sont rien d'autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c'est-àdire de l'homme égoïste, de l'homme séparé de l'homme et de la communauté.
La
Constitution la plus radicale, celle de 1793, a beau dire : Déclaration des droits de l'homme
et du citoyen.
'Art.
2.
Ces droits (les droits naturels et imprescriptibles) sont: l'égalité, la
liberté, la' sûreté, la propriété.
" En quoi consiste la "liberté"? 'Art.
6.
La liberté est le
pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui." Ou
encore, d'après la Déclaration des droits de l'homme de 1791 : "La liberté consiste à
pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.
"La liberté est donc le droit de faire tout ce
qui ne nuit pas à autrui.
Les limites dans lesquelles chacun peut se mouvoir sans nuire à
autrui sont marquées par la loi, de même que la limite de deux champs est déterminée par
un piquet.
Il s'agit de la liberté de l'homme considéré comme monade isolée, repliée sur elle-même.
[...] L'application
pratique du droit de liberté, c'est le droit de propriété privée.
[...] C'est le droit de jouir de sa fortune et d'en disposer
"à son gré ', sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société ; c'est le droit de l'égoïsme.
[...]
Aucun des prétendus droits de l'homme ne dépasse donc l'homme égoïste, l'homme en tant que membre de la société
bourgeoise, c'est-à-dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son
intérêt personnel.
Selon Marx, les droits de l'homme tels qu'ils sont définis par les diverses "déclarations des droits de l'homme et du
citoyen", ne sont pas des normes ayant valeur absolue, mais représentent en réalité les intérêts de la classe
dominante de la société dans laquelle ils sont reconnus.
Les droits de l'homme ainsi définis ne sont qu'une idéologie
favorable aux intérêts de la bourgeoisie.
Problématique
Marx considère que la distinction entre droit de l'homme et droit du citoyen n'est qu'idéologique : elle n'est pas fondée
réellement car elle ne prend en compte que les intérêts de la classe bourgeoise.
En effet, la liberté définie comme la
possibilité de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui n'est réelle dans une société bourgeoise que pour celui qui possède
quelque chose dont il peut jouir égoïstement sans se soucier des intérêts de la communauté à laquelle il appartient.
Celui qui ne possède rien n'a en effet que le droit théorique de se soumettre à la loi du marché du travail.
Enjeux
Tout droit n'est qu'un droit de classe ? Si ce n'est pas le cas, la distinction entre droit de l'homme et droit du citoyen
reste fondée.
Peut-on fonder le droit d'une manière absolue ou bien n'est-ce qu'une valeur relative ? Si on ne peut le
fonder que d'une manière relative, on doit admettre la pluralité des droits, et les contradictions qu'ils peuvent
présenter avec celui en vigueur dans la société de l'observateur, ce qui n'est pas sans poser d'importants problèmes
moraux (cas des mutilations prescrites pour la socialisation dans certaines sociétés).
« L’ÉTAT, PRODUIT DE LA LUTTE DES CLASSES.»
« L'origine de la famille...
» vise à doter la pensée politique marxienne d'un fondement scientifique.
S'appuyant sur
les données de l'ethnologie naissante, Engels souligne qu'il a existé des sociétés sans Etat, et affirme que seules la
division du travail et la constitution de classes aux intérêts antagonistes rendent celui-ci nécessaire.
Il entend rompre
ainsi avec la conception idéaliste de l'État, et notamment la thèse hégélienne selon laquelle celui-ci est « la réalité
effective de l'Idée morale ».
En fait, Hegel ne niait pas que du point de vue de sa genèse, l'État fût lié au développement des tensions
économiques, écrivant lui-même qu’ « un véritable État et un véritable gouvernement ne se produisent que quand il y a
une différence de classe, quand la richesse et la pauvreté deviennent très grandes et qu'il apparaît une situation telle
qu'un grand nombre de personnes ne peut plus satisfaire ses besoins comme il en avait coutume.
» (« La Raison dans
l'Histoire », p.
239).
Seulement, il considérait les contradictions sociales comme l'élément contingent à travers lequel
s'accomplit progressivement l'essence de l'homme, autrement dit sa nature générique d'esprit libre.
Pour Marx et
Engels, Hegel a commis l'erreur d'identifier le réel à la Raison, car celle-ci n'est pas « la rose dans la croix du présent
», mais l'avenir que l'humanité doit bâtir de ses propres mains, en détruisant les structures qui font du monde un lieu
de misère et d'oppression.
La vie humaine possède bien sûr une rationalité, qui n'est cependant ni proprement
spirituelle, ni en elle-même positive.
Aussi le véritable réalisme consiste-t-il à la penser en partant de ses
déterminations les plus élémentaires.
La thèse marxienne est que les institutions de la société et leur évolution procèdent non pas de la conscience de.
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